Halifax (Canada), le 18 novembre 2018 – Les pays de l’OTAN doivent redoubler d’efforts pour tenir les engagements qu’ils ont pris dans le domaine des dépenses de défense et, en particulier, de la recherche etdéveloppement (R&D) si l’Alliance atlantique veut être en mesure de défendre ses membres contre les menaces en mutation rapide qui pèsent sur leur sécurité. Tel est le message adressé ce dimanche à l’Assemblée parlementaire de l’OTAN (AP-OTAN), qui tient en ce moment sa session annuelle à Halifax (Canada).
Au cours de la session, parlementaires et spécialistes ont souligné que la guerre avait changé de visage : désormais, les troupes ne s’avancent plus au pas de marche « jusqu’à se voir dans le blanc des yeux » et les affrontements se font souvent à la vitesse de la 5G contre des belligérants souvent mal identifiés venant d’autres continents.
Le débat a porté sur la tendance de l’OTAN à vouloir tirer des enseignements du passé plutôt qu’à essayer d’appréhender la nature et l’ampleur des menaces à venir.
« Pour l’Alliance, le danger réside dans le fait de se préparer au conflit d’hier au lieu de procéder à un réalignement de ses paradigmes et de se placer dans la perspective de l’éventuel conflit de demain », a indiqué la parlementaire canadienne Leona Alleslev aux membres de la commission des sciences et des technologies de l’Assemblée.
Dans son projet de rapport, Mme Alleslev presse les Alliés de consacrer au moins 2 % de leur produit intérieur brut à la défense et de réserver plus d’un cinquième de ce pourcentage aux équipements d’importance majeure et à la R&D. Elle les invite aussi à promouvoir l’innovation dans les technologies militaires, démarche à laquelle leurs efforts conjoints peuvent contribuer à conférer une valeur ajoutée.
Selon le représentant des Pays-Bas au Comité pour la science et la technologie de l’OTAN, Auke Venema, un budget de la défense insuffisant risque d’aggraver les retards dans le secteur de la R&D. M. Venema a lancé un avertissement : L’Alliance est en mauvaise posture. Elle n’est plus sûre de sa supériorité, elle n’est plus certaine d’avoir l’avantage. Ce n’est pas le moment de croiser les bras ou de relâcher sa vigilance. M. Venema a ajouté : « Il est crucial de disposer le plus vite possible de moyens supplémentaires : si nous ne prenons pas les mesures nécessaires dès aujourd’hui, les difficultés auxquelles nous nous heurterons dans cinq ou dix ans seront bien plus nombreuses que nous ne pouvons l’imaginer ».
Le secrétaire général adjoint délégué à la tête de la division Investissement pour la défense de l’OTAN, Gordon Davis, a rappelé combien il était important d’accélérer le développement des capacités militaires afin d’aider l’Alliance à « regagner la supériorité ».
Ce serait aussi, a dit M. Davis, un moyen « d’élargir le débat entre chefs d’État et de gouvernement tendant à se concentrer sur les seules dépenses de défense et d’en faire une contribution effective et essentielle qui ne se limiterait pas au partage du fardeau de la défense en fonction d’un pourcentage donné ».
Les membres de la commission de la défense et de la sécurité de l’Assemblée ont, pour leur part, adopté un projet de résolution demandant instamment aux pays alliés de redoubler d’efforts pour se conformer aux lignes directrices relatives aux dépenses de défense et soumettre rapidement des plans crédibles permettant d’atteindre cet objectif pour 2024.
Cette résolution, proposée à l’Assemblée par le parlementaire hongrois Attila Mesterházy, presse les parlementaires d’interroger les autorités militaires de leurs pays respectifs sur la façon dont ils satisfont aux recommandations de l’OTAN concernant les dépenses de défense, de manière à garantir que les contributions soient utilisées le mieux possible.