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Bruxelles, le 22 mai 2017 - Dans un nouveau projet de rapport qui sera débattu le 27 mai, les parlementaires de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN signalent que le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord risquent de connaître une augmentation des conflits et des migrations de masse, entraînant de sérieuses répercussions en matière de sécurité au-delà de leurs frontières. Ces menaces sont, en outre, exacerbées par le changement climatique, ainsi que les pénuries d’eau et de nourriture dans ces régions.
« Les perspectives de la sécurité alimentaire et hydrique à long terme dans la région MOAN sont peu encourageantes », écrit Osman Askin Bak, parlementaire turc, qui présentera un projet de rapport sur la sécurité alimentaire et hydrique dans la région lors de la session de printemps de l’AP-OTAN, organisée dans la capitale géorgienne Tbilissi.
Abritant 5 % de la population mondiale, la région n’a accès qu’à 1 % des ressources en eau renouvelables de la planète », poursuit-il. « Le changement climatique va encore assombrir les perspectives de la région.
La concurrence en matière d’accès aux rares ressources en eau et en nourriture est déjà considérée comme une importante source de tensions dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. La guerre, la mauvaise gouvernance, la démographie et le changement climatique ne viennent qu’empirer la situation.
« Il en va de notre obligation morale de réduire la faim et la soif dans le monde. Mais il s’agit également d’un impératif stratégique », souligne Philippe Vitel, député français et auteur d’un rapport de l’AP-OTAN en 2015 intitulé Changement climatique et sécurité internationale : vers Paris 2015. « Si le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ne parviennent pas à instaurer une certaine sécurité alimentaire et hydrique, nous connaîtrons des crises bien plus nombreuses dans les années à venir. »
« L’on ne peut exclure la possibilité de conflits entre des régions plus ou moins affectées par le changement climatique », met en garde Lilja Alfredsdottir, parlementaire islandaise et ex-ministre des affaires étrangères d’Islande, auteure d’un autre projet de rapport sur les coûts du changement climatique pour la session de l’AP-OTAN.
« La crise des réfugiés qui ébranle la stabilité politique dans la majeure partie du Moyen-Orient et pose de graves problèmes en Europe pourrait être annonciatrice des événements à venir », explique-t-elle dans son projet de rapport. « Les énormes coûts économiques et sociaux liés à des mouvements de masse de cette ampleur sont évidents. On ne peut nier que les défis climatiques mondiaux pourraient déclencher des mouvements de masse, particulièrement dans des régions qui ne disposent plus de l’eau ni des ressources agricoles nécessaires à la vie. »
L’Assemblée parlementaire de l’OTAN regroupe plus de 250 parlementaires de premier plan des pays de l’Alliance auxquels s’ajoutent plus de 20 délégations associées et d’observateurs. Elle est le lien essentiel entre l’électeur et les instances dirigeantes de l’OTAN et une enceinte de première importance dédiée au débat parlementaire interallié. Les rapports dont le contenu sera débattu à Tbilissi doivent permettre à l’Assemblée d’adopter des recommandations concrètes pour les gouvernements de l’OTAN plus tard dans l’année.
La sécurité environnementale et les questions climatiques s’inscrivent dans les perspectives stratégiques de l’OTAN. « Le changement climatique est reconnu dans notre concept stratégique comme l’un des défis de sécurité auxquels nous faisons face. Il peut entraîner des conflits et augmenter le nombre de réfugiés. Le changement climatique est un sujet pertinent pour l’OTAN », avait déclaré le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, lors d’une session de l’AP-OTAN en réponse à des questions de parlementaires.
À Tbilissi, les parlementaires s’entretiendront avec l’un des principaux experts de l’impact économique du changement climatique, Marshall Burke, professeur assistant au département des sciences du système terrestre et membre du centre de la sécurité alimentaire et de l’environnement de l’université de Stanford. Un article récemment publié dans Nature, corédigé par M. Burke, dépeignait une image plutôt sombre : « Si l’adaptation future reproduit l’adaptation passée, un réchauffement non atténué devrait, par rapport à un scénario sans changement climatique, remodeler l’économie mondiale en réduisant les revenus moyens dans le monde d’environ 23 % à l’horizon 2100 et en accroissant l’inégalité des revenus au niveau mondial. »
Le projet de rapport de M. Bak reflète toutefois, quant à lui, un certain espoir. Il suggère des améliorations en matière de gouvernance et de gestion des ressources pour calmer la crise de l’eau et l’insécurité alimentaire au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Ces améliorations comprennent le recyclage des eaux usées, une meilleure coopération régionale pour gérer l’agriculture et la pénurie d’eau, ainsi que le captage d’énergie renouvelable pour alimenter des usines de dessalement.
Le document en appelle également à un meilleur soutien du développement international; axé sur la sécurité alimentaire et hydrique dans la région et comprenant des mesures pour stabiliser la disponibilité et les prix des aliments importés.
Le projet de rapport incite également les gouvernements à respecter les engagements pris dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat de 2015, notamment les promesses de financement de l’adaptation au changement climatique des pays en développement.
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