Au Moyen-Orient, le changement climatique est en passe de devenir un facteur d’instabilité supplémentaire

13 juillet 2022

« Le Moyen-Orient est l’un des foyers du changement climatique. Avoir l’air conditionné peut être une question de vie ou de mort. » C’est en ces termes que s’est exprimé la semaine dernière Alon Tal, député à la Knesset et coprésident du Caucus sur la durabilité, la protection de l’environnement et les ressources, au cours d’une rencontre avec une délégation de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN en visite en Israël et dans les Territoires palestiniens.

Le changement climatique, la sécurité hydrique et le recours à la technologie pour lutter contre les conditions météorologiques extrêmes figuraient au nombre des questions abordées lors de cette visite par la sous-commission sur les tendances technologiques et la sécurité (STCTTS) de l’Assemblée. D’autres grands sujets étaient inscrits à l’ordre du jour, dont les problèmes de sécurité régionale, les relations israélo-palestiniennes et les implications pour la région de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine. La délégation était conduite par Kevan Jones, président de la commission des sciences et des technologies (STC) de l’Assemblée, et se composait de 21 parlementaires de 12 pays membres de l’OTAN.

La délégation a appris que le changement climatique avait de graves répercussions sur la région. La sécurité hydrique, notamment, a encore gagné en importance dans les plans des gouvernements. Cette question comme celle de la rareté énergétique, se pose avec une acuité particulière à Gaza, où  « 97 % des ressources hydriques sont constitués d’eau non potable », a expliqué Najat Alastal, membre du Conseil national palestinien (CNP). En dépit de moyens financiers restreints, des progrès – quoique très limités – ont été accomplis dans les Territoires palestiniens, puisque le nombre de communautés sans accès à l’eau a été réduit de 257 à 6.

À l’Université de Haïfa, la délégation a pris connaissance de solutions technologiques pouvant contribuer à la résolution des problèmes posés par le changement climatique. Les responsables de jeunes entreprises israéliennes ont ainsi présenté plusieurs exposés, dont l’un portait sur les pseudo-satellites à haute altitude (HAPS) à double usage, ces plates-formes capables de fournir des images sur demande pour un coût moins élevé et selon des méthodes beaucoup plus écologiques qu’un satellite.

Dans de nombreux secteurs, il sera indispensable d’élargir l’accès à des informations météorologiques cruciales, y compris à des fins commerciales ou militaires. La délégation a entendu un exposé sur le projet de construction de la première constellation spatiale de radars météorologiques et d’une plate-forme de collecte de renseignements météorologiques qui combinera observations multicapteurs et intelligence artificielle pour établir des bulletins de précipitations très fiables. Pour ce qui est de l’accès à l’eau potable dans des régions éloignées ou touchées par des catastrophes naturelles, plus spécifiquement, un immense pas en avant sera accompli avec l’utilisation de générateurs intégrés d’eau atmosphérique, qui fonctionnent grâce à un simple raccordement à l’électricité ou à toute autre source d’énergie. Cette technologie permet d’obtenir de l’eau potable sans frais de transport et sans la pollution qu’engendrent les bouteilles en plastique.

La sécurité régionale – et, singulièrement, l’état des relations israélo-palestiniennes – était inscrite en bonne place au programme de la visite. « La situation stratégique d’Israël n’a jamais été aussi bonne mais, en même temps, elle n’a jamais été aussi dangereuse », a déclaré Oded Eron, ancien diplomate et membre de l’Institut des études de sécurité nationale. Les autorités israéliennes entretiennent de bons rapports ou, à tout le moins, des rapports stables avec de nombreux pays. Cela s’explique en partie par les accords d’Abraham, qui ont contribué à l’ouverture de relations avec plusieurs pays arabes. En outre, la guerre que mène la Russie contre l’Ukraine a favorisé un rapprochement entre Israël et l’Europe, car l’Union européenne est désormais en quête de nouveaux fournisseurs d’énergie. Si les réserves de gaz israéliennes ne sont pas illimitées, la livraison de gaz naturel liquéfié pourrait cependant compenser tangiblement la pénurie de gaz en Europe.

D’autre part, le conflit israélo-palestinien reste sans solution et aucune solution facile ou rapide n’est en vue, a-t-il été indiqué à la délégation. Compte tenu de la complexité de la situation politique intérieure en Israël, aucun gouvernement n’est actuellement en mesure de prendre une décision susceptible de faire avancer les choses. Amir Ohana, chef de la délégation d’Israël auprès de l’Assemblée, a affirmé qu’aujourd’hui le principal problème de politique intérieure dans son pays était effectivement de savoir comment traiter la question israélo-palestinienne.

Les représentants du CNP ont souligné que les politiques israéliennes aggravaient les problèmes environnementaux des Palestiniens, que ce soit en Cisjordanie ou à Gaza. Le président du Conseil, Rawhi Fattouh, et plusieurs de ses collègues ont déclaré : « Les pays membres de l’OTAN regardent ailleurs, de sorte qu’Israël peut s’abstenir en toute impunité d’appliquer les accords d’Oslo. » Les représentants du CNP ont également reproché à Israël d’avoir saboté les élections au Conseil législatif palestinien (CLP) en empêchant les Palestiniens de Jérusalem de voter.

Les interlocuteurs israéliens de la délégation se sont dits gravement préoccupés par le comportement de l’Iran. Zvi Hauser, vice-président de la Knesset, a rappelé avec force que « l’Ouest ne saurait tolérer que [ce pays] devienne une nouvelle Corée du Nord ». La situation est aggravée par la fragilité de la sécurité internationale et l’instabilité régionale. À ce propos, le Liban et la Jordanie sont confrontés à d’énormes problèmes politiques, économiques, sociaux et environnementaux qui risquent précisément d’attiser cette instabilité. La crise alimentaire provoquée par la guerre en Ukraine lance un défi colossal à la région. Toutefois, la Jordanie, l’Égypte, l’Arabie saoudite et d’autres pays peuvent devenir des fournisseurs de denrées alimentaires s’ils ont assez d’eau et s’ils disposent de l’énergie requise pour procéder à la désalinisation d’eau de mer en quantités suffisantes.

La Knesset est un partenaire régional et un membre associé méditerranéen de l’Assemblée ; le CNP, lui, possède auprès de cette dernière un statut d’observateur parlementaire.


 

 

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