Stockholm, Le 10 Mai 2019 – La Suède travaille avec diligence à l'élaboration d'un nouveau dispositif de sécurité dynamique axé sur la résilience intérieure, le renforcement de ses forces armées et des partenariats de sécurité avec les pays partenaires. Pour ce pays nordique au centre d'un nouvel environnement de sécurité de plus en plus complexe, ce changement de perception est principalement dû à une Russie de plus en plus agressive, qui déstabilise les environs par sa périlleuse stratégie militaire de la corde raide, ses campagnes de désinformation et ses cyberattaques.
S'adressant à une délégation de parlementaires d'États membres de l'OTAN en visite à Stockholm lundi dernier, le ministre suédois de la défense, Peter Hultqvist, a clairement fait valoir le rôle joué par la Russie dans les nouveaux efforts de défense déployés par la Suède. « Avant l'annexion de la Crimée, il n'était pas courant, en Suède, de discuter d'un quelconque défi posé par la Russie. La confiscation par les Russes d'un territoire en Ukraine a sensibilisé la population sur la gravité de la question. La Suède s'est immédiatement ralliée aux sanctions internationales contre Moscou et s'est employée à soutenir la nouvelle posture de l'OTAN ».
La Suède est devenue un partenaire de l'OTAN bénéficiant du programme « nouvelles opportunités » quelques mois seulement après l'annexion illégale de la Crimée par la Russie en 2014. Deux ans plus tard, elle a signé un mémorandum d'accord avec l'Alliance pour accepter de fournir un soutien logistique aux forces de l'OTAN lors d'exercices, de crises ou d'opérations nécessitant d’utiliser le territoire suédois ou de transiter par celui-ci.
La Suède a pris d'autres mesures stratégiques au cours des années qui ont suivi l'intervention de la Russie en Crimée. En 2015, elle a décidé de remilitariser le Gotland, une île suédoise stratégique clé dans la mer Baltique. La Suède a ensuite choisi d'accroître son interopérabilité avec les forces armées régionales, ainsi qu'avec celles de l'OTAN et de l'UE, en multipliant les exercices et en renforçant ses engagements mutuels en matière d'assurance. Le rôle du pays dans l'exercice à grande échelle de l'OTAN Trident Juncture en novembre 2018 émet un signal clair sur l'engagement de la Suède envers la défense de ses partenaires régionaux et sa volonté de coopérer avec l'OTAN en cas d'urgence.
En outre, la Suède a cherché à accroître les capacités de ses forces armées nationales. Le pays s'est engagé à acquérir le système de missiles sol-air Patriot, a acheté deux nouveaux sous-marins pour ses forces navales et investit dans de nouveaux avions de combat Gripen pour ses forces aériennes. Le geste le plus manifeste du changement de posture pour sa défense nationale, a fait remarquer le ministre de la défense, M. Hultqvist, est peut-être « la décision de réactiver la conscription nationale, qui se fait actuellement au rythme de 4 000 par an et qui doublera dans les années à venir ».
Tous les principaux partis politiques, aux élections de 2018, ont fait campagne en faveur d'une posture forte sur le plan de la défense nationale. La députée suédoise Karin Engström, cheffe de la délégation suédoise auprès de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN, a noté la convergence parlementaire sur la nécessité d'accroître les efforts de défense suédois. « Aujourd'hui, la Suède comprend clairement la nécessité de réinvestir dans nos capacités de défense nationales, qu'il s'agisse de renforcer nos forces armées ou d'accroître la résilience de la population civile ainsi que de trouver les moyens de renforcer la coopération avec nos partenaires. Elle a poursuivi en soulignant le rôle que la coopération interparlementaire peut jouer dans cet effort : « Une coopération plus étroite avec nos pairs de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN offre un cadre important pour l'échange de bonnes pratiques et d'idées car bon nombre d’entre nous font face à des défis similaires aujourd'hui ».
L'automne dernier, le gouvernement suédois a distribué une brochure à tous les foyers du pays afin d'encourager les gens à réfléchir à leur préparation en cas de crise ou de guerre. La brochure présente des scénarios allant des catastrophes naturelles au terrorisme, en passant par les invasions armées, et décrit les mesures que les gens doivent prendre pour assurer leur survie en cas d'indisponibilité temporaire de l'aide publique. Cette brochure s'inscrit dans le droit fil de la concertation sur les nouveaux efforts déployés aujourd'hui en Suède pour renforcer la résilience de la société.
Comme l'a dit à la délégation Bjorn von Sydow, président de la commission de la défense du parlement suédois : « Nous travaillons aujourd'hui dans tous les secteurs de la société pour coordonner un plan complet de défense en Suède - il s'agira d'une approche à l'échelle de la société pour garantir que la société est préparée à tout type de situation d'urgence. M. Von Sydow a déclaré qu'il y avait eu un manque de financement après la guerre froide pour les efforts de défense civile. Les fonds sont toutefois significativement revenus à la planification de la défense civile en 2018. La Suède reconnaît que l'imprévisibilité de l'environnement de sécurité d'aujourd'hui nécessite de telles mesures - la nation doit être prête à se mobiliser et à se défendre contre tous les défis auxquels elle pourrait être confrontée. La commission de la défense publiera son rapport sur la défense nationale la semaine prochaine.
La délégation composée à la fois de membres de la commission sur la dimension civile de la sécurité et de la commission de la défense et de la sécurité a rencontré du 6 au 8 mai 2019 des représentants du gouvernement suédois, du personnel militaire et des experts. Elle était dirigée par Attila Mesterhazy (Hongrie), président de la sous-commission sur la coopération transatlantique en matière de défense et de sécurité et comprenait des parlementaires en provenance de 13 États membres de l'OTAN, dont la présidente de l'AP-OTAN, Madeleine Moon (Royaume-Uni).