L’OTAN doit intensifier son soutien à l’Ukraine et renforcer sans tarder les défenses de l’Alliance

20 novembre 2022

Dimanche, à leur session annuelle, les membres de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN ont demandé aux gouvernements des pays de l’Alliance atlantique d’intensifier leur soutien à l’Ukraine face à l’agression russe et de procéder sans tarder au renforcement du dispositif de dissuasion et de défense de l’OTAN elle-même contre « la plus grave menace posée à la sécurité depuis la seconde guerre mondiale ».


Un projet de résolution de l’AP-OTAN invite les Alliés à « augmenter l’aide militaire, financière, humanitaire, ainsi que leur soutien à la formation et au renseignement (...), notamment en accélérant les livraisons d’armes dont le pays a besoin pour se protéger et restaurer son intégrité territoriale ».
L’auteur du projet de résolution, Tomáš Valášek (Slovaquie) ajoute que cette aide doit être maintenue « aussi longtemps que l’Ukraine en aura besoin pour vaincre ». 


Parallèlement, les Alliés doivent rapidement appliquer les décisions arrêtées à leur sommet de juin dernier dans le but de renforcer les défenses de l’OTAN ; il s’agit entre autres de « renforcer la structure de forces de l’Organisation et la présence globale de l’Alliance sur le flanc oriental », comme le demande une résolution distincte due à Cédric Perrin (France).


L’une et l’autre résolutions saluent l’adoption, lors du sommet de juin, du nouveau concept stratégique de l’OTAN, dans lequel M. Perrin voit « une feuille de route solide qui permettra [à l’OTAN] de s’adapter pour faire face aux menaces et aux défis posés par un environnement de sécurité toujours plus complexe ».


Elles demandent aussi aux pays alliés de tenir leurs engagements quant aux dépenses de défense requises pour relever les défis en question.
Les deux textes ont été approuvés par les commissions concernées et devraient être adoptés en séance plénière ce lundi, dernier jour de la session, laquelle se tenait cette année à Madrid.


Une déclaration d’Andriy Kostin, procureur général d’Ukraine, a mis en relief un appel à « la création d’un tribunal international chargé de poursuivre le crime d’agression commis par la Russie du fait de sa guerre contre l’Ukraine », appel contenu dans la résolution de M. Valášek.


Intervenant de Kiev en visioconférence, M. Kostin a affirmé : « La communauté internationale a l’obligation morale (...) de tenir les autorités russes – et leurs complices du régime bélarussien – pour responsables des atrocités et des destructions dont elles se sont rendues coupables. » 


Il a expliqué que, depuis le début de l’invasion totale de février, 47 000 crimes de guerre ayant causé la mort de plus de 8 000 civils – dont 400 enfants – avaient été recensés en Ukraine. Dans sa résolution, M. Valášek invitait instamment les gouvernements des pays alliés à « déclarer sans la moindre ambiguïté que le régime actuel russe est un régime terroriste ».


Indépendamment de l’urgente nécessité d’intensifier l’aide militaire, financière et politique à l’Ukraine pendant cette phase du conflit, l’Assemblée a insisté sur l’importance d’un engagement à long terme en faveur de la démocratie, de la reconstruction et de l’intégration euro-atlantique du pays.


Dans un rapport adopté par la commission de la défense et de la sécurité, Rick Larsen (États-Unis) observe : « Les Alliés ont à leur ordre du jour une double tâche urgente : (...) ils ont le devoir de fournir immédiatement une assistance financière et militaire à l’Ukraine (...) [et] ils doivent trouver les voies et moyens de garantir dans le long terme la prospérité de la démocratie ukrainienne. »


Constatant les conséquences de la guerre à l’échelle mondiale, l’Assemblée s’est félicitée de l’approche à 360° du nouveau concept stratégique et, en particulier, de l’insistance sur la menace terroriste, les attaques cybernétiques, la prolifération des armes de destruction massive, les conséquences du changement climatique pour la sécurité et l’instabilité régionale. 


Dans sa résolution, M. Perrin estime que les Alliés doivent collaborer entre eux et avec leurs partenaires pour « répondre aux défis systémiques que la Chine fait peser sur la sécurité euro-atlantique ». Dans la sienne, M. Valášek considère que, tout en « réduisant les dépendances stratégiques » vis-à-vis de la Chine, ils doivent « rechercher des possibilités de dialogue constructif avec Pékin [dans des domaines] comme le changement climatique, la transparence militaire ou encore la maîtrise des armements ».