L’AP-OTAN clôt sa session annuelle en faveur d'un renforcement de la posture alliée de défense et de dissuasion et d'une pression accrue sur la Russie

21 novembre 2022

L’Assemblée parlementaire de l’OTAN (AP-OTAN) a conclu ce lundi quatre jours de débats sur le renforcement de la dissuasion et de la défense de l’Alliance et sur la mise en application des décisions essentielles de sécurité qui ont été prises au dernier sommet de l’OTAN, sur fond de guerre illégale menée par la Russie contre l’Ukraine.

Au cours de cette 68e session annuelle de l’Assemblée qui s’est tenue à Madrid, près de 300 législateurs des 30 pays membres de l’OTAN et de pays partenaires ont adopté six résolutions qui viennent compléter les recommandations de politique générale adoptées en 2022 à l’intention des gouvernements des pays membres de l’Alliance. 

Ces résolutions soulignent notamment la nécessité pour l’Alliance de rester adaptée à sa mission, de donner suite aux engagements en matière de défense pris en juin dernier par ses dirigeants ici même à Madrid, de réagir face aux conséquences économiques de la guerre menée par la Russie, à la question de la cybersécurité, aux effets du changement climatique et de lutter contre la corruption.

Ces questions ont été abordées au cours d’un échange approfondi entre les parlementaires et le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg. Par ailleurs, l’Assemblée a procédé à l’élection de sa nouvelle équipe dirigeante pour l’année à venir et ses cinq commissions ont aussi débattu de 16 projets de rapport.

Dans une intervention par liaison vidéo, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a demandé à tous les parlements de considérer la Russie comme un État terroriste, et les législateurs de l’AP-OTAN ont lancé un appel invitant instamment les gouvernements des pays de l’Alliance à « déclarer sans la moindre ambiguïté que le régime russe actuel est un régime terroriste ».

Dans leurs résolutions, les parlementaires ont exhorté les Alliés à faire rapidement avancer les objectifs du sommet de Madrid, afin d’assurer « la modernisation des forces de l’OTAN pour renforcer la structure de forces de l’Organisation et la présence globale de l’Alliance sur le flanc oriental ».

Ils ont indiqué que les gouvernements des pays membres de l’OTAN devaient « augmenter l’aide militaire, financière, humanitaire ainsi que leur soutien à la formation et au renseignement, apportés à l’Ukraine, notamment en accélérant les livraisons d’armes dont le pays a besoin pour se protéger et restaurer son intégrité territoriale ».

Ce soutien, ont-ils insisté, doit être poursuivi « aussi longtemps que l’Ukraine en aura besoin pour vaincre ».

Le secrétaire général Stoltenberg a signalé que l’OTAN avait déjà procédé au renforcement de sa défense collective (ce renforcement est le plus important opéré depuis la guerre froide), et que davantage de soldats, de navires et d’aéronefs bénéficient d’un plus haut niveau de préparation, précisant toutefois que des budgets plus élevés étaient requis à cet égard, notamment pour continuer à appuyer l’Ukraine.

« Pour arriver à faire tout cela, nous devons investir davantage dans la défense », a déclaré M. Stoltenberg au cours de la séance plénière de ce lundi. Les pays membres s’étaient engagés en 2014 à ne plus opérer de coupes dans les budgets de défense et à atteindre l’objectif consistant à consacrer 2 % de leur PIB aux dépenses militaires en l’espace d’une décennie.

« Je veux espérer que les Alliés poursuivront sur leur lancée et qu’ils s’engageront au-delà de 2024, car ces 2 % doivent être considérés comme un plancher pour nos investissements de défense et non comme un plafond », a-t-il déclaré.

Une résolution de l’AP-OTAN établie par la parlementaire britannique Harriet Baldwin envisage des coûts supplémentaires en invitant les pays membres à aider l’Ukraine à renforcer la protection de ses infrastructures civiles alors que la Russie y intensifie ses attaques délibérées.

Les parlementaires appellent au lancement d’un programme d’aide comparable au plan Marshall pour la reconstruction d’une Ukraine plus prospère, aux normes démocratiques élevées. La Russie, indiquent-ils, devrait contribuer au financement de ce programme étant donné les ravages qu’elle lui a infligés.

