L’AP-OTAN exhorte les Alliés à accroître leur soutien à l’Ukraine  et à faciliter l’entrée de celle-ci dans l’Organisation

07 octobre 2023

Ce samedi, les membres de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN ont exhorté les Alliés et leurs partenaires à faire montre d’une détermination renouvelée dans leur soutien à l’Ukraine, s’assurer que ce pays ravagé par la guerre dispose des armes et des munitions dont il a besoin et rappeler avec insistance que son avenir s’inscrit dans l’Alliance.

Lors de sa session annuelle, à Copenhague, l’Assemblée a souligné l’importance pour l’Ukraine d’une assistance occidentale sans relâche alors que sa contre-offensive s’éternise, de même que la nécessité de contraindre le président Vladimir Poutine à rendre des comptes pour la guerre illégale qu’il a déclenchée.

« Nous devons mettre toute notre influence politique et diplomatique au service de la cause ukrainienne à l’échelle mondiale », a déclaré Rick Larsen (États-Unis) durant l’examen par la commission de la défense et de la sécurité de l’Assemblée d’un projet de rapport sur le combat de l’Ukraine pour sa liberté et sur la réponse de la communauté internationale à la guerre russe.

« Cela signifie », a poursuivi M. Larsen, « que nous devons tenir la Russie pour responsable de ses crimes au regard du droit international, faire valoir la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine et défendre le droit de celle-ci de choisir ses propres alliances et arrangements de sécurité. »

La commission politique de l’Assemblée a dit redouter que tout signe apparent d’un affaiblissement du soutien à l’Ukraine ne fasse le jeu de Poutine, qui cherche à prolonger la guerre, diviser les pays occidentaux et détruire les infrastructures, certes, mais aussi l’économie de l’Ukraine, de manière que le pays reste dépendant de l’Ouest.

« Nous ne saurions accepter que le recours à la force et à la coercition triomphe des règles et des normes communes », a affirmé Lisbet Zilmer-Johns, secrétaire d’État pour la politique extérieure au ministère des affaires étrangères du Danemark. « Voilà pourquoi le combat, la sécurité et la liberté de l’Ukraine sont aussi les nôtres. »

Céder ou tenter d’imposer un accord de paix sur l’Ukraine donnerait des résultats contraires à ceux escomptés et encouragerait Poutine ou d’autres régimes autoritaires à envahir leurs voisins : telle est la mise en garde adressée aux pays alliés et à leurs partenaires.

Par ailleurs, ceux-ci doivent se préparer à un conflit de longue haleine.

« Cette guerre va durer », a prévenu Gustav Gressel, chercheur principal au Conseil européen des relations internationales, qui a ajouté qu’il n’y aurait probablement « ni trêve, ni cessez-le-feu, ni négociations [de paix] sérieuses » avant 2025.

Sur le terrain, les forces armées ukrainiennes manquent d’armes antichars modernes et ont désespérément besoin de lance-missiles portables, ainsi que de moyens de communication par internet et par satellite, a indiqué Maksym Suprun, ancien commandant de la 66e brigade mécanisée ukrainienne.

M. Suprun a fait observer que la Russie avait l’avantage dans le domaine de la guerre électronique et de la surveillance par drones. « Nous ne vous demandons pas de vous battre pour nous », a-t-il déclaré dans un vibrant appel, « mais bien de nous aider. » Il a repoussé l’idée d’ouvrir des négociations de paix avec Moscou, rappelant qu’il était « inutile de discuter avec un alligator qui a faim ». 

L’une des meilleures façons de garantir la sécurité de l’Ukraine à long terme serait d’accueillir ce pays dans l’OTAN, a-t-on pu entendre au cours des débats.

« J’ai la conviction », a dit Audronius Azubalis (Lituanie), « que tout autre scénario qu’une accession de l’Ukraine à l’OTAN en qualité de membre à part entière ne serait qu’une trêve permettant à la Russie de regagner suffisamment de forces pour réitérer son agression. »

Pour M. Azubalis, qui s’exprimait dans le contexte de l’examen d’un projet de rapport sur l’avenir de la politique de la porte ouverte de l’Alliance, l’accession est « le moyen le plus concret et le plus efficace de prévenir le recommencement d’une guerre aussi longue qu’épuisante sur le continent européen ».

À la commission sur la démocratie et la sécurité, les discussions ont porté sur la nécessité de traduire Vladimir Poutine et ses acolytes devant la justice pour y répondre de la guerre d’agression contre l’Ukraine et des crimes de guerre perpétrés depuis le début de l’invasion, il y a un an et demi de cela.

Dans un projet de rapport dû à Rodrigue Demeuse (Belgique), les pays alliés et leurs partenaires sont instamment priés de continuer à se mobiliser en faveur de la création d’un tribunal international qui serait chargé de juger les crimes d’agression et devant lequel comparaîtraient également les responsables bélarusses ayant prêté main forte aux troupes russes.

Dans le même document, les pays alliés sont invités à mieux financer les institutions internationales – dont la Cour pénale internationale – susceptibles d’enquêter sur ce genre de crimes. Il conviendrait aussi de fournir les moyens techniques requis pour le recueil de preuves dans les cas de violations graves, d’une part, et de venir en aide aux victimes, d’autre part.

L’auteur du projet de rapport a rappelé aux pays alliés qu’ils devraient faire en sorte que la justice ne soit pas sacrifiée à la paix et veiller, quand les canons se tairaient enfin, à ce que le combat contre l’impunité des coupables demeure l’une des principales préoccupations de la communauté internationale.

La sécurité alimentaire mondiale et, singulièrement, les attaques délibérées et systématiques de la Russie contre des installations ukrainiennes d’importance primordiale – ports, exploitations agricoles et infrastructures céréalières – figuraient en bonne place à l’ordre du jour des travaux avec l’examen d’un projet de rapport sur la résilience en tant que parade aux crises mondiales de cette nature.

L’autrice du projet, Julie Dzerowicz (Canada), a souligné combien il était crucial de vérifier de près le respect des sanctions afin de s’assurer que la Russie n’utilisait pas ses propres exportations de produits alimentaires pour obtenir un soutien diplomatique à la guerre illégale qu’elle avait déclenchée.

Mme Dzerowicz a pressé les pays alliés de réunir les ressources qui permettraient aux Ukrainiens de faire face à leurs besoins alimentaires à court comme à long terme.
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