L'alliance doit accélérer son adaptation face aux nouveaux défis sécuritaires tous azimuts

21 mai 2023

L'Assemblée parlementaire de l'OTAN a réagi dimanche aux multiples menaces posées par des acteurs autoritaires qui remettent en cause les valeurs démocratiques et l'ordre international fondé sur des règles. Les législateurs ont exhorté les gouvernements de l'Alliance à persévérer dans leur réponse à 360 degrés à un paysage sécuritaire en rapide évolution.  

Tout en mettant l'accent sur la nécessité de soutenir l'Ukraine et de parer à la menace russe, l'Assemblée a suggéré à l'OTAN des réponses spécifiques à des problématiques allant des défis systémiques posés par la Chine aux campagnes de désinformation visant à saper la démocratie, en passant par les activités perturbatrices de l'Iran et les risques accrus liés à l'insécurité alimentaire mondiale.  

« La guerre criminelle menée par la Russie contre Ukraine a rapidement entraîné une dégradation alarmante de la sécurité alimentaire mondiale », a mis en garde Julie Dzerowicz, membre de la Chambre des communes du Canada, dans un avant-projet de rapport présenté lors de la session de printemps de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN.  

« Ce raz de marée pourrait ébranler la stabilité mondiale et, ainsi, mettre à l’épreuve la capacité de résistance des pays alliés », a ajouté Mme Dzerowicz. « Lutter contre la crise de la sécurité alimentaire ne relève donc pas seulement d’un devoir moral, mais il s’agit aussi d’un impératif de sécurité pour l’Alliance ». 

L’avant-projet de Mme Dzerowicz compte parmi les nombreux textes présentés au cours des quatre jours de réunion au Luxembourg. Les législateurs représentant les citoyens des 31 pays de l'OTAN y ont exhorté les dirigeants de l'Alliance à prendre des mesures énergiques, lorsqu'ils se réuniront en juillet, pour renforcer leur soutien à l'Ukraine, intensifier leur réponse à la menace russe et faire face à des défis de sécurité plus vastes. 

La présidente de l'Assemblée, la sénatrice française Joëlle Garriaud-Maylam, a quant à elle mis l'accent sur la menace que représentent les activités de désinformation de la Russie

« Ces opérations de désinformation ont plusieurs objectifs. Le premier d'entre eux est d'affaiblir les sociétés démocratiques et d'éroder la cohésion sociétale. Les opérateurs de désinformation russes tentent d'identifier et d'exacerber les lignes de fracture qui existent au sein de nos pays et entre nos pays », a-t-elle déclaré à la commission sur la démocratie et la sécurité de l'Assemblée. « Leur deuxième objectif est de saper la confiance des citoyens alliés dans la démocratie, notamment en ciblant les institutions et les processus électoraux ». 

Mme Garriaud-Maylam a proposé aux gouvernements des pays membres de l'OTAN toute une série de mesures possibles pour contrer ces menaces, notamment l’allocation de ressources supplémentaires pour la surveillance et la mise en place de contre-mesures, des sanctions ciblant les principaux acteurs de l'écosystème de désinformation du Kremlin et enfin, la création d'un centre pour la résilience démocratique au siège de l'Alliance.  

Les Alliés devraient lancer des campagnes d'éducation et de formation aux médias afin d’aider les citoyens à détecter les fausses nouvelles. Ils devraient également financer, au sein des pays de l'OTAN, des médias publics qui fournissent des alternatives factuelles et objectives à la désinformation russe, en particulier en Afrique, en Amérique latine et au Moyen-Orient, a ajouté Mme Garriaud-Maylam. 

Tout en restant concentrés sur la nécessité immédiate d’aider l'Ukraine à l'emporter dans sa résistance à la guerre illégale menée par la Russie et de renforcer la réponse de l'OTAN à la menace russe, les Alliés devront également veiller, à long terme, à relever le défi systémique posé par la Chine aux « intérêts, sécurité et valeurs » des Alliés, a mis en garde la députée roumaine Ana-Maria Catauta

« La communauté euro-atlantique n’a d’autre choix que de se préparer à affronter dans la durée cette Chine autoritaire », a noté Mme Catauta dans un avant-projet de rapport présenté à la commission politique de l'Assemblée. 

Si l'OTAN continue à porter son attention sur la zone relevant directement de sa compétence, à savoir la région euro-atlantique, Mme Catauta a déclaré que les gouvernements membres devraient « se montrer solidaires » des États-Unis et des autres Alliés qui doivent consacrer des moyens à la rivalité avec la Chine. Les Alliés devraient collaborer plus étroitement avec les « pays partenaires de la région indo-pacifique qui sont animés du même esprit » et chercher à créer un climat de désescalade et de compréhension avec la Chine autour des « enjeux mondiaux immédiats » tels que le changement climatique et la non-prolifération nucléaire. 

Les défis posés par l'Iran, en particulier le soutien du pays vis-à-vis de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine, ont également été abordés lors des réunions à Luxembourg.  

« Les pays alliés doivent continuer à exercer des pressions sur les autorités de Téhéran et leur faire clairement passer le message que la répression violente et l’oppression de la population civile ne fonctionnent pas et que leur soutien à l’agression russe contre l’Ukraine ou aux terroristes opérant sur le continent européen aura des conséquences dommageables et durables », a déclaré le législateur belge Theo Francken

Le maintien d'une politique de la porte ouverte pour les pays démocratiques qui cherchent à adhérer à l'Alliance défensive, quelle que soit la pression exercée sur elles par les puissances extérieures, constitue un élément clé de l’adaptation de l’OTAN, a déclaré le parlementaire lituanien Audronius Azubalis

Dans son projet de rapport, M. Azubalis a salué l'entrée de la Finlande à l'OTAN en avril dernier et a appelé les Alliés à entériner rapidement l'adhésion de la Suède. « Ces deux adhésions enverront également un message clair à Poutine et à son régime terroriste : en envahissant l’Ukraine à grande échelle, ils ont complètement échoué dans leur objectif déclaré, à savoir bloquer et faire reculer l’élargissement de l’OTAN », a-t-il déclaré. 

L'Ukraine devrait également se voir ouvrir une voie claire vers l'adhésion à l'OTAN lorsque les dirigeants des pays alliés se réuniront pour leur sommet à Vilnius en juillet, a ajouté M. Azubalis.  

« L'Ukraine prouve sur le champ de bataille qu'elle appartient à la communauté euroatlantique des démocraties, en payant le prix ultime pour la protéger », a-t-il déclaré : « Pour que le futur cadre de sécurité européen soit solide et durable, l'Ukraine doit devenir membre de l'OTAN ». 

Lire aussi

SEE MORE