2023 - RAPPORT - GUERRE RUSSE CONTRE L’UKRAINE : IMPÉRATIFS STRATÉGIQUES POUR L’OTAN

Tomas VALASEK (Slovaquie) - RAPPORT GÉNÉRAL

08 octobre 2023

Si la Russie de Vladimir Poutine réussissait à atteindre quelques-uns de ses objectifs en Ukraine par la force brutale, elle pourrait de facto bouleverser l’ordre mondial instauré au sortir de la seconde guerre mondiale, un ordre fondé sur la Charte des Nations Unies et sur toute une trame de conventions et d’institutions internationales. La perspective d’une Europe beaucoup plus instable, dépourvue (ou presque) de garde-fous universellement acceptés, serait alors nettement plus plausible. La communauté euro-atlantique doit avoir une perception claire des enjeux et s’adapter sans délai.

Ce serait faire preuve de naïveté que de gager l’avenir de l’architecture sécuritaire européenne sur un accord avec Vladimir Poutine, au vu de l’interminable liste des reniements commis par ce dernier à propos de précédents engagements. L’issue de cette guerre se jouera vraisemblablement sur les champs de bataille d’Ukraine méridionale et orientale. L’auteur du présent rapport se félicite que les pays alliés aient modifié leur position générale au sujet du conflit et parlent désormais d’« aider l’Ukraine à l’emporter » plutôt que d’« aider l’Ukraine à tenir ». Une victoire ukrainienne est non seulement souhaitable mais possible, pour autant que ces pays et leurs partenaires s’abstiennent de s’imposer d’inutiles lignes rouges et fournissent à l’Ukraine toute la gamme des moyens et des munitions nécessaires. Il est vital d’accroître la production de ces moyens et munitions dans les plus brefs délais de manière à les livrer en temps utile aux Ukrainiens. Il est également impératif d’augmenter le prix à payer par la Russie pour son comportement en durcissant, prolongeant et appliquant effectivement les sanctions à son encontre.

Sur la base des décisions prises au sommet de Vilnius, l’OTAN est vivement encouragée à poursuivre la mise en place de solides défenses en avant et l’application du nouveau modèle de forces, ce qui suppose la concrétisation sans délai – et par tous les pays alliés – de l’objectif consistant à allouer à la défense au moins 2 % du produit intérieur brut (PIB), une revigoration de la base industrielle de la défense et la conservation d’une dissuasion nucléaire crédible. L’Alliance doit rester prête à ouvrir avec tous les acteurs mondiaux un dialogue destiné à sauvegarder l’ordre international fondé sur des règles, mais tout effort dans cette direction serait gravement compromis s’il se révélait impossible de défendre la démocratie contre une agression brutale de la part d’un État totalitaire.


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