L’AP-OTAN débat sur la réponse à apporter à la concentration de troupes russes aux frontières orientales de l’Alliance

28 mai 2018

Varsovie, le 27 mai 2018 – Dimanche, l’Assemblée parlementaire de l’OTAN a discuté des appels à un renforcement du dispositif de défense des frontières orientales de l’Alliance, renforcement dont le but serait de faire pièce à une concentration de troupes russes qui crée un déséquilibre des forces susceptible de déstabiliser la région.

« La raison pour laquelle nous devons réfléchir à un nouveau renforcement du flanc Est est simple », a indiqué le parlementaire canadien Joe Day aux membres de la commission de la défense et de la sécurité  de l’Assemblée. Loin de renoncer à la politique du pire, la Russie l’accentue. Le déséquilibre entre forces classiques qui persiste dans les territoires orientaux de l’OTAN pourrait constituer pour Moscou une tentation bien superflue : nous ne devons jamais donner à la Russie l’occasion de mettre notre détermination à l’épreuve.L’un des grands thèmes de la session de printemps de l’Assemblée, qui se tient cette année à Varsovie, est la nécessité de s’assurer du maintien de forces assez puissantes pour dissuader la Russie d’aggraver la situation sur les frontières orientales de l’OTAN. 

Les parlementaires des 29 pays alliés réunis dans la capitale polonaise recommanderont vraisemblablement aux chefs d’Etat et de gouvernement des membres de l’OTAN de prendre l’engagement, lors de leur sommet de juillet prochain, que les forces déployées en avant sur le flanc Est depuis 2014 en réponse à une intervention militaire illégale de la Russie continueront à disposer de la capacité de soutien et de l’état de préparation requis.
S’adressant à la commission de la défense, le ministre de la défense de Pologne, Mariusz Błaszczak, a expliqué que la Russie étoffait rapidement ses forces armées, contrairement à l’OTAN, et qu’elle disposait désormais d’une certaine supériorité sur les Alliés. La Russie est mieux préparée à mener une guerre classique.Le ministre a ajouté que l’OTAN devait prévoir une formation améliorée et se doter de plus de forces bénéficiant d’un état de préparation élevé pour défendre plus efficacement le territoire de ses membres. Toutefois, un premier déploiement de troupes sur le flanc Est à des fins de dissuasion garantit d’ores et déjà que toute attaque sera[it] suivie d’une riposte prompte et vigoureuse.L’Alliance a envoyé quatre groupes de bataille en Pologne et dans les pays baltes, ainsi que des brigades multinationales supplémentaires en Roumanie. Son plan d’action « Réactivité » permettrait le déploiement de plus de 40 000 hommes en cas d’urgence et la mise en place d’une force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation qui ferait office de fer de lance et dont les 5 000 hommes pourraient être envoyés en n’importe quel endroit de l’Alliance dans un délai de deux à sept jours.

Dans son projet de rapport, M. Day lance cependant une mise en garde : l’avantage classique dont jouit la Russie pour le court terme signifie qu’elle « continuerait à prendre le dessus dans n’importe quel conflit de courte ou de moyenne durée jusqu’à ce que l’Alliance soit en mesure d’amener à pied d’œuvre – vraisemblablement depuis l’Amérique du Nord – des moyens suffisamment abondants pour changer le cours des choses ».
Andrzej Wilk, chercheur au centre d’études orientales de Pologne, a confirmé l’existence de ce danger. Les forces armées russes s’exercent constamment, de sorte qu’elles sont capables de se déployer en grand nombre et rapidement sur différents théâtres d’opérations. En fait, elles se préparent à un conflit militaire classique.Au vu de ces problèmes, l’Assemblée a débattu diverses mesures, dont le déploiement par roulement de troupes et d’équipements – et notamment de systèmes de défense aérienne – plus nombreux sur le flanc Est, la compensation des coupes pratiquées pendant des dizaines d’années dans les dépenses de défense, de manière à contrer les investissements massifs de la Russie dans la modernisation de ses forces armées, la construction de meilleures infrastructures et la suppression des obstacles bureaucratiques qui entravent le déplacement rapide des troupes à l’intérieur du territoire européen. Selon le membre du Congrès américain Ted Poe :  
Nous devons agir autant que nous le pouvons collectivement pour faire échec à une agression russe, car telle est la raison d’être de l’OTAN 

 

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