Jeroen VAN WIJNGAARDEN (Pays-Bas) - RAPPORT
07 octobre 2023
L’invasion russe en Ukraine a déclenché sur le continent européen la guerre conventionnelle la plus brutale et la plus lourde de conséquences depuis la seconde guerre mondiale. Les ondes de choc se sont fait ressentir instantanément et continuent de se propager sur le flanc oriental de l’Alliance, du Grand Nord jusque dans la région de la mer Noire et en Méditerranée. Les répercussions en matière de sécurité dans la Baltique pourrait entraîner une transformation radicale dans l’ordre de sécurité régional.
Par anticipation d'une invasion imminente de l’Ukraine par la Russie - et immédiatement à la suite de celle-ci -, les Alliés y ont déployé des forces maritimes, terrestres et aériennes aux fins de consolider la posture de dissuasion et de défense de l’OTAN. Le 18 mai 2022, soit moins de trois mois plus tard, la Suède et la Finlande ont simultanément remis leur lettre officielle de demande d’adhésion à l’OTAN. Par ce geste, les deux États ont abandonné une neutralité militaire historique, pourtant relativement bien enracinée. L’adhésion de la Finlande et celle, imminente, de la Suède à l’OTAN auront un profond retentissement sur l’ordre de sécurité de la région de la mer Baltique.
Il est impératif de mettre rapidement en œuvre les nouveaux fondements de la posture de dissuasion et de défense de l'OTAN. À cette fin, les Alliés ont approuvé six décisions spécifiques lors du sommet de Vilnius, dont la mise en œuvre de trois nouveaux plans de défense régionaux établissant clairement les responsabilités de chaque État membre. Les Alliés de la région de la mer Baltique devront donc investir dans des structures de forces adaptées pour assumer ces responsabilités. Les priorités immédiates résideront dans des forces terrestres aptes au combat, des systèmes de défense aérienne et antimissile intégrée, une artillerie à puissance de feu longue portée, des capacités ISR avancées ainsi que dans la logistique. La mise en œuvre du nouvel engagement en matière d'investissements de défense convenue par les États membres lors du sommet devrait permettre aux Alliés de pourvoir à une grande partie des ressources nécessaires à ces efforts.
Ce rapport relate les principaux changements de sécurité ayant eu lieu dans la région de la mer Baltique depuis la fin de la guerre froide, en mettant l’accent sur les dernières évolutions rapides en matière de sécurité régionale après 2014. Ces changements expliquent dans une large mesure la volte-face relative effectuée par la Finlande et la Suède dans leurs politiques de sécurité extérieure. Ce document évalue l’impact provoqué par l’expansion du flanc nord-est de l’OTAN au travers de l’adhésion de la Finlande en tant que 31e Allié et examine quelle sera la contribution immédiate de ce pays à l’Alliance, quelle sera la contribution potentielle de la Suède, et in fine, quels rôles ces deux pays seront amenés à jouer au sein de l'Alliance. Il se conclut par une série de recommandations adressées aux parlements et aux gouvernements des États membres de l’OTAN en vue d’anticiper sur une nouvelle année qui promet son lot de défis et de transformations rapides dans le paysage de sécurité euro-atlantique. Celles-ci incluent notamment un soutien continu de la candidature suédoise et préconisent un renforcement de la présence avancée des Alliés dans la région, qui soit consolidé par des ressources d'ISR améliorées, des capacités de frappe à longue portée, des systèmes de défense aérienne améliorés ainsi que des défenses côtières.
