2022 - RAPPORT - AGIR POUR PRÉSERVER L'ESPACE HUMANITAIRE : QUEL RÔLE POUR LES ALLIÉS ET L'OTAN

Rodrigue DEMEUSE (Belgique) - RAPPORT

19 novembre 2022

Alors que les besoins des populations civiles prises au piège de conflits de plus en plus nombreux, longs et complexes ne cessent d’augmenter, les organisations humanitaires n’ont jamais fait face à autant d’obstacles pour y répondre. Des attaques violentes sont fréquemment perpétrées à l’encontre de leurs employés, en dépit de la protection que leur accorde le droit international. En outre, des contraintes administratives et légales sans cesse plus restrictives entravent l’accomplissement de leur mission. 
    
Or, cette mission est vitale car, en venant en aide aux plus démunis frappés par la violence, les humanitaires contribuent à créer l’émergence des conditions du retour à la stabilité et à la paix dans les pays en guerre. Dans un monde globalisé où les conséquences d’un conflit peuvent se faire sentir loin des zones de combat et se jouer des frontières, l’action humanitaire contribue aussi indirectement à la sécurité de l’ensemble des pays à travers le monde, y compris à celle des nations alliées. Lutter contre le rétrécissement de l’espace humanitaire représente donc à la fois pour les Alliés et pour l’Alliance un impératif moral et une nécessité sécuritaire.

Le nouveau concept stratégique de l’OTAN, adopté par les chefs d’État et de gouvernement lors du sommet de Madrid en juin 2022, reconnait l’ampleur, la gravité et l’impact sécuritaire des défis humanitaires que pose la montée actuelle de la violence à l’encontre des civils dans le cadre de conflits. La brutalité de la nouvelle invasion illégale de l’Ukraine par la Russie démontre tragiquement depuis le 24 février 2022 la véracité de ce constat. 

Dans ce contexte, ce rapport entame une réflexion sur le rôle que peut, et doit, jouer l’Alliance aux niveaux national et collectif dans la préservation de la capacité des humanitaires à agir dans le cadre de conflits. Il exhorte notamment les Alliés et, le cas échéant, les organismes de l’OTAN à poursuivre l’intégration de cette problématique dans leurs doctrines et leurs pratiques militaires, à œuvrer à une meilleure mise en application globale du droit international, à faire cesser les contraintes qui pèsent sur les acteurs humanitaires et à accroître les échanges de perspectives et de bonnes pratiques entre nations alliées ainsi qu’avec leurs partenaires.