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La pandémie de Covid-19 a souligné la vulnérabilité des pays de l'OTAN en cas d’attaque à l’arme biologique et les Alliés devraient tirer avantage d’une sensibilisation évidente du public à cette question pour renforcer leurs stratégies de défense à cet égard. Tel a été l’un des messages convoyés aux parlementaires participant à une réunion de la commission des sciences et des technologies ce dimanche, tenue dans le cadre de la session de printemps 2021 de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN.
Au cours de cette même réunion, les participants, tous issus de pays membres et partenaires ont également débattu des nouvelles menaces posées à la sécurité dans l'espace, ainsi que de l'importance d'un renforcement de la coopération scientifique et technologique (S&T) avec les pays partenaires de l'Alliance dans la région Asie Pacifique.
La propagation rapide du coronavirus, qui a tué plus de 3,3 millions de personnes, aurait sensibilisé le public aux risques posés par une éventuelle attaque à l’arme biologique, selon un avant-projet de rapport de la commission consacré à la thématique des armes biologiques.
« La pandémie de Covid-19 a exposé une vulnérabilité mondiale face à ce type de menaces et donne un aperçu des répercussions potentielles d'un épisode de nature biologique à grande échelle, » a déclaré la parlementaire canadienne Leona Alleslev, autrice de ce projet de rapport.
« Il est essentiel que nous prenions d'urgence toutes les mesures nécessaires pour atténuer l'impact de futurs incidents – que ceux-ci soient délibérés, accidentels ou d'origine naturelle – sur nos sociétés, » a-t-elle déclaré aux membres de la commission.
L’avant-projet de rapport examine les défis posés par les progrès réalisés dans le domaine des biotechnologies, évalue le risque que des acteurs non étatiques, comme des groupes terroristes, puissent se procurer des armes biologiques et propose des suggestions sur la manière dont l'Alliance pourrait renforcer ses défenses à cet égard.
Les législateurs ont été invités à surveiller jusqu’à quel point les progrès scientifiques et l'internet peuvent rendre les armes biologiques plus abordables financièrement qui seraient ainsi à la portée d’acteurs malveillants enclins à exploiter la peur engendrée par l'utilisation d’armes imprévisibles sur la population civile.
Mme Alleslev a recommandé que la biodéfense soit inscrite au programme de l'OTAN et que les 30 pays membres veillent à ce que leurs capacités et leurs politiques permettent de faire face à cette menace en constante évolution. L'OTAN devrait être utilisée comme une plateforme d'échange d'expériences et de bonnes pratiques, a-t-elle ajouté. Elle a imploré les Alliés de ne pas réduire leurs dépenses de défense.
Les lacunes potentielles de l'Alliance dans le domaine spatial ont également fait l'objet d'un débat au sein de la commission, les parlementaires ayant constaté une présence croissante de la Russie et de la Chine dans ce qui a été officiellement désigné comme le « cinquième domaine opérationnel » de l'OTAN en 2019.
« Nos systèmes basés dans l'espace sont de plus en plus vulnérables. L'espace extra-atmosphérique reste capital pour les capacités de dissuasion et de défense de l'OTAN, » a déclaré le législateur allemand Karl Heinz Brunner, auteur d'un avant-projet de rapport sur l'espace et la sécurité.
Son texte note que la Chine est désormais considérée comme un concurrent à part entière des États-Unis et de leurs Alliés. En outre, d'autres pays possèdent des systèmes d'armes qui peuvent détruire ou interférer avec les satellites. Le risque croissant de collisions accidentelles dans l'espace reste également une préoccupation majeure.
M. Brunner a déclaré que les incidents liés aux essais d'armes dans un espace de plus en plus encombré « pourraient facilement devenir incontrôlables et pourraient même, je le crains, potentiellement conduire à un conflit sur Terre. Nous devons éviter telle course aux armements et une militarisation de l'espace. »
L’avant-projet de rapport met en garde contre le fait que le cadre juridique international régissant les activités militaires et civiles dans l'espace est à la traîne vis-à-vis des dernières évolutions, les entreprises privées faisant concurrence aux États dans un environnement où les règles sont, pour l’essentiel, restées les mêmes que dans les années 1960.
Dans un autre avant-projet de rapport, les parlementaires ont été informés de l'importance d'étendre la coopération scientifique et technologique de l'OTAN avec les pays partenaires de la région de l’Asie Pacifique.
La parlementaire britannique Nusrat Ghani a déclaré que le réseau S&T de l'OTAN est lourdement sous estimé. Il donne notamment accès aux pays partenaires à des milliers de scientifiques des 30 pays de l'Alliance. La collaboration au sein même de l'Organisation OTAN pour la science et la technologie (STO) est également importante, car le rythme des changements technologiques s'intensifie. Les pays partenaires proches devraient pouvoir être autorisés à devenir des partenaires « nouvelles opportunités » au sein de la STO, s'ils le souhaitent.
Le projet note que la région d’Asie-Pacifique s’est transformée en « un centre de gravité stratégique dans le système international », essentiel à l'économie mondiale. La région, qui revêt une importance croissante pour la sécurité de l'OTAN, est également en train de devenir une plaque tournante mondiale dans le domaine des sciences et des technologies.
« La participation à ces réseaux et programmes est bénéfique pour les deux parties, » a déclaré Mme Ghani, car elle rend le réseau « plus grand que la somme de ses parties individuelles » et permet à « chaque participant de surmonter ses défaillances en matière de S&T ».
Le texte met notamment l'accent sur les avantages d'un rapprochement de l'OTAN avec le Japon et la République de Corée. Il constate également les bonds technologiques réalisés par Singapour, qui n'est certes pas un partenaire officiel de l'OTAN mais endosse néanmoins un rôle de leader mondial en matière d'innovation et entretient de bonnes relations avec l'Alliance.
Lors de sa présentation, Mme Tarja Cronberg, du programme de sécurité européenne au SIPRI [l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm], a fait le point sur les pourparlers visant à remettre sur la voie de l'accord sur le programme nucléaire iranien – le Plan d'action global commun (PAGC) tous les signataires.
Mme Cronberg a souligné que la remise sur les rails du PAGC était fondamentale pour la maîtrise des armements en général et donc, dans l'intérêt de toutes les parties. Néanmoins, à ce jour, il reste difficile de prévoir à l’avance si l’issue de ces discussions sera favorable ou pas.
Télécharger les avant-projets de rapports de la commission des sciences et des technologies
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