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Londres, le 12 octobre 2019 – En dépit de divergences sur la tactique à adopter, les États-Unis et leurs alliés européens ont pour objectif commun d’endiguer la déstabilisation nucléaire et régionale par l’Iran et doivent élaborer une stratégie intégrée vis-à-vis de ce pays. Tel est le message transmis ce samedi aux membres de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN.
« Nous voulons restreindre les capacités nucléaires iraniennes (...), limiter et enrayer la mise au point de missiles par l’Iran et leur prolifération (...) et contrer, voire endiguer les activités opportunistes et déstabilisatrices menées par Téhéran dans la région », a déclaré Michael Singh, directeur général et chercheur principal au Washington Institute for Near East Policy, aux participants à la session annuelle de l’AP-OTAN, qui se tient cette année à Londres pendant quatre jours.
M. Singh a affirmé que, pour être efficace, la stratégie à mettre en œuvre à l’égard des autorités iraniennes devait reposer sur une combinaison entre la politique des sanctions appliquée par les États-Unis pour faire peser une « pression maximale » sur l’Iran, d’une part, et le dialogue auquel les Alliés européens accordent leur préférence, d’autre part.
Le dossier iranien et les tensions dans le golfe Persique figuraient au programme de la seconde journée de la session.
Sanam Vakil, chercheuse principale à la Chatham House, a indiqué que l’Iran avait opté ces derniers mois pour une attitude davantage tournée vers la confrontation dans le but de briser l’unité occidentale.
Intervenant devant la commission politique de l’Assemblée, Mme Vakil a expliqué : « Les Iraniens entendent diviser les alliés des États-Unis pour amortir l’onde de choc de la politique de pression maximale. De leur point de vue, (...) le passage à un comportement plus agressif était nécessaire pour exacerber la question iranienne et faire pression sur les Européens, certes, afin de les contraindre à réagir et à s’atteler à la résolution de la crise, mais aussi sur les partenaires de M. Trump dans la région. »
Mme Vakil a par ailleurs préconisé une position plus soudée dans la perspective de pourparlers avec l’Iran qui pourraient déboucher sur un accord révisé propre à limiter les ambitions nucléaires de ce pays. « Il faut absolument ouvrir des négociations multinationales avec la République islamique », a-t-elle dit.
Pour sa part, M. Singh a ajouté que les États-Unis et d’autres acteurs occidentaux devaient impérativement mener une politique plus active dans la région, faute de quoi il serait impossible de combler les vides du pouvoir dans lesquels les Iraniens sont parvenus à se glisser pour exercer une influence déstabilisatrice, comme c’est le cas en Syrie, au Yémen et en Iraq.
M. Singh, qui s’adressait à la commission de la défense et de la sécurité de l’Assemblée, a déclaré : « Nous ne saurions considérer la question iranienne séparément du reste. (...) L’Iran a un comportement opportuniste et profite souvent des vides laissés par les États-Unis, les autres pays occidentaux et leurs partenaires régionaux. »
« Pour empêcher Téhéran de continuer à exploiter ces circonstances, les États-Unis, l’OTAN et leurs partenaires dans cette partie du monde doivent coûte que coûte conduire une politique moyen-orientale qui soit plus cohérente, plus énergique, beaucoup plus dynamique et engagée », a précisé M. Singh. « Sans une telle démarche, les chances de succès sont véritablement nulles. »
Mme Vakil a prédit quant à elle la persistance et l’aggravation des fortes tensions constatées dans la région si la communauté internationale n’intervenait pas plus résolument.
« Il ne faut pas compter sur un apaisement de l’intense rivalité qui oppose les deux parties du Golfe, pas plus que sur une diminution de la grande insécurité qu’elle provoque. C’est ici que l’OTAN et l’Europe, en particulier, peuvent prendre la tête d’une action visant à instaurer un cadre sécuritaire régional », a-t-elle indiqué. « La gestion des tensions régionales ne se résume pas à la gestion de l’Iran : il convient aussi de gérer les tensions entre les riverains arabes du Golfe. »
Les photos de la session appartiennent au domaine public et peuvent être consultées sur le compte Flickr de l'Assemblée.
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