Dans cette résolution, l’Assemblée invite aussi instamment les gouvernements des pays de l’Alliance à renforcer les sanctions à l’encontre de la Russie et à mettre un terme à leur dépendance vis-à-vis des approvisionnements énergétiques russes pour punir Moscou, mais également pour stimuler les investissements dans les sources d’énergie renouvelables.

Le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, dont le pays célèbre le 40e anniversaire de son adhésion à l’OTAN, a insisté sur la nécessité d’un soutien continu à l’Ukraine et sur l’importance de s’assurer que le président russe Vladimir Poutine soit tenu personnellement responsable d’avoir déclenché la guerre.

« Poutine a délibérément porté atteinte à la stabilité et à la sécurité de l’Europe », a souligné M. Sanchez. « La passivité n’est pas envisageable. » L’Espagne, a-t-il indiqué, contribue à hauteur de 270 millions d’euros à l’aide apportée à l’Ukraine, lui a fourni des systèmes antimissiles et du matériel et assurera la formation des troupes ukrainiennes au cours des prochaines semaines.

« Il s’agit d’un moment essentiel dans l’Histoire de l’Alliance atlantique », a fait observer M. Sanchez avant d’inviter les autres Alliés à poursuivre leur soutien, et de rappeler par ailleurs que « l’OTAN ne vise pas le peuple russe, mais l’autocratie de Vladimir Poutine ».

Les autres résolutions portent sur le renforcement de la résilience cybernétique des sociétés alliées de même que sur la nécessité d’apporter notre aide à l’Ukraine, sur les incidences du réchauffement climatique sur la sécurité et la planification et les opérations de l’OTAN, ainsi que sur la nécessité de redoubler d’efforts à l’échelle nationale et au niveau international pour lutter contre la corruption dont Vladimir Poutine et d’autres régimes autoritaires se servent pour saper les gouvernements et dévoyer la démocratie.

Au cours de cette session, la sénatrice française Joëlle Garriaud-Maylam a été élue présidente de l’APOTAN pour l’année à venir. Elle succède au membre du Congrès américain Gerald E. Connolly, le président sortant.

Ce lundi, l’Assemblée a également procédé au renouvellement de son équipe dirigeante et élu les cinq vice-présidents suivants : Zaida Cantera (Espagne), Nicu Falcoi (Roumanie), Kevan Jones (RoyaumeUni), Linda Sánchez (États-Unis) et Michał Szczerba (Pologne).

Le président sortant a souligné que la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine rendait plus urgent l’appel lancé par l’Assemblée en faveur de la création d’un centre pour la résilience démocratique au siège de l’OTAN à Bruxelles.

Ce centre, a fait valoir M. Connolly, répondrait à « l’une des questions déterminantes de notre époque » ; en effet, « après 73 ans d’existence, nous pensons qu’il est temps pour l’OTAN qu’elle mette en place, concrètement, une structure dédiée à la promotion de la démocratie ».

La séance plénière a également vu Mme Olha Stefanishyna, vice-première ministre ukrainienne chargée de l’intégration européenne et euro-atlantique, recevoir officiellement le Prix 2022 Femmes pour la paix et la sécurité ; Mme Stefanishyna est la deuxième récipiendaire de ce prix.

Remerciant l’Assemblée, Mme Stefanishyna a insisté sur le fait qu’elle acceptait « ce prix au nom de toutes les femmes ukrainiennes, qui font tout ce qui est en leur pouvoir pour protéger des envahisseurs russes leur pays, leur famille, leur vie et tout ce en quoi nous croyons ».

Le président du Sénat espagnol, Ander Gil, et la présidente du Congrès des députés, Meritxell Batet, ont aussi figuré au nombre des hauts responsables politiques qui se sont adressés à la séance plénière de l’APOTAN.

L’AP-OTAN offre aux parlementaires des pays de l’Alliance un cadre privilégié leur permettant de débattre de la sécurité de l’Alliance et de peser sur les décisions à ce sujet. Indépendante de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, l’Assemblée constitue un lien entre l’OTAN et les parlements et les citoyens de ses pays membres. Elle assure une plus grande transparence des politiques de l’Organisation et permet aux législateurs et aux citoyens de l’Alliance de mieux comprendre les objectifs et les missions de celle-ci.