Joseph A. DAY (Canada)
10 décembre 2018
INTRODUCTION
L’OTAN prend aujourd’hui, dans les territoires alliés d’Europe orientale, les mesures les plus notables jamais appliquées depuis 2014 pour adapter sa posture de défense et de dissuasion. Les rotations de forces de même que la mise en place de dépôts de matériels et la tenue d’exercices prévues dans cette perspective viennent modifier l’équilibre des forces conventionnelles, de manière à permettre à l’OTAN d’exercer la dissuasion face à la résurgence d’une Russie révisionniste et de plus en plus performante. Le présent rapport général analyse et évalue cette dissuasion de type tripwire (fil de détente) qui s’appuie à la fois sur une présence avancée rehaussée (EFP) en Estonie, Lettonie, Lituanie et Pologne et sur une présence avancée adaptée (TFP) dans la région de la mer Noire.
La présence accrue de l’Alliance dans les deux régions concernées souligne la crédibilité de la posture de défense et de dissuasion de l’Alliance mise en place pour l’après-2014, qui repose à la fois sur un équilibre entre forces conventionnelles et nucléaires, une défense antimissile et différentes initiatives de maîtrise des armements. Les contributions majeures apportées dans ce contexte par les États-Unis et le Canada illustrent, eu égard à la sécurité transatlantique, cette nécessité de renforcer le flanc Est de l’Alliance. Pour reprendre les termes de responsables du siège de l’OTAN, l’EFP et la TFP doivent témoigner de la cohésion et de l’efficacité de l’Alliance face à la menace changeante qui pèse sur ses populations et sur son territoire.
Il ressort clairement de ce rapport que la configuration actuelle des forces conventionnelles présentes dans les territoires de l’est de l’Alliance reste insuffisante. En cas de crise dans une région bordant le flanc Est (en particulier dans les États baltes), l’Alliance, confrontée à des problèmes de renforcement, éprouverait des difficultés à acheminer les renforts destinés à une opération chargée de repousser une force d’invasion et de rétablir le statu quo. Cela tient à deux problèmes critiques connus de longue date, à savoir : premièrement, les lourdeurs bureaucratiques et logistiques qui entravent l’acheminement du matériel et des effectifs militaires vers cette région ainsi que leurs déplacements à l’intérieur de cette dernière ; et deuxièmement, l’insuffisance des forces de réaction rapide à haut niveau de préparation que les États européens mettent actuellement à disposition pour les déploiements en cas de crise. 4. La Russie, qui ne connaît aucun de ces problèmes, est en mesure de mobiliser rapidement des forces et des effectifs considérables pour être rapidement à l’œuvre dans la région. [...]