L’instabilité au Sahel et l’aggravation de la pandémie menacent la stabilité de la région MOAN

10 décembre 2020

Pour la seconde fois de l’année 2020, le Groupe spécial Méditerranée et Moyen-Orient (GSM) de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN s’est réuni en ligne pour présenter deux rapports avant de les adopter. La rencontre, qui s’est tenue le 11 décembre 2020, était présidée par le sénateur Gilbert Roger (France), président par intérim du Groupe, et a rassemblé 30 parlementaires issus de 18 États membres de l’OTAN.

Lors de la rencontre, les membres du Groupe ont adopté le rapport sur le développement et la sécurité dans la région du Sahel, rédigé par le rapporteur du Groupe Ahmet Berat Conkar (Turquie), ainsi que le rapport sur la Covid-19 dans la région MOAN, rédigé par le sénateur Roger. De plus, Giovanni Romani, président de la section Moyen-Orient et Afrique du Nord de la division des Affaires politiques et politique de sécurité de l’OTAN, a parlé du rôle de l’OTAN dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MOAN).
M. Conkar a commencé son intervention en faisant la liste des problèmes sérieux auxquels est confrontée la région du Sahel : l’instabilité économique, l’extrême pauvreté, le réchauffement climatique, la forte croissance démographique, le chômage des jeunes, la fragilité politique et sociale, la corruption, le terrorisme et la pandémie mondiale.

Le rapporteur laisse entendre que le terrorisme et l’immigration clandestine en provenance du Sahel sont des sources de préoccupation majeure. En revanche, il est problématique d’associer ces deux phénomènes distincts, car ils découlent chacun d’origines très complexes. Les problèmes sécuritaires au Sahel et l’immigration clandestine ont eu, selon lui, de graves répercussions politiques, sociales et économiques en Afrique du Nord et en Europe. Cela est également devenu un problème de répartition des charges en Europe, a-t-il ajouté.

Le rapporteur a fait remarquer que l’opération Serval menée par la France a permis d’empêcher des groupes terroristes de s’emparer de la ville de Bamako. L’opération Barkhane, elle aussi menée par la France, a également permis de sécuriser un territoire aussi vaste que l’Europe.
M. Conkar a suggéré que la stabilisation de la Libye contribuerait à lutter contre le terrorisme, à favoriser le développement économique de la région et à s’attaquer à la question de l’immigration clandestine dans la région du Sahel élargie. Il a ajouté que l’OTAN devait continuer à soutenir un processus inclusif de règlement politique et de réconciliation en Libye.

Lors de la présentation de son avant-projet de rapport sur la pandémie de Covid-19 dans la région MOAN, le sénateur Roger a souligné que la situation épidémiologique s’était considérablement aggravée au cours des derniers mois, mais qu’il était difficile de généraliser. En effet, la région MOAN est hétérogène et présente d’importants écarts en termes de niveau de développement. Les pays du Golfe, par exemple, jouissent de systèmes de santé publique robustes et ont la capacité de répondre à l’épidémie de façon inconcevable pour des pays en guerre comme le Yémen, la Lybie et la Syrie.

Le rapporteur a également souligné que la région avait été frappée par la récession mondiale liée à la pandémie. Les périodes de confinement, les ruptures des chaînes d’approvisionnement, la chute de la demande, la montée du chômage et la fuite des capitaux d’investissement ont bouleversé le système économique international.

Parallèlement, la demande de pétrole et de gaz, importante source de richesse pour la région, s’est effondrée, entraînant des répercussions en série sur l’ensemble de la région.
Le sénateur Roger a poursuivi en expliquant que, malheureusement, la maladie et la récession ont eu des conséquences néfastes en particulier pour les groupes vulnérables comme les travailleurs informels, les réfugiés, les femmes et les enfants dans toute la région. Bien plus qu’un défi humanitaire, la situation représente également un risque de déstabilisation sociale et politique. Cependant, plusieurs gouvernements de la région ont réussi à adapter leurs politiques pour venir en aide à ces groupes vulnérables.

M. Roger a encouragé l’OTAN à poursuivre son engagement dans la région et à approfondir ses partenariats essentiels. Le dialogue avec les pays partenaires en Afrique du Nord, au Levant et dans le Golfe sur la question sécuritaire a permis de mieux comprendre les intérêts communs de préserver la stabilité de la région. La position de l’OTAN lui permet de contribuer à la paix et à la stabilité de la région, première étape essentielle sur la longue route de la reprise après cette terrible pandémie.
 

Ces thématiques ont également été abordées par M. Romani. Ce dernier a informé les membres du GSM de l’approche et des principes actuellement suivis par l’OTAN dans le cadre de ses partenariats dans la région MOAN et au Sahel. Il a également évoqué plusieurs trajectoires possibles pour l’Alliance. Celles-ci passent notamment par le développement de la connaissance situationnelle de l’OTAN, l’approfondissement du dialogue avec les partenaires actuels et l’exploration de nouvelles opportunités de partenariat sur des questions communes de sécurité. Il a souligné l’importance d’aller voir et d’échanger avec les parlementaires de la région. Il a ajouté qu’il avait hâte, pour cela, de renforcer les liens avec l’AP-OTAN et le GSM en particulier.

À la fin de la rencontre, les membres du Groupe spécial ont élu Sonia Krimi (France) présidente du GSM et Luca Frusone (Italie) vice-président.

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