En 2021, un terme a été mis à la campagne menée en Afghanistan deux décennies durant, sous la bannière de l’OTAN, par une coalition de forces alliées et partenaires. Ces forces, mandatée par l’ONU, y avaient été déployées en 2001 à la suite des attentats perpétrés le 11 septembre contre les États-Unis ; elles avaient pour mission principale d’empêcher les groupes terroristes internationaux installés sur le territoire afghan de préparer et de lancer des attaques contre les membres de l’OTAN. Elles se sont acquittées de leur mission initiale puisque, depuis 2001, aucune attaque terroriste n’a effectivement été conduite contre un pays allié à partir de l’Afghanistan.
Pourtant, les déclarations officielles de l’OTAN sont claires sur ce point : après le début de l’intervention des Alliés et de leurs partenaires, la menace terroriste internationale a considérablement évolué et a fini par représenter pour la coalition un défi qui est l’une des causes majeures du retrait d’Afghanistan et qui est à l’origine du changement de cap et de tactique de la politique de l’Alliance en la matière.
Pendant leur présence en Afghanistan, l’action des Alliés et de leurs partenaires a revêtu de multiples formes – depuis des opérations de combat jusqu’à des initiatives de sécurité coopérative en passant par des projets de développement humanitaire – et devait permettre au gouvernement afghan d’exercer son autorité sur l’ensemble du territoire, de doter les forces de sécurité nationale des capacités requises et, en fin de compte, de mettre en place un gouvernement solide et stable qui soit capable de garantir à toute la population la paix et, précisément, la stabilité.
Parallèlement, l’Assemblée parlementaire de l’OTAN a consacré une bonne partie de ses activités à l’Afghanistan : des rapports de commissions et des missions parlementaires dans le pays ont périodiquement fait le point sur l’évolution de la situation intérieure, évalué l’action internationale et formulé des recommandations sur la voie à suivre. Cette supervision parlementaire internationale avait pour but d’informer les législateurs des pays membres sur les investissements consentis par leurs gouvernements respectifs, informations qu’à leur tour ces législateurs pouvaient utiliser pour expliquer à l’opinion publique pourquoi il était important de poursuivre la campagne afghane. Cette diplomatie parlementaire a engendré un climat de compréhension mutuelle et noué de robustes liens entre les communautés afghane et transatlantique.
En février 2020, toutefois, les États-Unis et les talibans ont signé un accord sur le retrait des forces internationales pour le mois de mai de l’année suivante. En avril 2021, les ministres des affaires étrangères et de la défense des pays membres de l’OTAN ont confirmé la décision fixant au 11 septembre 2021 la date d’achèvement du retrait des forces affectées à la mission Resolute Support qui seraient encore présentes sur le territoire afghan le 1er mai.
Cependant, au cours des offensives de l’été 2021, les forces armées et les forces de sécurité afghanes ont été rapidement mises en déroute. Pour sa part, l’OTAN a porté son attention sur l’évacuation du personnel des pays alliés et de leurs partenaires, ainsi que des Afghans ayant coopéré avec eux. Après la chute de Kaboul, le 15 août, les Alliés ont organisé et assuré l’évacuation de plus de 122 000 ressortissants étrangers et citoyens afghans particulièrement exposés. L’opération, qui s’est achevée le 30 août, constitue l’un des ponts aériens les plus vastes de l’Histoire.
Le 24 août 2021, lors d’une réunion du Bureau, le président de l’Assemblée, Gerald E. Connolly (États-Unis), a mis en évidence les efforts déployés par son propre bureau parlementaire et par ceux de nombreux autres membres de l’Assemblée pour contribuer à l’évacuation. « Depuis la prise de Kaboul par les talibans, mes collaborateurs et moi-même travaillons jour et nuit pour aider les personnes les plus en danger », a-t-il expliqué à ses collègues. « Je sais que beaucoup d’entre vous font de même. (...) Nous ne pouvons abandonner les Afghans qui se sont tenus à nos côtés pendant si longtemps. » Ainsi, en octobre, la liste des personnes à aider d’urgence que les services de M. Connolly avaient soumise au département d’État comptait quelque 20 000 noms.
Depuis le départ de l’OTAN, la quasi-totalité des représentants de la communauté internationale a quitté le pays. L’alliance entre les talibans et le clan Haqqani qui a pris le pouvoir après la chute du gouvernement soutenu par l’Ouest a renforcé l’isolement de l’Afghanistan sur la scène internationale en remettant en vigueur les lois draconiennes par lesquelles elle s’était fait connaître quand elle était aux commandes, avant 2001. Les effets conjugués de cet isolement, de la cessation de l’aide internationale directe et d’une gestion générale médiocre ont depuis lors plongé le pays dans un chaos marqué par l’effondrement de l’économie et par une grave crise humanitaire.
Les enseignements tirés de la campagne afghane de l’OTAN figuraient en bonne place à l’ordre du jour de la session annuelle de l’Assemblée en 2021. De hauts responsables de l’Organisation et, notamment, son secrétaire général, Jens Stoltenberg, ont informé les commissions de l’institution des premières conclusions du processus de retour d’expérience engagé par l’Alliance. La commission permanente, organe directeur de l’Assemblée, a eu un premier échange de vues à ce sujet. Qui plus est, l’Assemblée a adopté une résolution demandant instamment « une évaluation approfondie, lucide et exhaustive des 20 ans de présence de l’Alliance en Afghanistan ».
L’Assemblée ne relâche pas son attention en ce qui concerne l’Afghanistan. Les rapports de diverses commissions font le point sur les enseignements militaires et politiques, le cours suivi par la situation humanitaire et le niveau de la menace terroriste à laquelle les Alliés sont confrontés depuis leur départ du pays (cf. La situation en Afghanistan : causes, conséquences et enseignements et Adapter la réponse des Alliés à l’évolution de la menace terroriste). De surcroît, au cours de l’hiver 2021, l’Assemblée a travaillé avec le Parlement néerlandais à l’élaboration d’une étude quant au jugement que certains parlements portent sur la participation et la contribution de leurs pays respectifs à la campagne afghane. Quelques unes des conclusions préliminaires de l’étude apparaissent dans le premier des deux rapports mentionnés ci-dessus. La principale d’entre elles consiste en une recommandation incitant les parlements alliés à réfléchir à la façon de contrôler plus strictement les relations entre secteurs civil et militaire dans le contexte des missions et opérations de l’OTAN.
La version de 2022 du concept stratégique de l’OTAN indique que l’Alliance continuera à tirer les leçons de la campagne afghane pour les appliquer à la prévention et à la gestion des crises. Il est également précisé qu’une compréhension plus approfondie des initiatives –fructueuses et infructueuses – prises durant 20 ans aidera les Alliés à s’assurer qu’ils disposent des ressources, des moyens et de la formation requis pour entreprendre des opérations de gestion de crises militaires ou civiles, de stabilisation et de lutte antiterroriste.