Entretien avec Martin Klus, secrétaire d'État au ministère des affaires étrangères et européennes de la République de Slovaquie

02 juillet 2021

Dans le sillage du sommet de l'OTAN 2021 à Bruxelles, l'AP-OTAN s’est entretenue avec des ministres pleinement impliqués à celui-ci pour leur permettre de partager le bilan qu’ils en ont tiré. En tant qu'anciens membres de l'AP OTAN, ils s’expriment également sur la question de savoir comment les parlementaires, et l'AP OTAN dans son ensemble, pourraient soutenir au mieux la mise en œuvre de cet ambitieux futur programme pour l'OTAN.

Trois questions avec Martin Klus, secrétaire d'État du ministère des affaires étrangères et européennes de la République slovaque et ancien membre de l'AP-OTAN :

Pendant son mandat de membre de la délégation slovaque à l'AP-OTAN de 2018 à 2019, Martin Klus a servi activement l'Assemblée en tant que chef adjoint de sa délégation, président de la sous-commission sur les partenariats de l'OTAN de l'Assemblée et membre de la commission politique.
 

1-   Les attentes étaient élevées pour ce sommet de l'OTAN, en particulier à la lumière des changements majeurs en cours dans l'environnement de sécurité international. Comment en jugez-vous le résultat global ?  

La Slovaquie est très satisfaite des résultats du sommet. L'Alliance a, une fois de plus, confirmé qu'elle est bel et bien vivace. Il était également important qu'en dépit du contexte de pandémie mondiale, les Alliés se soient rencontrés et aient fait preuve d'unité, de cohésion et de solidarité. Qui plus est, le sommet a représenté une belle occasion d'ouvrir un nouveau chapitre dans les relations transatlantiques avec la nouvelle administration américaine.

Le sommet a démontré que tous les Alliés ont leur mot à dire lorsqu'il s'agit de façonner le futur de l'Alliance. Le fait que nos dirigeants aient accepté de mettre en œuvre un programme ambitieux et tourné vers l'avenir, « OTAN 2030 », est une grande réussite. Il s'agit d'un processus continu d'adaptation de l'OTAN à un contexte de sécurité de plus en plus difficile, qui reconnaît la nécessité de répondre aux menaces et aux défis nouveaux et émergents, notamment les attaques hybrides et les cyberattaques, les technologies de rupture, l'espace ou encore l’essor de la Chine. Il était également important que le sommet souligne notre engagement à renforcer davantage notre résilience nationale et collective. Nous sommes tout à fait d'accord pour dire que nous devons considérer la résilience comme la première ligne de notre défense.

2-    Quelles étaient les principales priorités de la Slovaquie et comment qualifieriez-vous les décisions prises à cet égard ?    

La Slovaquie avait fixé plusieurs priorités pour ce sommet, dont celle d'obtenir un engagement ambitieux en faveur d’OTAN 2030. Nous étions également en faveur d'une prise de position sur l'adaptation militaire et à ce que l'Alliance continue de se concentrer sur la défense collective, ainsi que sur les menaces et les défis tels que la Russie, les menaces hybrides et la Chine.

Au vu des résultats, nous sommes très heureux de la décision de lancer un processus d'actualisation du concept stratégique de l'OTAN, de la réaffirmation de la politique de la porte ouverte de l’Alliance et du soutien affirmé à l'égard de nos partenaires, en particulier l'Ukraine et la Géorgie.

3-   Sur la base de votre expérience, y compris en tant qu'ancien membre de l'AP-OTAN, comment les parlementaires et l'AP-OTAN peuvent-ils soutenir au mieux la mise en œuvre de l'ambitieux programme adopté lors du sommet ?

L'OTAN est une alliance défensive qui représente près d'1 milliard de personnes. Au sommet, nous avons réaffirmé notre engagement inébranlable à défendre nos populations et nos territoires contre toute menace et à défendre nos valeurs communes. Mais nous devons garder à l'esprit que la plupart des conflits et des défis d'aujourd'hui n'ont pas de solution militaire. Il est donc important qu’à la suite du récent processus de réflexion, l'OTAN mette davantage l'accent sur les consultations politiques et actualise également sa boîte à outils politique. Dans un monde plus complexe et marqué par des défis hybrides, la dissuasion politique est tout aussi importante que la dissuasion militaire.

Être plus politique exige également des synergies dans l'ensemble de nos sociétés. Nous ne serons pas en mesure de répondre efficacement aux défis hybrides sans une véritable approche pangouvernementale. Dans le cadre de ces efforts, les parlementaires jouent un rôle déterminant en s'adressant à nos sociétés au sens large. Nous devons parler ouvertement de ces nouveaux défis et du rôle de l'OTAN dans un contexte de sécurité en mutation et ce, avec l'ensemble du monde politique, mais aussi avec la société civile, le secteur privé et les milieux universitaires. Cela contribuera non seulement à sensibiliser l'opinion publique, mais aussi à améliorer la compréhension et à obtenir un soutien sur la ligne de conduite à adopter.

Dans un second temps, les parlementaires tiennent les cordons de la bourse et demandent des comptes aux gouvernements en place. L'adaptation de l'OTAN face aux menaces et aux défis de sécurité de demain exigera un surplus important de ressources et leur affectation nécessitera de mobiliser le soutien politique en faveur d'une augmentation des dépenses de défense, dans une situation budgétaire très contractée et concurrentielle. Nous devons travailler en étroite collaboration avec notre parlement pour permettre à la Slovaquie de tenir sa parole et respecter ses engagements en matière de dépenses de défense d'ici 2024. Si l'on se projette dans les dix prochaines années, le dialogue avec les parlements restera essentiel pour tenir tous ces engagements. 

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