L’AP-OTAN préconise un renforcement de la défense sur le flanc est et accueille favorablement les demandes d’adhésion de la Suède et de la Finlande

30 mai 2022

Selon les débats tenus dans le cadre de la session de l’AP-OTAN ce lundi à Vilnius (Lituanie), l’Alliance doit se confronter à la nouvelle réalité stratégique créée par la guerre déclenchée par la Russie contre l’Ukraine en l’absence de toute provocation ou justification.

L’AP-OTAN a ainsi exhorté les dirigeants des Alliés à renforcer la dissuasion et la défense lors de leur rencontre prévue pour le mois prochain en vue d’actualiser le concept stratégique de l’OTAN. L’Assemblée a par ailleurs accueilli favorablement les demandes d’adhésion à l’OTAN de la Suède et de la Finlande.

« L’invasion totale de l’Ukraine par la Russie est un acte d’agression inédit depuis la seconde guerre mondiale », a déclaré son président, Gerald E. Connolly.

« Son objectif final est de déstabiliser les démocraties, d’ébranler l’ordre de sécurité européen et d’anéantir l’ordre international fondé sur des règles », a ajouté M. Connolly, membre du Congrès des États-Unis. « Cette guerre a créé une nouvelle réalité stratégique à laquelle nous devons faire face sur le long terme. »

M. Connolly a présenté une déclaration adoptée par l’AP-OTAN en séance plénière dans laquelle les dirigeants des Alliés sont invités à « désigner sans ambiguïté […] le révisionnisme et l’agressivité de la Russie comme étant la plus grave et la plus immédiate des menaces pour la sécurité euro-atlantique » lorsqu’ils réviseront le concept stratégique au sommet de Madrid le mois prochain.

L’Assemblée a déclaré que l’OTAN devait « considérablement renforcer » sa dissuasion et sa défense et « passer rapidement à une posture de "défense avancée" », notamment à travers le déploiement permanent de troupes et de matériels sur le flanc est, pour pouvoir défendre le territoire de l’Alliance dans ses moindres recoins.

Le président lituanien Gitanas Nausėda a insisté sur ce point en ajoutant que la politique actuelle, consistant à maintenir des forces de « riposte instantanée » en nombre limité dans les États baltes, ne suffisait plus du fait de l’attaque de l’Ukraine par la Russie.

« Nous devons tout faire pour que Poutine ne s’aventure jamais à tester nos frontières et la détermination de l’OTAN », a-t-il déclaré devant l’Assemblée. « Nous devons prendre des décisions importantes lors du sommet de Madrid. Il est temps que l’Alliance définisse et fixe les objectifs nécessaires au renforcement de notre défense. Nous devons absolument nous assurer qu’il ne reste aucun maillon faible. »

Le président s’est exprimé en faveur du déploiement d’une force OTAN au format brigade. « Il serait incompréhensible pour nos citoyens de conserver le dispositif actuel, et cela n’enverrait pas le bon message à la Russie », a ajouté M. Nausėda. « Nous devons disposer des forces adéquates aux endroits adéquats ».

Mircea Geoana, secrétaire général délégué de l’OTAN, s’est dit persuadé que le sommet de Madrid apporterait des réponses aux préoccupations des Alliés.
« Nos dirigeants vont prendre d’importantes décisions en vue d’améliorer la posture de nos forces sur la totalité du flanc est », a-t-il déclaré. « C’est cela la dissuasion : lever jusqu’à l’ombre d’un doute et écarter toute erreur possible d’appréciation ou de malentendu avec Moscou, non pas pour provoquer un conflit mais bien pour l’éviter et préserver la paix. »

Les intervenants issus des parlements finlandais et suédois se sont également adressés à l’Assemblée pour expliquer en quoi leurs pays contribueront à renforcer la sécurité de toute l’Alliance.

« En intégrant la Suède et la Finlande dans la planification de la défense de l’OTAN, il sera bien plus simple de défendre toute la Baltique en cas de conflit armé », a déclaré Andreas Norlén, président du parlement suédois. « Cela ne profiterait pas uniquement à la Suède et à la Finlande, mais bel et bien à toute l’Alliance. »

« Nous sommes convaincus que l’adhésion de la Finlande augmenterait la stabilité dans la région de la mer Baltique et renforcerait la sécurité de toute l’Europe », a ajouté Matti Vanhanen, président du parlement finlandais. « La Finlande et l’OTAN partagent les mêmes valeurs et se sont toutes deux engagées à défendre un ordre international fondé sur des règles ainsi que les principes de la sécurité européenne ».

L’AP-OTAN a rappelé que, malgré l’omniprésence de la menace russe, l’OTAN ne saurait faire abstraction des autres défis qui menacent la sécurité euro-atlantique. Le nouveau concept stratégique devra donc également tenir compte du terrorisme, de la prolifération des armes de destruction massive, de l’instabilité au sud de l’Alliance et des risques sécuritaires engendrés par le changement climatique.

Vis-à-vis de la Chine, l’OTAN doit convenir d’une politique transatlantique fondée sur « l’engagement, la compétition et la défense des intérêts de sécurité des Alliés », a déclaré le président Connolly.

L’Alliance doit aussi renouveler son engagement à défendre les valeurs démocratiques. « Nous proposons la création d’un centre pour la résilience démocratique au sein de l’OTAN », a ajouté M. Connolly, avant de souligner que cette proposition avait déjà recueilli un large soutien parmi les Alliés.

« Le nouveau concept stratégique doit puiser dans un engagement indéfectible envers les valeurs démocratiques communes, immuables et fondatrices de l’Alliance », a-t-il affirmé. « Il est temps que l’OTAN mette en place une structure concrète dédiée à la réalisation des efforts nécessaires que représente la démocratie ».

D’autres intervenants de haut niveau sont intervenus à la séance plénière et notamment Viktorija Čmilytė-Nielsen, présidente du Seimas, et Ruslan Stefanchuk, président de la Verkhovna Rada.