L’OTAN doit rattraper son retard de communication face à la Russie et à Daech

09 octobre 2017

Bucarest, le 7 octobre 2017 – Les pays de l’OTAN s’adaptent trop lentement à la révolution de l’information et doivent prendre position de manière plus coordonnée et plus résolue contre la propagande et l’utilisation abusive des informations en ligne alors que la Russie et des groupes terroristes comme Daech en profitent, ont rappelé samedi des parlementaires de l’OTAN.
 
Au cours de la session annuelle de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN à Bucarest, des législateurs des pays membres de l’Organisation ont, à la suite de préoccupations soulevées sur les ingérences dans la tenue des élections aux États-Unis, en France et au Monténégro, invité les Alliés à agir en étroite coopération avec l’Union européenne pour combattre l’influence extérieure qui s’exerce au travers des médias sociaux.
 
« Il est inacceptable qu’une puissance étrangère ou ses agents s’ingèrent dans les affaires intérieures d’un autre pays souverain ou cherchent à influer sur elles. La coopération OTAN-UE revêt une grande importance dans ce domaine », a déclaré la législatrice lituanienne Rasa Jukneviciene aux membres de la commission politique de l’AP-OTAN.
 
« Je crains que nous n’en soyons qu’au tout début et que les tentatives d’ébranlement de nos sociétés à coups de fausses informations diffusées par la Russie - ainsi que par d’autres acteurs - ne se poursuivent », a-t-elle indiqué.
 
Avec près de trois milliards d’usagers assidus des médias sociaux, Internet et les téléphones intelligents sont devenus des outils permettant de fomenter des révolutions comme en Ukraine ou dans le monde arabe. Ils ont aussi joué un rôle dans la tentative manquée de coup d’État en Turquie ou encore dans les menées indépendantistes de la semaine dernière en Catalogne.
 
« Les médias sociaux s’insinuent de plusieurs manières dans le domaine de la sécurité et de la défense », a déclaré la parlementaire Jane Cordy (Canada) à ses homologues de la commission sur la dimension civile de la sécurité. En effet, selon elle, Daech recourt à ces outils pour répandre son idéologie, recruter des membres, lever les fonds, envoyer des ordres et diffuser ses messages de violence.
 
« Notre Alliance a la lourde tâche de protéger nos démocraties contre les forces subversives, tout en conservant un Internet libre », a-t-elle souligné.
 
Le rapport de Mme Cordy sur l’arsenalisation de l’information souligne l’importance de s’associer à des géants du web comme Facebook, Twitter, YouTube pour s’assurer que les fausses informations et les contenus malveillants soient rapidement retirés de leurs plateformes.
 
« Il est temps que Facebook et Twitter arrêtent d’invoquer le fait qu’[ils] ʺne sont que des fournisseurs de technologie et ne publient rien eux-mêmesʺ », a estimé la députée britannique Mary Helen Creagh. « Il est évident que, de plus en plus, ils gagnent de l’argent et autres sources de revenus en tant que sociétés de médias. »
 
Mark Galeotti, chercheur principal au Centre de sécurité européenne de l’Institut des relations internationales de Prague, s’est efforcé d’apaiser les craintes concernant la domination de la Russie dans le domaine de l’information. Il a indiqué que cette dernière s’employait à diviser les Alliés en exploitant leurs différences et à détourner leur attention en simulant crise sur crise, afin qu’ils ne parviennent pas à relever de plus sérieux défis.
 
« D’une certaine manière, les Russes sont très contents que nous parlions tant de guerre de l’information », a-t-il dit. « Cela les fait paraître beaucoup plus puissants que ce qu’ils ne le sont. »
 
Il a engagé les Alliés à considérer la guerre de l’information menée par la Russie comme s’inscrivant dans le cadre d’une campagne politique plus vaste, et non comme une arme à elle toute seule.
 

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