L’OTAN et l’UE doivent s’engager à fournir une aide à long terme à l’Ukraine et à maintenir les sanctions à l’encontre de la Russie

19 novembre 2022

L’OTAN et l’Union européenne (UE) doivent se préparer à fournir un soutien économique à long terme à l’Ukraine afin qu’elle puisse se reconstruire et rejoindre la famille démocratique des nations occidentales, tout en continuant à durcir les sanctions à l’égard de la Russie et à la tenir pour responsable des crimes de guerre, ont indiqué samedi les parlementaires de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN (AP-OTAN).

Lors de la session annuelle de l’AP-OTAN à Madrid, l’OTAN et ses pays partenaires ont été encouragés à maintenir leurs dépenses de défense dans un environnement de sécurité plus complexe où sévit une guerre interétatique, et où doivent également être relevés des défis tels que le terrorisme, le sabotage énergétique et les cyberattaques.

Les débats au sein de la commission de l’économie et de la sécurité (ESC) ont porté sur le projet de résolution établi par la parlementaire britannique Harriet Baldwin qui devrait être adopté au cours de la séance plénière de lundi, et qui invite les pays membres de l’Alliance à aider l’Ukraine à renforcer la protection de ses infrastructures civiles alors que la Russie y intensifie ses attaques délibérées.

Les parlementaires ont appelé au lancement d’un programme d’aide comparable au plan Marshall pour la reconstruction d’une Ukraine plus prospère, aux normes démocratiques élevées. La Russie, indiquent-ils, devrait contribuer au financement de ce programme étant donné les ravages qu’elle lui a infligés.
Ils reconnaissent que l’Ukraine aura besoin d’un soutien financier et politique constant bien après la fin de la guerre, avant d’appeler les gouvernements des pays de l’OTAN et de l’UE à élaborer une stratégie pour ce faire avec les grandes institutions financières internationales.

Jacob Kirkegaard, chargé de recherche au sein du German Marshall Fund des États-Unis, a estimé que les coûts de la reconstruction de l’Ukraine pourraient être de l’ordre de « quelques centaines de milliards » au cours de la décennie à venir, et que l’Union européenne devra probablement payer une grande partie de la note.

À mesure que l’Ukraine progressera sur la voie de l’adhésion au bloc occidental, « c’est tout naturellement que l’UE y deviendra l’acteur dominant », a déclaré l’intervenant avant de préciser que l’Union « devra [probablement] fournir les fonds nécessaires ».

L’intervenant a préconisé que le G7 et l’Ukraine établissent les priorités en matière de dépenses.

Dans ce projet de résolution, l’Assemblée invite aussi instamment les gouvernements des pays de l’Alliance à renforcer les sanctions à l’encontre de la Russie et à mettre un terme à leur dépendance vis-à-vis des approvisionnements énergétiques russes pour punir Moscou, mais également pour stimuler les investissements dans les sources d’énergie renouvelables.

Nadia Calviño, première vice-présidente du gouvernement espagnol et ministre de l’Économie et de la transformation numérique, a souligné l’importance d’être indépendants sur le plan énergétique vis-à-vis de la Russie du président Vladimir Poutine.

Elle a précisé comment l’Espagne et le Portugal avaient procédé à la diversification de leurs importations énergétiques et investi massivement dans les énergies renouvelables. « Cela nous a permis de résister au chantage de M. Poutine », a-t-elle indiqué à la commission. « L’autonomie et l’indépendance énergétiques revêtent une grande importance en ce qu’elles nous offrent de grandes possibilités ».

La ministre espagnole de la défense, Margarita Robles, a exprimé sa solidarité envers l’Ukraine et  confirmé que l’Espagne atteindrait d’ici 2029 l’objectif consistant à consacrer 2 % de son PIB à la défense. « Ce ne sont pas là de vains mots ; au contraire, cela deviendra une réalité », a-t-elle déclaré à la commission de la défense et de la sécurité (DSC).

Le rapporteur général par intérim de la commission politique (PC), Tomas Valasek (Slovaquie), a noté avec satisfaction que l’OTAN avait replacé la défense collective et la dissuasion au cœur du concept stratégique adopté en 2022, étant donné la guerre menée en Ukraine par la Russie.

« Dans le passé, le manque de clarté avait entraîné une insuffisance au niveau des orientations fournies aux responsables militaires, une incapacité à investir suffisamment dans les capacités militaires et une absence de plans de circonstance adéquats. Cela aurait pu coûter cher à l’Alliance », a fait remarquer M. Valasek. 

Le ministre espagnol des affaires étrangères, Jose Manuel Albares, a rappelé que l’unité et la solidarité transatlantiques ont été renforcées « d’une manière extraordinaire et sans précédent », et ce malgré les dissensions pouvant être engendrées par la guerre en Ukraine.
« Ces derniers mois, nous avons démontré que seule l’unité peut nous permettre de défendre nos valeurs et nos principes démocratiques et de répondre à ceux qui, par leurs actions, cherchent à saper les fondements de l’ordre international sur lequel s’est édifiée la prospérité de nos sociétés », a-t-il déclaré.