2024 - BALKANS OCCIDENTAUX : DE NOUVEAUX ENJEUX SÉCURITAIRES À LA PORTE DE L’OTAN

LORD MARK LANCASTER (Royaume-Uni) - AVANT-PROJET DE RAPPORT

06 mai 2024

L'année 2023 a vu une reprise significative des affrontements violents dans le nord du Kosovo. Ces incidents ont soudainement ramené les dirigeants occidentaux à la gravité des défis qui persistent dans les Balkans occidentaux. L'absence de relations normalisées entre Belgrade et Pristina fait planer la menace d'un conflit grave qui pourrait avoir des retombées à l’échelle régionale. Les Alliés ont réagi à l'escalade de la violence au Kosovo en renforçant la mission de la KFOR, qui comprend dorénavant des forces armées plus lourdement armées et mieux adaptées à cette dynamique sécuritaire en évolution.

Par ailleurs, la paralysie politique qui frappe actuellement la Bosnie-Herzégovine risque d’envoyer aux oubliettes de l'Accord de Dayton qui, depuis près de 30 ans, permettait le maintien d’une paix fragile entre les principaux peuples constitutifs de ce pays. Le haut représentant pour la Bosnie-Herzégovine a récemment lancé une mise en garde, évoquant « un niveau inédit d’attaques » contre l'accord conclu au terme de la guerre. Ces remises en question sont principalement le fait de la Republika Srpska (RS), qui multiplie les menaces d’une sécession pure et simple d’avec la Bosnie-Herzégovine.

À l’heure où la quasi-totalité des États et territoires de la région, désireux de se forger un avenir au sein de la communauté euro-atlantique, se tournent vers l’Occident, les problématiques tenaces au Kosovo et en Bosnie-Herzégovine doivent amener les Alliés à recibler leur attention sur cette région et à accepter que ces défis pourraient faire le lit d’une déstabilisation plus large. L'enlisement du dialogue entre Belgrade et Pristina et la paralysie politique sur fond de tensions en Bosnie-Herzégovine entravent la poursuite des processus d'adhésion à l'UE de la Serbie, de la Bosnie-Herzégovine et du Kosovo. Ils restent aussi le principal facteur d'instabilité régionale et bloquent une intégration économique régionale efficace. Enfin, ils favorisent l'action des réseaux criminels qui, profitant de la faiblesse institutionnelle caractéristique de cette région, s’adonnent au trafic d'armes, de stupéfiants et d'êtres humains.

La corruption profondément enracinée et la faiblesse des institutions étatiques compliquent encore la situation en offrant à la Russie et à la Chine les moyens de jouer de leur influence. Et même si ces deux pays nourrissent des ambitions différentes vis-à-vis de la région, ils partagent, face à l’Occident, des visées plus larges, comme la rupture du consensus entre Alliés et la mise à l’arrêt de la consolidation de la zone euro-atlantique.

Ce rapport met en lumière les causes profondes des grands défis sécuritaires dans la région et les facteurs qui, aujourd’hui, les alimentent. Il appelle à recibler l’attention sur la résolution du différend entre Belgrade et Pristina et prône des efforts plus poussés en vue de sortir la Bosnie-Herzégovine de l’impasse politique. Pour ce faire, il importera avant tout de redoubler d’efforts pour favoriser l’expansion de l’UE dans la région. Les Alliés devront par ailleurs comprendre qu’il est temps d’y revoir leur positionnement. Afin d’aider à inverser une dynamique sécuritaire régionale qui, à l’heure où la sécurité euro-atlantique traverse une passe difficile, s’engage dans la mauvaise direction, le soutien à la KFOR devra être revu à la hausse et les Alliés seront tenus de trouver de nouveaux moyens d'étendre leur coopération militaire avec la région.