La session du printemps 2023 de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN a commencé hier par une réunion conjointe extraordinaire de la commission permanente, organe directeur de l’Assemblée, et du conseil interparlementaire OTAN-Ukraine (UNIC), le groupe bilatéral de l’institution chargé des relations avec la Verkhovna Rada ukrainienne. Cinquante parlementaires des pays membres de l’OTAN et de la Suède et dix parlementaires ukrainiens ont débattu d’un accroissement de l’aide à l’Ukraine ainsi que de leurs attentes eu égard au sommet que l’OTAN tiendra à Vilnius au mois de juillet prochain.
« Nous sommes réunis ici à Luxembourg à un moment important, alors que la résistance ukrainienne continue de se renforcer. Notre session permettra d’envoyer un message clair de soutien à l’Ukraine », a déclaré la présidente de l’Assemblée, Joëlle Garriaud-Maylam (France), à l’ouverture des travaux.
« Notre soutien sera, tout comme votre combat pour la liberté, inébranlable. Nous ne relâcherons pas nos efforts et continuerons de nous tenir aux côtés de l’Ukraine, unis et résolus, aussi longtemps qu’il vous faudra pour l’emporter », a-t-elle ajouté.
« Il est très important que nous soyons aussi nombreux que possible à marquer notre accord sur une intensification de notre assistance à l’Ukraine sur tous les plans : politique, militaire, humanitaire, financier et juridique », a dit le coprésident de l’UNIC, Audronius Ažubalis (Lituanie), qui a notamment pressé les Alliés d’accélérer le rythme des livraisons de matériel militaire – y compris des pièces d’artillerie à longue portée, des chars et, enfin, des avions de chasse – dont l’Ukraine a besoin pour libérer son territoire à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.
Oleksandr Kornienko, coprésident ukrainien de l’UNIC et premier vice-président de la Verkhovna Rada, a indiqué que la situation sur le champ de bataille était difficile et fluctuante. Mais les Ukrainiens sont résolus à poursuivre leur combat pour la liberté.
« Nous avons un objectif commun : la victoire de l’Ukraine dans la guerre contre la Russie. Pour remporter cette victoire, nous avons besoin de vous », a rappelé M. Kornienko. « Nous avons besoin d’une aide financière, de plus d’armes, de plus de munitions, de plus de sanctions contre la Russie. Nous comptons, après la victoire, sur la reconstruction collective de l’Ukraine. Aujourd’hui, nous nous battons non seulement pour notre propre territoire, mais pour toute l’Europe, et l’issue du conflit ne déterminera pas seulement l’avenir de notre pays. »
« Nous devons continuer à accroître la pression sur Moscou », a insisté la présidente de l’Assemblée. « Cette pression sur Moscou, elle passe aussi par la certitude qu’il n’y aura pas d’impunité pour les crimes odieux que la Russie a commis et qu’elle continue de commettre en Ukraine – crimes de guerre, crimes contre l’humanité et peut-être même des actes de génocide. »
« Nous encourageons vivement chaque État à envisager de siéger dans un tribunal spécial qui demandera des comptes aux dirigeants militaires et politiques russes pour le crime d’agression contre l’Ukraine. Ce tribunal comblera le vide juridique de la Cour pénale internationale », a indiqué M. Kornienko. L’Assemblée s’était prononcée en faveur de la création d’un tel tribunal dès sa session de printemps de Vilnius, il y a un an de cela.
« Il faut multiplier les sanctions et les appliquer intégralement », a dit M. Ažubalis. « À l’instar de nombreux parlements nationaux, notre Assemblée a déjà décrété que, sous son régime actuel, la Fédération de Russie était un État terroriste qui, selon moi, se rend coupable d’actes génocidaires en Ukraine. Cet État, nous devons l’isoler plus encore, à l’ONU comme dans d’autres organisations internationales, et nous devons aussi exiger des comptes de la part de la dictature bélarussienne et d’autres complices pour leur soutien à la Russie dans la guerre brutale qu’elle mène à l’Ukraine. »
Par ailleurs, l’UNIC et la commission permanente se sont entretenus du sommet que les chefs d’État et de gouvernement des pays alliés tiendront à Vilnius les 11 et 12 juillet.
