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Bruxelles, le 30 avril 2019 – Lors de la 100e édition du séminaire Rose-Roth, qui s’est tenue à Bruxelles les 25 et 26 avril, d’éminents décideurs – parmi lesquels de nombreux anciens responsables gouvernementaux des pays membres et partenaires de l’OTAN – ont rendu hommage à cette activité phare de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN.
Les participants au séminaire, qui marquait le franchissement d’une étape dans l’histoire de l’Assemblée, se sont certes penchés sur les acquis du programme de partenariat Rose-Roth, mais ils ont aussi ébauché diverses voies à suivre pour l’ouverture et l’engagement de l’institution à l’égard des partenaires. L’assistance comptait d’anciennes personnalités de l’Assemblée étroitement associées au programme pendant de longues années. Les exposés et les débats ont amplement prouvé l’importance des contributions que les séminaires Rose-Roth et, plus généralement, l’Assemblée dans son ensemble ont apportées à la conception et à l’application des politiques des partenariats et de la porte ouverte de l’OTAN.
Simon Lunn, ancien secrétaire général de l’AP-OTAN et principal architecte de la dimension opérationnelle des séminaires, a fait observer que « l’Assemblée avait souvent de l’avance sur le terrain du partenariat » et qu’elle le devait à la manière dont elle encourageait le dialogue entre participants qui pouvaient aussi ne pas s’accorder entre eux.
Rasa Jukneviciene (Lituanie), ancienne présidente de l’AP-OTAN et ancienne ministre de la défense de la Lituanie, a rappelé que le premier séminaire Rose-Roth avait eu lieu à Vilnius en 1991, quelques mois seulement après que l’URSS eut reconnu l’indépendance des pays baltes. À l’époque, la Lituanie était encore occupée par les troupes soviétiques, lesquelles avaient tenté, plus tôt dans l’année, d’étouffer par la force le combat des Lituaniens pour l’indépendance. « Le séminaire de 1991 a donné le coup d’envoi du rapprochement de la Lituanie en direction de l’OTAN », a indiqué Mme Jukneviciene. C’était aussi le premier forum interparlementaire où des élus de pays membres de l’OTAN discutaient du retrait de forces soviétiques avec leurs homologues des pays baltes et de l’URSS.
Karsten Voigt (Allemagne), ancien président de l’AP-OTAN et aujourd’hui membre du directoire du Conseil allemand des relations internationales (DGAP), a affirmé que « l’élargissement de l’OTAN n’aurait pu se faire sans l’Assemblée », expliquant que si cette dernière « n’a pas de pouvoir, elle a de l’influence ». Dans les années 1990, les membres de l’AP-OTAN ouvraient – et souvent conduisaient – des discussions sur les partenariats et l’élargissement de l’OTAN au sein de leurs parlements respectifs.
Précisément, pour la présidente de l’Assemblée, Madeleine Moon (Royaume-Uni), « les partenariats et l’élargissement de l’OTAN ont joué un rôle vital dans la concrétisation d’une “Europe unifiée, libre et en paix” ». Mme Moon a ajouté que « l’Assemblée parlementaire de l’OTAN [était] fière d’être intervenue activement dans cette transformation ». Saluant la mémoire des « pères fondateurs » du programme, les Américains Charlie Rose (Chambre des représentants) et Bill Roth (Sénat), Ian Brzezinski, associé principal au Conseil atlantique, a déclaré : « Au moment où nous célébrons le 100e séminaire Rose-Roth, nous devons savoir que la mission n’est pas finie. » Dans le même ordre d’idées, Mme Jukneviciene a dit : « Nous avons besoin de rêveurs et de rêver à l’avenir. » Pour sa part, a-t-elle ajouté, elle « rêve d’une Russie qui deviendrait démocratique » et espère que « des pays comme l’Ukraine pourront aider la Russie à changer ».
Évoquant les relations entre l’OTAN et la Russie, Alejandro Alvargonzalez, secrétaire général adjoint de l’OTAN pour les affaires politiques et la politique de sécurité, a réfuté l’affirmation répétée à l’envi par les responsables russes selon laquelle « l’OTAN se déplace vers l’Est ». En réalité, « l’OTAN ne se déplace pas vers l’Est : c’est l’Est qui se déplace vers l’OTAN », a-t-il souligné, avant de confirmer que la porte de l’OTAN restait ouverte aux candidats satisfaisant pleinement aux conditions d’adhésion.
