Optimisme prudent vis-à-vis du Caucase du Sud et enseignements tirés des crises récentes au cœur des débats du dernier séminaire Rose Roth

29 juin 2021

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Les législateurs de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN (AP-OTAN) ont fait le point lundi sur les événements importants survenus dans la région du Caucase du Sud au cours de l'année écoulée, notamment les retombées de la guerre entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie ainsi que la crise politique en Géorgie. Des responsables politiques ont été invités à persister sur la trêve proclamée entre Erevan et Bakou et à donner un nouvel élan à l'intégration euro-atlantique de la Géorgie. 

Le membre du Congrès américain Gerald E. Connolly, président de l'AP-OTAN, a souligné la nécessité de faire valoir les valeurs démocratiques dans l'engagement de l'OTAN avec les pays partenaires, y compris dans le Caucase du Sud. Selon lui, « ces valeurs doivent être un moteur essentiel de nos partenariats – un programme que notre Assemblée est particulièrement bien placée pour soutenir et promouvoir ». 

Le président Connolly a également réaffirmé le soutien indéfectible de l'Assemblée envers l'intégrité territoriale de la Géorgie ainsi que ses aspirations euro-atlantiques, ajoutant que « pour progresser sur la voie de l'adhésion à l'OTAN, la Géorgie doit continuer à œuvrer pour consolider la démocratie et l'État de droit et réduire la polarisation politique. » 

Le séminaire en ligne, qui s'inscrit dans le cadre du programme Rose-Roth de l'AP-OTAN, a réuni quelque 118 participants, dont 41 parlementaires de 20 pays membres et partenaires de l'OTAN, ainsi qu'un certain nombre d'experts, de diplomates et de représentants de la société civile.  

La représentante de l'OTAN Rosaria Puglisi, cheffe du Bureau de liaison de l'OTAN (NLO) pour le Caucase du Sud/NLO Géorgie, a souligné que l'approche de l'OTAN à l'égard de la région est axée sur la demande et adaptée à la situation. « Si, avec la Géorgie, nous sommes sur une voie solide qui mènera à terme à l'adhésion, comme cela a été fermement affirmé à chaque sommet de l'OTAN depuis Bucarest en 2008, nous avons également reçu des indications selon lesquelles l'Arménie et l'Azerbaïdjan restent intéressés par une collaboration avec l'OTAN », a déclaré Mme Puglisi, qui a également animé le groupe d'experts. 

L'orateur principal, Thomas De Waal, chercheur principal à Carnegie Europe, a comparé la guerre de 2020 à un « tremblement de terre » qui devrait inciter l'Occident à mener une réflexion plus stratégique sur la manière de façonner l'avenir de la région. Il a souligné qu'il existe un vide sécuritaire majeur dans le Caucase du Sud, que l’OSCE et la Russie ne traiteront pas, tandis que l’OTAN n’en a pas la capacité. Il a suggéré que des opportunités existent pour renforcer la coopération économique régionale. « Il faut espérer qu'un programme économique puisse aider à construire la paix dans cette région », a déclaré M. De Waal.  

Tengiz Pkhaladze, chercheur principal au Centre européen d'économie politique internationale, a quant à lui présenté le point de vue de la Géorgie sur la sécurité régionale et les défis politiques à surmonter, principalement dus au refus de la Russie d'accepter les choix européens et démocratiques de ses voisins. Il a fait valoir que l'élargissement de l'OTAN est une voie vers la stabilisation de la région. Il a souligné que si la démocratie géorgienne est jeune et n'est pas sans problèmes, la société géorgienne est unie dans son soutien pour l'adhésion à l'OTAN et à l'UE et reste déterminée à poursuivre les réformes nécessaires. M. Pkhaladze a également appelé à une stratégie internationale plus cohérente pour traiter des cas de violation de la souveraineté. Selon l'intervenant, « nous avons tant d'accords de cessez-le-feu, mais pas de traités de paix ; nous avons des mécanismes pour geler les conflits, mais pas pour les résoudre. » 

Taline Papazian, maître de conférences à l'Université d'Aix-Marseille et directrice de l’Armenian Peace Initiative, a convenu avec Thomas de Waal que la clé de la stabilité réside dans la transformation du Caucase du Sud d'un concept géographique en un concept politique par le renforcement de la coopération régionale et la facilitation des contacts entre les peuples. Elle a averti qu'après la guerre de 2020, le Caucase du Sud risque davantage de devenir une arène de concurrence entre grandes puissances. « L'absence de guerre n'est pas la paix », a souligné Mme Papazian. 

Kavus Abushov, professeur associé à l'académie diplomatique d'Azerbaïdjan, a présenté une évaluation plus optimiste des perspectives de stabilisation de la région. Il a fait valoir que la phase militaire de la confrontation entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan est arrivée à terme et qu'une nouvelle guerre semble peu probable. Il a exprimé l'espoir que de nouvelles étapes vers la normalisation des relations entre les deux pays suivraient, ce qui pourrait conduire à un accord de paix global. Il a aussi souligné le rôle central de la diplomatie et déploré qu'elle ait été sous-utilisée avant la guerre de 2020. « Cette guerre a été une tragédie particulière, puisque le même résultat final aurait pu être atteint sans aucun sacrifice de vies humaines », a déclaré M. Abushov. 

Le séminaire Rose-Roth, programme phare de l'Assemblée, lancé en 1991 par Charlie Rose, membre du Congrès américain, et Bill Roth, sénateur, est une plateforme unique en son genre qui réunit des législateurs des pays membres et partenaires de l’OTAN, des experts, des responsables gouvernementaux et des représentants de la société civile, afin de promouvoir le dialogue, soutenir le développement du contrôle parlementaire démocratique, renforcer la sensibilisation des élus et partager l'expérience et l'expertise. Ce programme est également soutenu par le gouvernement suisse. L'ambassadeur Philippe Brandt, chef de la mission suisse auprès de l'OTAN, s'est adressé aux participants du webinaire, soulignant l'importance du contrôle parlementaire sur le secteur de la sécurité. 

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