Alec Shelbrooke s’exprime au sujet de la lutte contre la désinformation, du maintien des investissements dans le secteur de la défense et de la solidarité en temps de crise

08 septembre 2020

Alec Shelbrooke, chef de la délégation britannique auprès de l’AP-OTAN, nous fait part de son point de vue sur la valeur ajoutée de la contribution de l’OTAN aux réponses nationales à la pandémie de Covid-19, ainsi que sur l’engagement du Royaume-Uni à maintenir les niveaux de dépenses en matière de défense. Il rappelle également qu’une communication proactive et un partage des connaissances, en particulier dans le domaine de l’identification et de la lutte contre la désinformation, sont essentiels en vue de protéger les citoyens par-delà les frontières.  

4 questions posées à Alec Shelbrooke :

I.    Les efforts déployés par les Alliés pour fournir des ressources et une aide humanitaire aux pays les plus durement touchés ont été essentiels pour aider les Alliés et les partenaires à faire face à cette crise sans précédent. Pourriez-vous nous dire comment le Royaume-Uni s’est servi des structures de l’OTAN pour aider les autres et comment le pays a bénéficié de l’aide d’autres Alliés pendant la crise ?

Au cours de cette pandémie, les Alliés de l’OTAN ont démontré leurs capacités à œuvrer ensemble en temps de crise, là où la division aurait pu être omniprésente. En cette nouvelle ère de technologie et d’informations, la diffusion de fausses nouvelles peut être l’une des plus grandes menaces pour nos sociétés. Dans le sillage de la pandémie de Covid-19, la lutte contre la désinformation au début de cette crise a été essentielle pour assurer la sécurité des citoyens par-delà les frontières. En avril dernier, l’armée britannique a déployé deux experts en matière de lutte contre la désinformation. Leur rôle était de conseiller et d’aider l’OTAN à s’assurer que ses citoyens disposaient des bonnes informations pour se protéger et que ses démocraties étaient à l’abri des opérations de désinformation malveillantes utilisées par nos adversaires.

Outre le partage des informations, il est essentiel de démontrer que l’OTAN peut soutenir ses membres en temps de crise et les aider. C’est ainsi que le Royaume-Uni a jusqu’à présent répondu à neuf demandes d’Alliés et de partenaires par l’intermédiaire du Centre euro-atlantique de coordination des réactions en cas de catastrophe de l’OTAN.

À titre d’exemple de collaboration entre les alliés de l’OTAN, en avril, 250 000 articles d’ÉPI, dont 50 000 masques faciaux N-95, 100 000 masques chirurgicaux et 100 000 combinaisons de protection, ont été livrés par la Turquie à la RAF Brize Norton dans l’Oxfordshire. Le processus de mobilité aérienne rapide de l’OTAN, qui permet aux Alliés de transporter des produits essentiels par voie aérienne le plus rapidement possible, a contribué à faciliter les livraisons. L’Allemagne a également envoyé 60 respirateurs au Royaume-Uni en signe de solidarité. Sans ces infrastructures et ces relations, la collaboration en temps de crise ne serait pas aussi simple.

II.    Quelles mesures supplémentaires l’OTAN et les forces armées alliées devraient-elles prendre pour accompagner la réponse nationale et internationale à la crise du Covid-19 ? 

Les Alliés de l’OTAN ont démontré les avantages du partage des ressources pendant cette période difficile, et le cadre institutionnel a joué un rôle essentiel dans ces échanges. Le soutien financier est vital pour que son succès perdure. Le Royaume-Uni continue d’apporter une contribution financière à un nouveau fonds d’affectation spéciale de l’OTAN pour la réponse aux pandémies, qui sera utilisé pour accompagner les Alliés et les partenaires grâce à des activités telles que l’acquisition d’équipements vitaux, le transport de personnel et de fournitures médicales, et l’achat et la livraison d’autres ressources de secours. Il est essentiel de pérenniser ces engagements de dépenses pour contribuer à l’atténuation de cette crise et pouvoir se préparer à la prochaine.

