Samedi 21 novembre, l’Assemblée parlementaire de l’OTAN a estimé que les pays alliés devaient se doter de résilience face à la menace de pandémies futures, notamment en investissant dans des mesures de protection de l’économie, en intensifiant la coopération internationale et en évitant de dépendre exagérément de « rivaux stratégiques » tels que la Chine. Une résolution a été déposée, qui invite instamment les gouvernements alliés « à prendre pleinement conscience que ne pas se prémunir contre l’éventualité d’une future pandémie pourrait s’avérer catastrophique ».
La résolution souligne la nécessité « [d’]investir dans les infrastructures, les institutions, le personnel, l’équipement, la formation, les procédures, les plans d’urgence » et de disposer de « procédures internationales soigneusement articulées pour ériger une résilience nationale et internationale face aux pandémies ».
Rédigée par Christian Tybring-Gjedde (Norvège), elle a été adoptée à l’unanimité par la commission de l’économie et de la sécurité (ESC) lors de la 66e session annuelle de l’Assemblée, session qui, cette année, se tient en ligne pour cause de pandémie de Covid-19.
Les recommandations de politique économique adressées aux gouvernements alliés portent, entre autres, sur l’octroi d’une aide aux pays en voie de développement durement touchés, l’élaboration de stratégies à long terme visant à alléger le poids d’une dette en augmentation, l’intensification de la coopération européenne et transatlantique dans les secteurs fiscal et monétaire et la création de partenariats entre gouvernements, scientifiques et économistes pour se préparer aux risques à venir.
Les pays alliés doivent s’en tenir aux objectifs fixés en matière de dépenses de défense, de manière à pouvoir parer à des menaces géopolitiques qui risquent d’être exacerbées par la pandémie et ses retombées économiques. Il convient par ailleurs de consacrer des efforts supplémentaires à la cybersécurité et à la mobilité militaire, deux atouts essentiels en cas d’urgence sanitaire.
La résolution met en garde les pays alliés contre leur « dépendance excessive envers des rivaux stratégiques comme la Chine dans plusieurs secteurs critiques des technologies de pointe et/ou liées à la santé » et souligne « que les investissements étrangers dans des entreprises occidentales représentent un des moyens par lequel ces pays peuvent potentiellement mettre en danger des chaînes d’approvisionnement vitales ». Cette dépendance excessive peut être contrée par une surveillance accrue des investissements étrangers dans des secteurs stratégiques d’importance cruciale.
Dans un exposé distinct sur les implications de l’initiative chinoise baptisée « Route de la soie » (BRI) et visant à aménager des couloirs économiques d’ampleur mondiale, M. Tybring-Gjedde a admis que « quelques éléments » du projet « pourraient être intéressants d’un point de vue commercial » ; il a cependant rappelé « qu’il ne [fallait] pas s’y tromper : certaines facettes de la BRI et les aspects de la diplomatie chinoise qui s’y rapportent vont à l’encontre des valeurs occidentales ».
Il conviendrait que « les pays alliés finissent par convenir d’une stratégie propre à répondre à ce défi ». Une telle stratégie devrait comporter une position transatlantique coordonnée sur les transferts technologiques et sur la sécurité de secteurs d’importance névralgique comme les télécommunications de cinquième génération, à quoi s’ajouterait une surveillance plus étroite des ambitions nourries par la Chine dans des régions comme l’Arctique ou les Balkans occidentaux.