L’Assemblée parlementaire de l’OTAN (AP-OTAN) a tenu du 5 au 7 décembre son 22e Forum parlementaire transatlantique annuel à Washington, D.C. en coopération avec la NDU (National Defense University) et l’Atlantic Council. Cent quatre parlementaires issus de 29 pays ont échangé sur les grandes priorités de sécurité transatlantique et ont écouté les interventions de membres du gouvernement américain et d’experts invités.
Dans son discours d’ouverture, la présidente de l’AP-OTAN Joëlle Garriaud-Maylam (France) a notamment souligné que le Forum 2022 se tenait à l’issue d’une année « marquée par la guerre brutale et criminelle de la Russie contre l’Ukraine ; une guerre qui a bousculé l’ordre de sécurité européen ».
La guerre menée par la Russie en Ukraine en l’absence de toute provocation a été à la fois le principal sujet de discussion et un moyen d’appréhender les nouveaux défis auxquels l’OTAN est confrontée. Les participants ont rappelé que leurs pays respectifs s’étaient engagés à faire en sorte que non seulement l’Ukraine remporte la guerre mais que celle-ci gagne aussi « la paix » en reconstruisant le pays sur la base des principes démocratiques que partagent les Alliés et l’Ukraine.
La présidente Garriaud-Maylam a exhorté ses collègues à mettre en œuvre les importantes décisions prises par l’AP-OTAN à Madrid en novembre, ainsi que par les ministres des affaires étrangères de l’OTAN à Bucarest quelques jours auparavant, afin de soutenir l’Ukraine. Invitant les membres de l’Assemblée à œuvrer auprès de leurs parlements nationaux respectifs, elle a particulièrement insisté sur les propositions de la résolution 479 de l’AP-OTAN prévoyant de « déclarer sans la moindre ambiguïté que le régime russe actuel est un régime terroriste » et d’« œuvrer conjointement à la création d'un tribunal international chargé de poursuivre le crime d’agression commis par la Russie ».
Au cours des réunions, les membres et leurs interlocuteurs invités ont également échangé sur la réaction à adopter face aux « ambitions et [aux] politiques coercitives [de la Chine] qui sont contraires à nos intérêts, à notre sécurité et à nos valeurs », comme le formule le concept stratégique. La présidente Garriaud-Maylam a insisté sur le fait que « ces déclarations doivent désormais devenir de véritables axes de travail ». Parallèlement, il est ressorti des débats que les Alliés continueraient à échanger avec la Chine sur les enjeux en commun, comme le changement climatique.
Les législateurs se sont félicités de la remarquable unité politique dont fait preuve l’Alliance, en particulier depuis la nouvelle invasion russe. Plusieurs ont toutefois fait remarquer qu’il ne fallait pas tenir cette extraordinaire cohésion comme acquise et ont souligné l’importance particulière de conserver le soutien du grand public dans toute l’Alliance, particulièrement à l’heure où les répercussions économiques de la guerre menée par la Russie s’aggravent et où les sanctions prises contre celle-ci prennent pleinement effet.
Organisée quelques semaines seulement après les élections de mi-mandat au Congrès des États-Unis, la rencontre a mis en lumière le consensus politique entre les différents participants américains au sujet de l’OTAN et du soutien apporté à l’Ukraine. Les interlocuteurs américains ont renouvelé leur engagement fort et bipartisan envers l’Alliance et la relation transatlantique. En plus d’exprimer leur engagement à continuer de fournir une assistance immédiate à l’Ukraine, ils ont reconnu qu’aider l’Ukraine à atteindre ses objectifs nécessitera un investissement considérable à long terme.
Le Forum s’est également penché sur la reconstruction de l’Ukraine, la nouvelle posture de dissuasion et de défense de l’OTAN, la préservation de la démocratie et de l’ordre international fondé sur des règles, la sécurité dans le Grand Nord et l’Arctique, les enjeux climatiques et énergétiques ainsi que le lien entre corruption et sécurité.
L’édition 2022 du Forum a également été l’occasion de tenir la toute première conférence commémorative Ojars Eriks Kalnins, en mémoire de l’ancien vice-président de l’AP-OTAN et chef de la délégation lettone, sur le renforcement du lien transatlantique et la défense des valeurs et principes démocratiques communs de l’OTAN.
Défendre la démocratie reste « l’une des priorités centrales de l’Assemblée », a insisté la présidente Garriaud-Maylam, ajoutant que l’Assemblée avait renouvelé, lors de la session de Madrid, sa « détermination à mettre enfin en place, au siège de l’OTAN, un centre pour la résilience démocratique ».
Flickr de l’AP-OTAN.
Les photos de l’évènement sont disponibles sur la page Flickr de l’AP-OTAN.