Bucarest, 9 octobre 2017 – L’OTAN risque de perdre sa supériorité technologique dans le domaine militaire ; aussi les Alliés doivent-ils s’adapter au changement et investir ou se résigner à la disparition de l’industrie de la défense dans quelques dizaines d’années à peine. Tel est l’avertissement lancé aux gouvernements des pays de l’Alliance par des spécialistes et des parlementaires.
À une époque de changements technologiques rapides sous l’impulsion du secteur industriel privé, de nouvelles technologies, capables d’altérer le paysage de la défense et de compromettre l’équilibre stratégique mondial font leur apparition, comme l’ont appris les membres de la commission des sciences et des technologies de l’Assemblée.
« La supériorité technologique de l’OTAN s’érode et nous devons remédier à cela », a dit Thomas Marino (Chambre des représentants, États-Unis). « Nos forces armées ont souvent du mal à suivre le rythme des innovations », a-t-il ajouté, soulignant combien il était important que les Alliés honorent l’engagement qu’ils ont pris de porter leurs dépenses de défense à 2 % de leur PIB.
« Il faut penser différemment. Il faut agir différemment. Nous devons utiliser nos outils différemment. Tout cela représente un changement de culture. » C’est en ces termes que s’est exprimé dimanche Tim Webb, chef de la section Mise en place de capacités (Direction Stratégique, DI, OTAN).
« Il est temps de nous ouvrir à la révolution technologique de notre époque et de préserver notre raison d’être », a poursuivi M. Webb, qui a souligné la nécessité de revoir le processus décisionnel présidant aux investissements de défense et de réfléchir aux nombreuses années qui s’écoulent avant que de nouveaux projets ne voient effectivement le jour.
Le président du Groupe consultatif industriel OTAN (NIAG), Martin Hill, a pressé les gouvernements d’harmoniser leurs spécifications techniques et de ne pas protéger à l’excès les industries nationales, car cela ne fait qu’augmenter les coûts. L’OTAN peut certes perdre sa supériorité technologique faute d’investissements, mais elle risque véritablement de perdre bien plus encore, a-t-il dit.
L’intervenant a ajouté : « Non seulement vous n’aurez rien, mais il vous manquera aussi la base requise pour créer quoi que ce soit. L’industrie aura disparu »
Le conseiller scientifique principal de l’OTAN, Thomas H. Killion, a fait observer que la révolution technologique était conduite par le secteur privé, lequel versait de telles rémunérations aux scientifiques que les gouvernements ne pouvaient tout bonnement pas rivaliser avec lui, de sorte qu’il convenait de lui emboîter le pas et de s’adapter à l’offre.
« Nous devons changer de stratégie, s’agissant de la façon dont nous adaptons l’évolution technologique pour répondre aux besoins des forces armées et remédier à nos lacunes capacitaires », a poursuivi M. Killion. « L’industrie doit être un partenaire de premier plan et nous aider à exploiter les technologies nouvelles, à les intégrer et à les améliorer. »
Les parlementaires ont adopté une résolution invitant instamment les gouvernements des pays de l’Alliance à respecter leur engagement de consacrer plus de 20 % de leur budget militaire aux équipements d’importance majeure et à la recherche et développement (R&D). Ils ont également demandé aux Alliés de partager davantage d’informations sur la R&D en matière de défense et sur toute initiative dans le secteur de l’innovation ; pour sa part, l’Union européenne a été invitée à adopter et à mettre en place un ambitieux Fonds pour la défense européenne et à s’assurer auprès de l’OTAN que ces ressources compléteraient les efforts engagés, plutôt que de faire double-emploi.