2023 - MUTATIONS GÉOPOLITIQUES EN IRAN ET DANS LE GOLFE

Theo FRANCKEN (Belgique) - AVANT-PROJET DE RAPPORT

17 avril 2023

Les réserves énergétiques, les prodigieuses richesses et la situation stratégique – entre l’Europe, l’Asie et l’Afrique – des États du Golfe, sans oublier les relations que ceux-ci entretiennent avec l’Iran, sont autant de facteurs justifiant l’intérêt géostratégique que conserve cette région pour les pays de l’OTAN. Les ambitions nucléaires du régime iranien et le caractère offensif de sa posture militaire alimentent les tensions, tandis que son aide directe à la Russie dans la guerre de cette dernière contre l’Ukraine vient souligner encore la menace qu’il fait planer sur la sécurité euro-atlantique. Les membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) exercent leur influence dans tout le Moyen-Orient par les canaux diplomatiques officiels, certes, mais aussi via des réseaux de nature confessionnelle ou autre. Pour sa part, la République islamique d’Iran (RII) poursuit des objectifs d’une portée plus ample en soutenant efficacement les milices qui opèrent dans la région et les filières terroristes qui infiltrent l’Europe. Par ailleurs, la Russie et la Chine sont de plus en plus actives dans le Golfe, où elles nouent des relations avec les monarchies pétrolières et l’Iran dans le but, notamment, de nuire à l’image des pays occidentaux. 

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a remodelé les rapports entre l’Ouest et le Golfe dans le domaine de l’énergie, puisqu’elle donne un poids relatif accru au Moyen-Orient et, plus spécialement, aux membres du CCG. Si le maintien de forces armées européennes et nord américaines peut, dans une certaine mesure, rassurer les pays de la région, le paysage stratégique évolue de manière surprenante ce qui, pour les gouvernements occidentaux, provoque autant de dilemmes stratégiques que d’opportunités diplomatiques : apaisement des tensions de longue date entre le Qatar et d’autres membres du CCG, normalisation des relations entre Israël et plusieurs États de la région – comme l’attestent les accords d’Abraham – ou rétablissement des relations diplomatiques entre l’Iran et l’Arabie saoudite grâce à la médiation de la Chine.

Des changements apparaissent aussi sur Ia scène intérieure. Depuis septembre 2022, les autorités iraniennes sont aux prises avec un soulèvement de la population. Face au régime et à l’application brutale de la charia, une colère légitime monte. Le mécontentement provoqué par la situation économique, l’absence de liberté politique et l’incompétence notoire du gouvernement se sont conjugués pour donner naissance à un mouvement de contestation qui a galvanisé la société iranienne et qui mérite un appui et une solidarité sans réserve de la part des Occidentaux.

Dans ses conclusions, le rapporteur invite les gouvernements et les citoyens des pays alliés à réfléchir aux moyens susceptibles de permettre aux forces démocratiques iraniennes de se faire entendre et de concrétiser leurs aspirations. Il conviendrait que le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) soit rangé dans la catégorie des organisations terroristes, que les ressortissants étrangers arbitrairement détenus soient libérés et qu’un nouveau consensus se forme autour d’une méthode élaborée collectivement pour mettre un terme au programme nucléaire militaire de la RII. Si le régime venait à se doter de l’arme nucléaire, il risquerait de menacer la stabilité régionale et de déclencher une dynamique de prolifération qui exposerait autant cette partie du monde que les pays alliés à des périls encore plus grands. Ces derniers doivent en outre se rapprocher encore de leurs partenaires du Golfe pour défendre des intérêts stratégiques fondamentaux et promouvoir des valeurs aussi importantes que la sécurité humaine ou la prospérité. 
 
 


Lire aussi

SEE MORE