Photos du séminaire
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a considérablement ébranlé la sécurité internationale, et celle du Nord en a particulièrement ressenti les effets. En outre, les conséquences du changement climatique transforment en profondeur l’environnement, et le monde assiste à une course à l’Arctique où des richesses naturelles deviennent exploitables à mesure que la fonte de la calotte glaciaire s’accélère.
Telles sont les principales conclusions du séminaire Rose-Roth de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN qui s’est tenu à Helsinki (Finlande) du 18 au 20 octobre 2022. Celui-ci a rassemblé 62 parlementaires issus de 25 pays membres et partenaires de l’OTAN.
L’attaque de l’Ukraine par la Russie a entraîné des revirements de politique majeurs en Finlande et en Suède. Comme l’ont constaté les participants, les deux pays condamnent d’une seule et même voix la guerre injustifiée et non provoquée de la Russie en Ukraine et manifestent un soutien fort au gouvernement et au peuple ukrainiens. La Finlande comme la Suède ont, en outre, choisi de renoncer à leur non-alignement de longue date pour demander à rejoindre l’OTAN.
« La Finlande et la Suède partagent nos valeurs démocratiques. Leur adhésion à l’OTAN va considérablement renforcer notre alliance », a souligné le président de l’AP-OTAN, Gerald E. Connolly (États-Unis), lors de son allocution vidéo.
Les responsables finlandais, et notamment le président Sauli Niinistö, ont mis en avant la façon dont la Finlande contribue d’ores et déjà à l’OTAN et à la sécurité euro-atlantique, et comment celle-ci augmentera encore lorsque le pays deviendra membre. « Ici, en Finlande, nous ne nous demandons pas simplement ce que L’OTAN peut nous apporter, mais ce que nous pouvons, nous aussi, apporter à l’OTAN », a fait valoir le président. Matti Vanhanen, le président de l’Eduskunta (Parlement finlandais), a rappelé que « la Finlande est fournisseur et non consommateur de sécurité ; ». Karin Enström, cheffe de la délégation suédoise auprès de l’AP-OTAN, a transmis un message émanant du premier ministre suédois nouvellement élu, Ulf Kristersson : « Tant du point de vue des capacités que de la situation géostratégique, nous sommes en mesure d’apporter une plus-value à l’Alliance, et de renforcer la capacité des pays nordiques et baltes à coopérer et à fournir un niveau de défense conséquent », a-t-il insisté. « Nous continuerons à œuvrer ensemble, de part et d’autre de l’Atlantique, pour une Europe unie, libre, et en paix ».
Le séminaire a également mis en lumière le rôle significatif que joueront, en tant qu’États littoraux de la mer Baltique, les deux futurs membres de l’OTAN. Cette contribution est d’autant plus précieuse au regard de la vulnérabilité des infrastructures maritimes des Alliés, que le récent sabotage des gazoducs Nord Stream illustre clairement.
Comme l’a souligné le ministre finlandais des affaires étrangères, l’Alliance va également bénéficier de la coopération étroite et ancienne entre la Finlande et la Suède dans les domaines de la sécurité et de la défense. Les deux pays partagent des concepts similaires en la matière, mettant chacun l’accent sur une approche pansociétale de la défense de leur pays en cas d’attaque. Comme l’ont appris les délégués, la Finlande et la Suède sont, par ailleurs, en train d’augmenter leurs investissements de défense.
La réponse de l’OTAN à la guerre menée par la Russie en Ukraine s’est traduite par un changement fondamental de stratégie et de posture. À l’heure d’évoquer l’adaptation stratégique de l’OTAN, et en particulier les décisions clés ayant découlé du sommet de Madrid de juin 2022, Ruben-Erik Diaz-Plaja, conseiller principal de l’unité de planification politique du Bureau du secrétaire général de l’OTAN, a noté le tournant radical que représente la description de la Russie, dans le nouveau concept stratégique de l’OTAN, comme « la menace la plus importante et la plus directe pour la sécurité des Alliés ». Par ailleurs, l’Alliance renforce actuellement son dispositif de défense et de dissuasion de façon conséquente. Le séminaire a permis de dégager une série de premiers enseignements que les Alliés devraient tirer de la guerre actuellement menée par la Russie contre l’Ukraine. Les participants ont également réaffirmé leur soutien indéfectible à l’Ukraine et à leurs collègues de la Verkhovna Rada, dont deux étaient présents au séminaire.
Les discussions ont également mis en évidence les façons dont l’hémisphère Nord subit les effets du changement climatique, celui-ci s’accélérant particulièrement dans l’Arctique, où il aura, qui plus est, un impact bien plus profond que dans d’autres parties du globe.
La Russie et la Chine, concurrents stratégiques de l’Occident, intensifient leurs activités militaires sur ce territoire et cherchent à en tirer des opportunités économiques néfastes pour la planète. L’importance stratégique de l’Arctique va s’amplifier, entraînant des conséquences pour le commerce mondial et pour l’environnement, ainsi que des répercussions sur les rivalités politiques, économiques et militaires, a-t-il été rapporté aux participants.
Faire face au défi posé par le changement climatique dans le Nord nécessite une coopération vaste et multilatérale, mais également des partenariats à long terme, des mécanismes de coordination, notamment en matière de recherche et sauvetage, de connaissance du milieu maritime et de secours en cas de catastrophe, ainsi qu’une coopération militaire et de sécurité, a-t-il été souligné.
L’engagement de l’OTAN à répondre à l’enjeu du changement climatique est, quant à lui, ferme et déterminé, a assuré Michael Rühle, chef de la Section Climat et sécurité énergétique de l’OTAN. L’OTAN entend poursuivre son programme de sécurité climatique en encourageant les Alliés à « verdir » leurs armées au moyen de nouvelles technologies à haut rendement énergétique qui réduiront l’empreinte carbone de leurs activités. « Pour l’OTAN, la sécurité climatique est un enjeu dont on ne saurait se détourner », a affirmé l’orateur.
Parmi les autres questions au premier plan dans l’ordre du jour figuraient les menaces hybrides et de cybersécurité, le rôle de l’OTAN dans la lutte contre celles-ci, ou encore le renforcement des capacités militaires dans un environnement de sécurité en pleine mutation.
Le séminaire s’est achevé par la visite du régiment Guard Jaeger à Santahamina, où le chef d’état-major adjoint Opérations, le général de division Kari Nisula, a renseigné la délégation sur le concept de défense finlandais. Le colonel Asko Kopra y a, quant à lui, présenté le régiment. Les parlementaires ont également eu l’occasion de rencontrer des conscrits et de s’informer sur le système de conscription - fortement ancré - en Finlande.
Le séminaire était organisé en coopération avec le Parlement finlandais, et grâce au généreux soutien du gouvernement suisse et du Centre de Genève pour la gouvernance du secteur de la sécurité. La promotion des échanges et d’une compréhension mutuelle entre les parlementaires des pays Alliés et partenaires constitue l’un des objectifs principaux des séminaires Rose-Roth. Ceux-ci entendent également aider les parlements partenaires à mettre au point des outils permettant un contrôle parlementaire efficace et démocratique de la défense et de la sécurité.