Les membres des délégations géorgienne et ukrainienne n’ont pas manqué de rappeler que leurs pays aspiraient vivement à rejoindre l’Alliance ; plusieurs d’entre eux ont jugé que l’OTAN s’était montrée frileuse dans l’avancée du processus. Giorgi Baramidze (Géorgie), membre du conseil politique du Mouvement national uni et ancien vice-premier ministre, a estimé que ce serait une erreur de demander à son pays d’attendre que la Russie ait changé. Avec d’autres intervenants, il a constaté qu’en fait l’adhésion à l’Alliance avait entraîné une normalisation des relations des pays baltes et de la Pologne avec Moscou. Tous les participants ont condamné l’annexion de la Crimée par la Russie et les menées agressives de cette dernière dans l’est de l’Ukraine.
De la même manière, les participants ont été unanimes à reconnaître que le dialogue et la poursuite du programme Rose-Roth étaient tout aussi nécessaires que par le passé. James Mackey, chef de la section Partenariats euro-atlantiques et mondiaux au siège de l’OTAN, a observé que « beaucoup d’idées fausses subsistaient sur la nature et le bilan de l’OTAN » dans les pays partenaires. Quant à Ruben Díaz-Plaja, conseiller principal au sein de l’unité Analyse de politique générale du Bureau du secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, il a émis l’avis que « les partenariats [avaient] une importance cruciale pour la construction de capacités et l’instillation d’une résilience sociétale dans les pays membres comme dans les pays partenaires ». L’un et l’autre intervenants se sont félicités des contributions significatives des séminaires Rose-Roth au règlement de ces questions.
Selon Thomas Guerber, directeur du Centre pour le contrôle démocratique des forces armées – Genève (DCAF), ces séminaires servent aussi à contrer « une dérive vers des régimes plus autoritaires et une tendance à l’affaiblissement du rôle des parlements et de leur faculté de supervision ». Les échanges entre participants ont engendré une multitude d’idées sur la façon d’étoffer le programme à l’avenir : par exemple, se tourner vers les universités et approcher les décideurs de demain, relever des défis plus récents tels que la lutte contre les fausses nouvelles et se concentrer sur le voisinage immédiat de l’OTAN et sur les pays candidats à l’accession, tout en continuant à s’adresser aux audiences plus sceptiques.
« Les caractéristiques uniques de l’Assemblée », a dit David Hobbs, secrétaire général de l’AP-OTAN, en conclusion du séminaire, « sa capacité d’adaptation, sa souplesse et son aptitude à donner une dimension parlementaire et civile aux partenariats de l’OTAN » lui permettront de faire évoluer son programme et, singulièrement, celui des séminaires Rose-Roth.
Comme précisé plus haut, le programme de coopération avec les parlements des pays d’Europe centrale et orientale a été mis sur pied en 1990 par deux parlementaires américains, Charlie Rose (Chambre des représentants) – qui était à l’époque président de l’Assemblée – et Bill Roth (Sénat).
L’objectif original du programme était d’épauler les pays partenaires d’Europe centrale et orientale durant la difficile phase de transition démocratique qui avait suivi la chute du mur de Berlin, transition qui supposait la mise en chantier de réformes politiques et économiques complexes.
Depuis son premier séminaire, qui s’est tenu en Lituanie en 1991, le programme a réuni des parlementaires des pays membres et partenaires de l’OTAN, de hauts responsables de l’Organisation, des représentants d’autorités civiles et militaires, des universitaires, des spécialistes, des journalistes et des acteurs de la société civile dans le contexte d’échanges portant sur les meilleures pratiques à mettre en œuvre face aux problèmes sécuritaires et politiques et sur des solutions communes.
Ce centième séminaire a été organisé conjointement par le Parlement fédéral de Belgique, la division Diplomatie publique de l’OTAN, le DCAF et le gouvernement suisse, lequel apporte un soutien financier au programme Rose-Roth et le fait bénéficier, précisément, des compétences du DCAF.
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