Philippe MICHEL-KLEISBAUER (France)
20 novembre 2020
L’urbanisation est l’une des grandes tendances mondiales du XXIe siècle. À l’heure actuelle, 55 % environ de la population mondiale vit déjà en zone urbaine. Selon le rapport 2016 des Nations unies sur les villes du monde, cette proportion s’élèvera à quelque 70 % d’ici à 2050 (Konaev et Spencer, 2018). En 2030, on comptera 41 mégapoles (c’est-à-dire des villes de plus de 10 millions d’habitants), principalement dans les pays peu développés ou en développement. L’accroissement de l’urbanisation est plus sensible dans les pays en développement qui, souvent, manquent des ressources nécessaires pour mettre en place une infrastructure et des services adaptés. Les inégalités socio-économiques vont donc s’accroître, de même que les risques d’instabilité et de conflit, les centres et les périphéries des villes devenant alors des zones de combat (CICR, mai 2017). Aujourd’hui déjà, plus de la moitié des conflits armés violents ont lieu dans des villes et touchent quelque 50 millions de personnes (CICR, juin 2020).
L’instabilité qui persiste sur les flancs sud et sud-est de l’OTAN ainsi que la tendance à l’urbanisation laissent supposer que les zones urbaines seront à l’avenir le théâtre de nombreux conflits dans lesquels les forces alliées devront intervenir. Il sera donc indispensable d’être en mesure de conduire des opérations en milieu urbain. Dans le passé récent, des villes comme Mossoul, Alep, Sana ou Donetsk ont été le cadre de sièges, de frappes aériennes, de tirs d’artillerie et de violents combats de rue. Les forces de l’OTAN ont déjà participé à des combats urbains en Iraq, Afghanistan et ailleurs, et apporté leur soutien en la matière à des pays partenaires. De grandes villes d’Europe et d’Afrique ont par ailleurs été la cible de groupes terroristes. Ces circonstances ont fait prendre conscience aux membres de l’Alliance de la nécessité de préparer les forces de l’OTAN au combat urbain.
Cette situation va sans doute se prolonger à mesure que la croissance démographique, le changement climatique, la concurrence pour les ressources naturelles et les tensions religieuses ou sectaires modifieront le contexte sécuritaire mondial et menaceront certainement les Alliés. Tenant compte de cette tendance générale et de leur expérience, les membres de l’Alliance et l’OTAN en tant qu’organisation ont commencé à accorder plus d’attention et de ressources aux combats urbains et à se doter de capacités pour faciliter les missions en zone urbaine.
Ce rapport donne un bref aperçu général des menaces auxquelles les forces de l’OTAN risquent d’être confrontées dans le cadre des combats urbains, et de la façon dont la technologie peut aider les Alliés à y faire face. Ce document s’intéresse par conséquent aux évolutions technologiques qui auront – ou ont déjà – un impact sur les combats en milieu urbain. Le rapporteur met l’accent sur les implications pour l’OTAN en tant qu’organisation et pour ses pays membres, sur les perspectives offertes par les technologies émergentes, ainsi que sur les défis que ces technologies risquent de représenter pour les forces de l’OTAN. [...]