Bucarest, 7 octobre 2017 – Selon un rapport adopté ce samedi par des parlementaires de l’ensemble des pays membres de l’Alliance, l’OTAN doit répondre de manière plus concrète à la mutation rapide de la situation sécuritaire dans l’Arctique.
Selon ce même rapport – présenté à la session annuelle de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, qui se tient à Bucarest –, il conviendrait notamment d’augmenter le nombre d’exercices militaires dans la région et de mettre sur pied, au siège de l’Organisation, un « groupe de travail sur l’Arctique » chargé d’analyser les problèmes qui commencent à se poser dans le Grand Nord.
L’auteur du rapport, Gerald E. Connolly, membre du Congrès des États-Unis, a lancé une mise en garde : « Plus que jamais depuis la guerre froide, l’Arctique représente une région d’importance stratégique pour l’Alliance, d’autant que le changement climatique aggrave encore la menace. »
M. Connolly a rappelé qu’en dépit des frictions existantes par ailleurs, l’Arctique était une région où les Alliés et la Russie coopéraient. Cependant, en libérant des ressources et des voies maritimes jusqu’ici prises dans les glaces, le changement climatique pourrait entraîner une montée des tensions, dès lors que lesdites ressources et voies maritimes font l’objet de convoitises multiples.
« Des nuages s’amoncellent à l’horizon et nous ne savons pas quels en seront les effets », a déclaré M. Connolly avant la soumission de son rapport à l’approbation de la commission politique de l’Assemblée. « Le changement climatique peut modifier la donne dans la région et même avoir de lourdes incidences stratégiques. »
La commission de l’économie et de la sécurité (ESC) s’est penchée sur les conséquences plus générales du réchauffement climatique planétaire pour la sécurité. La parlementaire islandaise Lilja Alfreðsdóttir a rappelé que le changement climatique augmentait le taux d’incidence des catastrophes naturelles, engendrant ainsi de nouveaux risques pour la sécurité.
Elle a à son tour lancé un avertissement : « Les inondations et autres catastrophes de nature climatique, qui peuvent déclencher des mouvements migratoires de masse, sont des problèmes de sécurité des personnes, qui peuvent devenir rapidement des problèmes de sécurité transnationaux. »
Dans son rapport, adopté par l’ESC, elle indique que des investissements plus importants dans les énergies de substitution profiteraient aux économies nationales et amélioreraient la sécurité en réduisant les répercussions du changement climatique et en diminuant la dépendance des pays de l’Alliance vis-à-vis des importations de carburant.
« Ces technologies seront plus propres et rendront nos sociétés moins dépendantes d’importations énergétiques en provenance de régions instables ou de pays dont les intérêts sont souvent à l’opposé des nôtres », a dit Mme Alfreðsdóttir, qui a ajouté : « Pour résumer, s’attaquer au problème du changement climatique ne va pas à l’encontre de nos intérêts stratégiques ; c’est même tout le contraire. »
Le professeur Andreas Goldthau, de Royal Holloway (Université de Londres), a évoqué un autre aspect du changement climatique susceptible d’avoir des retombées sur la sécurité : le risque d’un effondrement économique des pays qui dépendent actuellement du pétrole, du gaz ou du charbon si la communauté internationale tenait ses engagements et s’acheminait vers une économie à faible teneur en carbone.
« En fait, ces pays, et plus spécialement les pays du Golfe, mais aussi le Nigeria, voire l’Angola, pourraient être victimes d’une double pénalisation », a estimé le professeur. « Au cours des quinze ou vingt prochaines années, une bonne part de leurs réserves seront devenues des actifs bloqués : il sera impossible d’y investir, la richesse nationale ne vaudra plus rien. »