III.    Au Royaume-Uni, une force de soutien Covid de 20 000 militaires a été mise en place et a activement contribué à renforcer les services publics, notamment le Service national de santé (NHS), ainsi qu’à soutenir les efforts civils nationaux dans la lutte contre la Covid-19. Quels enseignements le Royaume-Uni pourrait-il partager avec les Alliés de l’OTAN sur la manière dont les forces armées peuvent contribuer à la lutte contre les pandémies et autres urgences civiles ? 

Si les membres gèrent leurs propres réponses à la pandémie, l’OTAN peut, quant à elle, soutenir des mesures d’atténuation, assurer la préparation, répondre aux adversaires et tirer des enseignements de tout ce qui est réalisé en son sein. Le ministère britannique de la défense (MOD) a entraîné 10 000 militaires supplémentaires à un niveau de préparation plus élevé et a mis du personnel de réserve supplémentaire en attente pour soutenir les services publics dans le cadre d’une nouvelle force de soutien Covid en mars. Ces mesures s’inscrivaient dans le cadre d’une planification d’urgence prudente visant à répondre en temps utile à toute demande de soutien émanant d’autres services gouvernementaux ou d’autorités civiles pendant la pandémie de Covid-19.

Jusqu’à présent, les militaires ont aidé à organiser des vols de rapatriement depuis la Chine et le Japon. Ils ont également fourni des experts militaires en planification spécialisés aux Forums locaux de résilience qui apportent leur soutien aux services publics, aux autorités locales et aux services d’urgence pour préparer leur réponse à l’épidémie de Covid-19. Le ministère de la défense s’est préparé à soutenir davantage les services publics, avec jusqu’à 10 000 personnes entraînées à un niveau de préparation plus élevé, afin qu’elles puissent aider à soutenir les services publics. Ces effectifs s’ajoutent aux 10 000 déjà en place. Au total, 150 militaires ont été formés pour conduire des camions-citernes à oxygène afin de soutenir la NHS si nécessaire. De plus, les scientifiques du Defence Science and Technology Laboratory (DSTL) ont contribué aux efforts des services de santé publique anglais pour comprendre le virus et combattre sa propagation. Le partage des informations et des ressources entre les ministères était essentiel pour coordonner les efforts de lutte contre le virus au Royaume-Uni, et la volonté d’utiliser le personnel militaire est devenue un élément essentiel de la réponse britannique. 

IV.    Quel est le rôle des parlementaires dans cette crise ? Et quel rôle la diplomatie interparlementaire, y compris au sein de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, peut-elle jouer pour atténuer cette crise et préparer la prochaine crise ? 

Cette crise a montré que les parlementaires avaient un rôle essentiel à jouer pour veiller à ce que les gouvernements ne se laissent pas distraire de l’éthique générale de l’OTAN, en particulier lors d’une pandémie mondiale. Il est essentiel que les parlementaires continuent à faire pression sur les gouvernements pour qu’ils respectent l’engagement de consacrer 2 % du PIB aux dépenses de défense. L’engagement du Royaume-Uni à cet égard lui a permis d’être au moins 0,5 % au-dessus de l’inflation chaque année depuis que ce gouvernement est en place.

L’OTAN est fondée sur un engagement de défense collective et de soutien mutuel – un engagement renforcé par le fait que les pays partagent la charge des investissements en matière de défense et atteignent l’objectif de 2 %. Il est essentiel de disposer des fonds et des plans nécessaires pour garantir que nos forces armées maximisent leurs points forts face aux menaces à venir. Depuis que tous les Alliés se sont engagés à atteindre l’objectif de 2 % d’ici 2024 lors du sommet du Pays de Galles en 2014, des progrès significatifs ont été réalisés. En 2019, les dépenses de défense des Alliés non américains ont augmenté de 4,6 % en termes réels – il s’agit de la cinquième année consécutive de croissance. Nous investissons dans des projets tels que l’initiative technologique sur les futurs systèmes aériens de combat, les sous-marins nucléaires et la cyber technologie pour se préparer aux batailles de demain. La diplomatie interparlementaire et le partage d’informations avec nos alliés de l’OTAN sont essentiels pour atténuer la prochaine crise et s’y préparer, et pour s’appuyer sur des engagements de dépenses qui permettent de renforcer les relations entre les Alliés et leur puissance collective. 


Alec Shelbrooke, chef de la délégation britannique auprès de l’AP-OTAN

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