2024 - ÉTABLIR UN PARTENARIAT ÉCONOMIQUE ET STRATÉGIQUE FONDÉ SUR DES VALEURS ENTRE LES ESPACES EURO-ATLANTIQUE ET INDO-PACIFIQUE

NEAL PATRICK DUNN (États-Unis) - AVANT-PROJET DE RAPPORT

30 avril 2024

Après plus de deux décennies de croissance vigoureuse, l’économie chinoise amorce un ralentissement. Une dette en nette progression, une bulle financière aggravée par une gouvernance déficiente, une épargne excessive due en partie à un dispositif de protection sociale inadapté, l’effondrement de la consommation, une mauvaise allocation des capitaux, des surcapacités industrielles et un vieillissement rapide de la population ont plombé la production et la demande chinoises et assombri les perspectives de croissance à long terme du pays. 

Les dirigeants occidentaux, préoccupés par le renforcement des forces armées chinoises et l’attitude toujours plus agressive de Pékin dans la région indo-pacifique, réévaluent actuellement leurs relations économiques avec la Chine. Le rôle central du géant asiatique dans les chaînes mondiales d'approvisionnement suscite désormais de vives inquiétudes, en particulier à l’aune des décisions des autorités chinoises dans le sillage de l’apparition de la pandémie de COVID-19 qui ont consisté à interrompre l’approvisionnement d’un éventail de produits indispensables et de mettre sous cloche des centres portuaires essentiels au commerce international, ce qui a provoqué une crise d’approvisionnement à l’échelle mondiale, alimenté les tensions sur les prix et mis encore un peu plus en lumière les fortes vulnérabilités structurelles des systèmes commerciaux, tant à l’échelle asiatique que mondiale. 

L’aggravation des tensions entre Taïwan et la République populaire de Chine (RPC) et les menaces de plus en plus belliqueuses de la Chine de battre en brèche le statu quo constituent un défi majeur pour la sécurité de la région indo-pacifique et, plus généralement, pour la sécurité mondiale. Taïwan se situe le long de l’une des voies de navigation commerciale les plus empruntées dans le monde et une conflagration dans cette zone maritime aurait des effets dévastateurs. 

Les experts en stratégie discernent des liens étroits entre l’aggravation des tensions dans le détroit de Taïwan et la guerre en Ukraine. La Chine observe attentivement l’évolution de l’offensive russe. Elle cherche à déterminer si la solidarité internationale en faveur de l’Ukraine s’avérera durable ou si la Russie est en mesure de faire preuve de patience stratégique et d’attendre que le soutien de la communauté internationale en faveur de l’Ukraine s’étiole pour défaire définitivement son voisin. Si la Chine juge que la stratégie russe est couronnée de succès, elle sera tentée d’adopter une attitude plus agressive en vue d’atteindre ses objectifs concernant Taïwan. Ainsi, dans le contexte d'un jeu de dissuasion aux enjeux majeurs, les champs de bataille de l’Est de l'Ukraine et le détroit de Taïwan sont inextricablement liés.

Il apparaît également de plus en plus que l’architecture traditionnelle de sécurité de la région, fondée sur un système de pôles d’échanges, ne suffit plus à maintenir l’ordre régional face à une Chine plus agressive et dotée d’un appareil militaire plus performant. Il est désormais nécessaire d’établir un maillage plus dense d’accords de sécurité entre les pays de la région alarmés par la posture militaire menaçante et la politique économique mercantile de la Chine. 

Pour leur part, les dirigeants nord-américains et européens ont reconnu qu’ils devaient collaborer plus étroitement avec leurs partenaires asiatiques afin d’affiner la connaissance de la situation et de coopérer dans la mesure du possible. L’OTAN a également intensifié son dialogue avec ses partenaires régionaux en Asie. Les Alliés sont pleinement fondés à collaborer étroitement avec les partenaires de l’Indo-Pacifique affichant des vues convergentes afin de gérer la concurrence stratégique, de réduire le risque d’une dangereuse escalade et de répondre à un éventail de défis communs, tels que la sécurité énergétique, les cybermenaces, la prolifération des armes de destruction massive, le changement climatique et, plus généralement, les menaces qui pèsent sur l’ordre international fondé sur des règles.


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