L’OTAN mise en garde contre les tentatives russes et chinoises de porter atteinte aux valeurs occidentales et à un ordre fondé sur des règles

10 octobre 2021

LISBONNE - Les Alliés doivent surveiller étroitement la Russie et la Chine, car elles s’emploient, par des politiques étrangères et de défense agressives qui confirment leur rejet des valeurs occidentales, à mettre à mal un ordre international fondé sur des règles, ont rappelé samedi analystes et parlementaires des pays de l’OTAN.


Dans une série de projets de rapport, de projets de résolution et d’exposés, plusieurs commissions réunies dans le cadre de la session annuelle 2021 de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN (AP-OTAN) qui se tient actuellement au Portugal, ont examiné le comportement militaire de plus en plus déterminé de la Russie et les conséquences de l’essor de la Chine et de sa posture militaire.


« L’on peut s’attendre à ce que la synergie entre ces deux pays augmente, y compris dans le domaine militaire », a indiqué Brendan Boyle, membre du Congrès des États-Unis.  « Les Alliés doivent absolument surveiller de près la collaboration entre Pékin et Moscou et doivent échanger entre eux informations et analyses,  éventuellement en créant [à l’OTAN] une unité dédiée ».


Présentant son projet de rapport à la commission politique, Brendan Boyle a estimé qu’il ne servait à rien de ménager la Russie aux fins d’essayer de les maintenir éloignées. « Dans nos relations avec la Chine et la Russie, nous devons nous efforcer de faire preuve de cohérence, de prévisibilité et d’engagement en faveur d’un ordre fondé sur des règles », a-t-il souligné.


Les parlementaires ont reconnu que la révision par l’OTAN de son concept stratégique - l’énoncé de la mission de l’alliance politico-militaire que forment 30 pays et qui doit être rendu public en juin 2022 lors d’un sommet à Madrid - offre l’occasion unique d’insister sur la menace que la Russie et la Chine font peser sur nos valeurs.


Devant la commission de la défense et de la sécurité (DSC), Meia Nouwens, de l’Institut international d’études stratégiques, a fait observer que « les relations sino-russes constituent un défi pour l’OTAN s’agissant du partage des charges et de la question de savoir où concentrer les efforts et l’allocation des ressources. »


Un projet de résolution sur lequel les parlementaires devront se prononcer lors de la séance plénière de lundi à Lisbonne, invite instamment les Alliés à souligner dans le concept stratégique [révisé] que « les actions agressives de la Russie constituent la menace la plus immédiate pour la sécurité euro-atlantique et pour les valeurs communes de l’Alliance que sont la liberté individuelle, les droits humains, la démocratie et l’État de droit».


Par ailleurs, un projet de rapport sur les conséquences de la posture de défense de la Chine recommande que les Alliés saisissent l’opportunité qui se présente avec la révision du concept stratégique de « positionner [l’Alliance] comme point d’ancrage de la stabilité régionale et, par extension, de la stabilité mondiale, et comme défenseuse des valeurs et idéaux consacrés par le Traité de Washington ».


« Au moment de se positionner officiellement dans un monde empreint par la puissance de la Chine, il est préférable pour l’Alliance de rappeler les valeurs qu’elle défend plutôt que ce à quoi elle s’oppose », indique la parlementaire portugaise Lara Martinho dans le projet de rapport qu’elle a présenté devant la sous-commission sur l’avenir de la sécurité et des capacités de défense (DSCFC).


Le rapport signale que Pékin investit actuellement dans le développement de forces armées modernes, capables de défendre les intérêts croissants de la Chine dans le monde. Si elle ne représente pas une menace immédiate pour les Alliés, il est de plus en plus évident qu’elle constitue « un danger [qui]] se profile à l’horizon ».


Comme en témoigne encore la décision prise cette semaine par l’OTAN de retirer l’habilitation qu’elle avait accordée à huit membres de la délégation russe auprès du siège de l’Organisation (des « agents de renseignement non déclarés »), les activités préjudiciables de Moscou se poursuivent dans la zone euro-atlantique et la posture de défense et de dissuasion de l’Alliance doit s’y adapter, ont indiqué les experts.


En Russie, la manipulation des élections par le président Vladimir Poutine, le bourrage des urnes, la coercition et l’exclusion de candidats « ont transformé cette démocratie imparfaite en un système autoritaire parfait », a déclaré l’opposant politique russe Vladimir Kara-Murza devant les commissions politique et de l’économie et de la sécurité. 


Dans un autre projet de résolution portant sur l’engagement de l’OTAN envers une défense et une dissuasion renforcées à l’horizon 2030, l’AP-OTAN invite instamment les Alliés à « adopt[er] une posture de dissuasion dynamique face à l’agression russe, tout en restant ouverts à un dialogue constructif lorsque cela est possible ».


Le projet de résolution de la DSC les invite aussi à élaborer « une stratégie transatlantique globale et conjointe à l’égard de la Chine, en recherchant idéalement un engagement coopératif lorsque cela est possible, mais en se préparant également à relever tout défi que l’essor de la Chine pourrait poser pour la sécurité transatlantique et l’ordre international fondé sur les règles ».
 

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