La présidente de l’Assemblée a souligné que les participants à ce sommet devront affirmer « sans ambiguïté que l’Ukraine appartient à notre famille européenne et euro-atlantique, qu’elle deviendra membre de l’OTAN et que nous nous tiendrons à ses côtés au long du chemin clairement tracé qui mène à l’adhésion ». En 2022 déjà, l’AP-OTAN avait recommandé que les pays alliés conviennent des prochaines étapes à franchir par l’Ukraine sur la voie de son adhésion.
« Le sommet qui se tiendra bientôt à Vilnius offre aux Alliés une occasion unique d’envoyer un message concret au sujet de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Il est essentiel que, lors de ce sommet, les dirigeants alliés se prononcent sur une telle adhésion », a dit le chef de la délégation de l’Ukraine auprès de l’Assemblée, Yehor Tcherniev. « Il faut enfin arrêter une décision qui se fait attendre depuis trop longtemps : il s’agit de définir des plans et des perspectives spécifiques à propos de l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN. De retour dans vos capitales respectives, transmettez donc ce message aux dirigeants alliés en vue du sommet de Vilnius. Manifestement, l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN constitue la meilleure garantie qui soit, tant pour la sécurité de ce pays que pour celle de l’espace euro-atlantique. »
« Des Ukrainiens meurent tous les jours sur le champ de bataille », a repris M. Ažubalis. « Ils défendent leur terre ancestrale et leur droit à l’existence, certes, mais aussi la démocratie, la sécurité euro-atlantique et notre ordre fondé sur des règles. L’Ukraine partage les valeurs de l’OTAN et serait capable d’apporter une contribution considérable à notre sécurité collective. »
L’intervenant a exhorté les pays alliés à « faire montre de courage politique et de sens de l’avenir en envoyant à Kyiv comme à Moscou un message clair et net : l’affaire est entendue et l’Ukraine deviendra bien membre de l’OTAN ». Les membres de l’UNIC et la commission permanente ont discuté de diverses façons d’envoyer un signal fort quant à la dimension politique de l’intégration euro-atlantique de l’Ukraine. De l’avis de M. Ažubalis, il conviendrait que la question d’une invitation de ce pays au sommet de Vilnius soit mise sur la table pour tenter d’obtenir un résultat marquant.
Les participants ont aussi discuté de nouvelles mesures pratiques destinées à rehausser le niveau des relations entre l’OTAN et l’Ukraine. Par exemple, M. Ažubalis a demandé instamment que ce pays puisse accéder plus largement aux entités politiques et militaires de l’Organisation. Il a en outre invité ses collègues parlementaires à tirer le plus grand parti possible du format de l’UNIC.
La présidente de l’Assemblée n’a pas manqué de se féliciter des efforts réformateurs des autorités ukrainiennes. « Je veux saluer la détermination dont l’Ukraine fait preuve à être exemplaire et à continuer les réformes nécessaires malgré la guerre », a-t-elle dit. « Ce travail est nécessaire, et nous continuerons de vous assister dans ces efforts. » En 2022, l’AP-OTAN a créé un fonds spécial consacré au soutien des institutions démocratiques du pays.
Tout au long de la session, l’accent sera mis sur la solidarité avec l’Ukraine, qui reste confrontée à la guerre d’agression brutale et injustifiée que la Russie a déclenchée en l’absence de la moindre provocation. Lundi, la séance plénière devrait normalement adopter une déclaration spéciale rédigée par Michał Szczerba (Pologne), vice-président de l’Assemblée, déclaration qui contient des recommandations invitant les gouvernements et les parlements des pays alliés à accroître leur assistance à l’Ukraine. Le ministre de la défense ukrainien, Oleksiy Reznikov, interviendra lors de cette séance et Oleksandra Matviïtchouk, directrice du Centre pour les libertés civiles – organisation lauréate du prix Nobel de la paix en 2022 –, s’entretiendra avec les membres de l’Assemblée dans le courant du week-end.
