Bucarest, le 8 octobre 2017 – En cette fin de semaine, l’Assemblée parlementaire de l’OTAN examine les appels en faveur de systèmes de défense antimissile renforcés dans le contexte des provocations nucléaires nord-coréennes, des inquiétudes liées à la puissance balistique iranienne et des craintes que les groupes terroristes puissent acquérir des capacités de missiles.
« La prolifération des missiles balistiques continue de représenter un défi mondial en matière de sécurité », a indiqué le sénateur canadien Joseph A. Day dans un rapport adopté lors de la session annuelle de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN (AP-OTAN), qui se tient cette année à Bucarest.
« Comme davantage d’acteurs étatiques soit acquièrent soit développent des capacités de missiles sophistiquées, les risques de prolifération de ces mêmes capacités vers d’autres pays ou vers des protagonistes non étatiques augmentent », a ajouté M. Day. Il a souligné que les récentes avancées de la Corée du Nord en matière de missiles balistiques font désormais peser une menace directe sur les forces déployées et les territoires états-uniens ainsi que sur le Japon et la Corée du Sud, tous deux partenaires de l’OTAN.
« La poursuite sans relâche, par l’Iran, du développement de systèmes de missiles balistiques à moyenne et à longue portée toujours plus performants justifie l’élaboration, par l’OTAN, d’une défense antimissile balistique souple et étendue à l’ensemble de son territoire européen », a précisé M. Day.
L’OTAN réfute les assertions de Moscou selon lesquelles les systèmes de défense antimissile balistique visent à affaiblir la dissuasion nucléaire de la Russie. Joseph A. Day a fait observer que de telles affirmations, « sans fondement, ne sont que des messages opportuns sur le plan politique puisqu’adressés au public russe ».
Le spécialiste Thomas Karako (maître de recherche au Centre d’études stratégiques internationales), a toutefois indiqué à l’audience que le moment était venu pour l’OTAN « de déclarer qu’un problème de missiles se pose avec la Russie ». L’intervenant s’est particulièrement intéressé aux capacités de frappe de niveau inférieur, lesquelles pourraient empêcher l’Alliance de renforcer ses frontières orientales en cas de conflit.
« Les déploiements russes, à Kaliningrad ou sur les bases du Bélarus, pourraient isoler le flanc oriental de l’OTAN, exposer les forces terrestres de celle-ci et entériner un fait accompli qui représenterait un défi pour l’Alliance ou pourrait résulter en escalade généralisée pour la sauver », a prévenu M. Karako. Toujours selon lui, l’installation par l’OTAN d’un système intégré de défense antimissiles multicouches aurait un effet dissuasif.
La menace d’une attaque de missile par la Corée du Nord a constitué l’un des principaux thèmes de l’exposé sur l’ensemble des risques qui menacent la stabilité de l’Asie de l’Est par Theresa Fallon, directrice du Centre d’études sur la Russie, l’Europe et l’Asie.
Selon elle, « la menace à la sécurité en Asie de l’Est s’est aggravée au fil du temps. (…) Il y a une transformation dans l’équilibre des forces à l’échelle mondiale en raison des menaces émergentes, des armes de destruction massive, de la prolifération, du terrorisme international et des cyberattaques. »
Outre la menace très sérieuse que fait peser la Corée du Nord, l’intervenante a relevé l’expansionnisme chinois en mer de Chine méridionale, les tensions entre Beijing et Tokyo en mer de Chine orientale, la menace terroriste islamiste en Asie du Sud-Est, ainsi que les divergences entre la Chine et les États-Unis sur la question taïwanaise. « La probabilité d’une erreur d’appréciation ou d’un incident non intentionnel augmente. (…) Un mécanisme efficace de résolution des crises fait défaut, ce qui est source de préoccupation majeure dans la région », a averti Mme Fallon.