Sonia KRIMI (France)
24 novembre 2021
Ce rapport a été adopté par la commission politique à la session annuelle de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN à Lisbonne.
Pourvue de trois points d’entrée stratégiques majeurs qui commandent l’accès, respectivement, à l’océan Atlantique, à la mer Rouge (qui mène aux océans Indien et Pacifique) et à la mer Noire (qui mène à l’Europe orientale et à la Russie), la mer Méditerranée relie l’ensemble des grands pôles politiques, économiques et énergétiques mondiaux. L’espace méditerranéen représente donc un enjeu crucial pour les acteurs extérieurs que sont la Russie, la Chine et les puissances du Golfe, mais aussi pour les États Unis. Il l’est également pour chacun des pays de son pourtour, engagés à divers degrés dans des réseaux multilatéraux, eux-mêmes plus ou moins denses. À partir du début des années 2010, cet espace a aussi été marqué par une succession de déstabilisations politiques, portées à leur paroxysme dans l’espace syro-iraquien et en Libye. Ces évolutions ont suscité une crise migratoire sans précédent pour l’Europe et favorisé l’émergence de nouvelles menaces sécuritaires à l’échelle internationale.
Par conséquent, l’Alliance s’est de plus en plus intéressée à cette zone géographique. Un cadre d’échange a été mis en place dès la moitié des années 1990, par le biais du Dialogue méditerranéen (DM). Le concept stratégique de 2010 a pris en compte les évolutions politiques et militaires de la situation sur le flanc Sud de l’Alliance. L’OTAN a depuis lors accompli d’importants progrès. Le pôle régional pour le Sud, au sein du Commandement allié de forces interarmées à Naples, a été établi pour renforcer la vigilance et coordonner les opérations maritimes alliées dans cette région. L’OTAN y coopère également avec d’autres organisations, telles que l’Union européenne et l’Union africaine. Mais des divergences spécifiques entre Alliés fragilisent encore aujourd’hui l’aptitude de l’Alliance à élaborer une stratégie constante, claire et cohérente, qui préciserait son rôle en matière de lutte contre les défis et les menaces venus du Sud. L’accent mis sur la multiplication des consultations politiques au sommet de Bruxelles de juin dernier et la révision prochaine du concept stratégique de l’OTAN sont l’occasion de renforcer le consensus allié autour de ces questions.
Ce rapport présente en premier lieu l’impact du paysage sécuritaire en Méditerranée sur la sécurité de l’Alliance à travers trois axes : les deux espaces géographiques en tension ; les facteurs et les enjeux transverses ; le rôle des acteurs externes. Il propose ensuite une évaluation du rôle joué par les Alliés dans la promotion de la stabilité et de la sécurité en Méditerranée dans le cadre de leurs tâches essentielles. Enfin, il émet des recommandations pour renforcer les programmes, initiatives et partenariats de l’OTAN en Méditerranée en vue de promouvoir la stabilité régionale.