de Gerald E. CONNOLLY (États-Unis), président de l'AP-OTAN, et Michal SZCZERBA (Pologne), coprésident du Conseil interparlementaire Ukraine-OTAN, au nom de la commission permanente
La commission permanente, réunie à Athènes aujourd'hui, a condamné dans les termes les plus vigoureux la guerre d’agression actuellement menée par la Russie en Ukraine. Elle a exprimé sa pleine solidarité avec l'Ukraine, son gouvernement et son parlement démocratiquement élus, ainsi qu’avec le peuple ukrainien. Elle a réaffirmé son soutien indéfectible à la démocratie, à l'indépendance, à la souveraineté et à l'intégrité territoriale du pays.
Par son agression, la Russie cherche à écraser la démocratie ukrainienne, à intimider d'autres pays souverains et démocratiques et, par extension, à saper les valeurs fondamentales de l’OTAN et du monde démocratique, civilisé et pacifique tout entier.
Face à cette agression brutale, l’extraordinaire bravoure des forces armées, des services de sécurité ukrainiens ainsi que de tous les volontaires, la cohésion et la détermination du peuple de l’Ukraine et le leadership exceptionnel dont les autorités ukrainiennes ont fait preuve, suscitent notre plus profond respect, notre admiration et notre soutien.
Nous sommes déterminés à poursuivre la mise sur pied d’une puissante coalition mondiale pour fournir à l’Ukraine toute l’assistance possible. Nous exhortons les gouvernements et les parlements des pays membres de l'OTAN à augmenter substantiellement les livraisons de matériel militaire et le partage des renseignements dont l’Ukraine a besoin d’urgence pour se défendre contre l’agression russe , ainsi qu’à renforcer l’aide humanitaire d'urgence, intensifier les secours aux réfugiés ukrainiens et à fournir une assistance financière et matérielle substantielle à court comme à long terme.
Nous sommes également déterminés à accroître les pressions sur la Russie afin que celle-ci mette un terme à toutes ses opérations offensives et hybrides et retire immédiatement ses troupes du territoire ukrainien. Nos pays maintiendront et alourdiront leurs sanctions massives, draconiennes et durables aussi longtemps qu’il le faudra et jusqu'à ce que la Russie renonce à ses agissements illégaux et retire la totalité de ses troupes de tout le territoire ukrainien tel qu’il est défini par ses frontières internationalement reconnues. Nous continuerons d'allonger la liste des oligarques et responsables liés au régime russe qui doivent être sanctionnés, eux et leurs familles, celle des propagandistes et des médias d'État, d'expulser les diplomates russes qui se livrent à des activités hostiles en répandant des discours de haine, en pratiquant la désinformation et en attisant le conflit, et d’abandonner progressivement les importations de charbon, de gaz, de pétrole et d'uranium russes.
Nous continuerons également à inciter la Russie à s'engager de manière constructive dans des discussions crédibles avec l'Ukraine afin d'obtenir des résultats concrets, en commençant par un cessez-le-feu durable et en s’acheminant vers un retrait complet de ses troupes du territoire ukrainien.
La Russie doit comprendre que la communauté internationale ne reconnaîtra jamais l’occupation et l’annexion illégales et illégitimes de la Crimée, pas plus que l’« indépendance » des prétendues républiques populaires de Louhansk et de Donetsk ou une quelconque tentative de la part de la Russie de créer des structures administratives alternatives et illégitimes en Ukraine.
Nous dénonçons avec force les graves violations des droits humains et du droit humanitaire international, notamment les attaques contre la population et les infrastructures civiles. Nous appelons nos gouvernements et nos parlements à aider la Cour pénale internationale et les autres organisations internationales compétentes à investiguer les crimes de guerre et à traduire leurs auteurs en justice.
En outre, nous sommes vivement préoccupés par l’accroissement des risques auxquels sont exposés les groupes les plus vulnérables en temps de conflit, en particulier les femmes et les enfants, y compris le risque de violence sexuelle et de traite des êtres humains.
Nous devons également tenir le régime dictatorial bélarussien pour responsable de son soutien à la Russie et du rôle qu’il a joué dans l’invasion de l’Ukraine, et maintenir et alourdir des sanctions économiques massives, draconiennes et durables à son encontre.
Les actions de la Russie marquent un tournant. Elles engendrent une réalité stratégique nouvelle, à laquelle les membres de l’OTAN et leurs partenaires doivent s’adapter immédiatement et durablement.
Nous sommes résolus à contribuer à la consolidation de la démocratie chez les Alliés et leurs partenaires – et plus particulièrement chez les partenaires menacés par les activités russes – et à continuer de défendre les principes fondamentaux d’un ordre international fondé sur des règles, parmi lesquels le droit de tous les pays à choisir leur voie. Nous avons réaffirmé notre soutien inébranlable à la voie de l'intégration euro-atlantique, que le peuple ukrainien a choisie et qui est fermement ancrée dans la constitution de l’Ukraine.
Nous saluons l'unité des Alliés de l'OTAN devant l’agression russe, l’appui pratique et politique accordé à l’Ukraine ainsi que la promptitude et le caractère nécessaire des mesures prises par l’Alliance pour établir une posture de défense avancée. Nous demandons instamment la mise en œuvre rapide de ces mesures, y compris par le déploiement permanent d’un nombre significatif de troupes et de matériel le long du flanc Est de l’OTAN, afin de garantir la capacité et l’état de préparation requis et de défendre chaque centimètre du territoire allié.
Nous exhortons nos gouvernements à rester vigilants et à assurer des échanges d’informations efficaces sur l’éventualité d’autres agressions de la Russie au-delà de l’Ukraine . Nous devons également accroître le soutien politique et pratique – aide militaire comprise – aux autres pays partenaires ou candidats à l’adhésion à l’OTAN soumis à des pressions ou à des tentatives d’intimidation de la part de la Russie.
La nouvelle attaque de la Russie contre l'Ukraine s'inscrit dans un schéma de tentatives systématiques de saper un ordre international fondé sur des règles. Le nouveau concept stratégique de l'OTAN doit désigner sans ambigüité le révisionnisme et l’agressivité de la Russie, y compris la rhétorique nucléaire aggressive, comme étant la plus grave et la plus immédiate des menaces pour la sécurité euro-atlantique. Il doit répondre à cette menace par une posture de « défense avancée », en ajustant, de manière adéquate, le dispositif et les plans de défense de l’OTAN, en particulier sur la ligne de front de son flanc oriental, sa structure de commandement et de contrôle et la disponibilité opérationnelle de ses forces. Dans le même temps, il doit placer les valeurs démocratiques communes au cœur de la réponse de l’Organisation aux défis du moment, notamment par la création en son sein d’un centre pour la résilience démocratique.