Bratislava, le 2 juin 2019 – Ce dimanche, les pays membres de l’OTAN ont été instamment invités à envisager de jouer un plus grand rôle dans la sécurité régionale en Afrique alors que les groupes extrémistes, des économies ravagées, le chômage et le changement climatique poussent les gens à s’expatrier, en quête d’une vie meilleure en Europe.
Dans un projet de rapport présenté à la commission politique (PC) de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, le parlementaire portugais Julio Miranda Calha souligne les problèmes auxquels se heurtent l’Afrique subsaharienne et, singulièrement, les pays du Sahel, dont bon nombre partagent leurs frontières avec une Libye déchirée par la guerre.
La sénatrice Raynell Andreychuk (Canada), s’exprimant au nom de M. Miranda Calha, a indiqué que « les principaux problèmes que connaissent les autres pays de la région sont de nature économique ou sociale. Un taux de chômage élevé, les pressions démographiques, la corruption et la flambée des prix engendrent criminalité et radicalisation ».
Le projet de rapport souligne l’existence de liens de causalité entre les problèmes de sécurité qui se font jour au Maghreb et au Sahel, d’une part, et la persistance de l’instabilité dans des régions situées plus au sud, telles que la République démocratique du Congo ou la République centrafricaine, d’autre part. Ces facteurs combinés déclenchent un afflux massif de réfugiés, des trafics divers et la montée des extrémismes.
Alors que la population du continent africain devrait doubler d’ici à 2050, le rapport s’attarde sur les répercussions de ce climat d’instabilité sur les Alliés européens, au moment où des milliers d’Africains migrent vers le nord et s’embarquent pour une traversée périlleuse de la Méditerranée vers l’Europe, cette année principalement via l'Espagne, mais aussi via l'Italie.
Tout en admettant que l’OTAN ne peut exercer qu’une influence limitée sur le traitement des causes profondes de la criminalité, de l’extrémisme et des mouvements migratoires, M. Miranda Calha insiste sur le fait que « quelques fruits sont à portée de main » et que dans certains cas, l’action de l’Alliance pourrait avoir un effet positif sur la sécurité en Afrique ».
Dans son projet de rapport, M. Miranda Calha invite instamment les pays alliés à partager entre eux – de même qu’avec les pays partenaires concernés par la sécurité sur le continent africain – davantage de renseignements sur l’évolution de la situation régionale. À son avis, une intervention du Pôle de l’OTAN pour le Sud, qui a ses bureaux à Naples, pourrait être décisive. Il encourage les membres de l’Alliance à octroyer des ressources supplémentaires pour garantir à cette structure un fonctionnement sans heurts.
S’exprimant toujours au nom de M. Miranda Calha, Mme Andreychuk a expliqué qu’« un partage plus large des renseignements disponibles entre Alliés, partenaires de l’OTAN et entités internationales est indispensable à une préparation adéquate de l’Organisation aux défis qui se profilent sur son flanc méridional. »
L’OTAN peut aussi épauler les États trop faibles et apporter son soutien aux missions locales de maintien de la paix en coopérant plus étroitement avec l’Union européenne, qui joue déjà un rôle majeur dans la construction d’États, mais aussi avec l’ONU, l’Union africaine et des organismes régionaux comme le G5 Sahel.
Le parlementaire Tamanjeet Singh Dhesi (Royaume-Uni) a déclaré : « Si nous n’occupons pas le terrain, alors, des pays comme la Chine, la Russie et d’autres encore continueront à nouer des relations cordiales, et à puiser dans les ressources en échange de la construction d’infrastructures. Ils élargiront leur sphère d’influence et nous laisseront loin derrière. »
Sur la base des commentaires des membres de la PC, M. Miranda Calha étoffera les recommandations contenues dans le projet de rapport et les soumettra à l’approbation de l’Assemblée lors de la session annuelle de Londres à la mi-octobre. Ces recommandations seront ensuite partagées avec les membres de l’Alliance.
Les photos de la session appartiennent au domaine public ; elles sont disponibles sur le compte Flickr de l’Assemblée.
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