Bruxelles, le 17 mars - Malgré la faible taille de sa population, la Suède continue de se démarquer dans le domaine militaire et des technologies de l'information. C'est la principale conclusion d'une récente visite d'une délégation de la sous-commission de l'Assemblée sur les tendances technologiques et la sécurité. Douze parlementaires de sept pays membres de l'OTAN ont reçu des séances d'information complètes sur un large éventail de questions militaro-technologiques et sur la politique de sécurité de la Suède. La délégation, conduite par Kevan Jones (Royaume-Uni), président de la commission des sciences et des technologies de l'Assemblée, a également discuté des relations de la Suède avec l'OTAN et de la sécurité régionale. Lors de la visite à Stockholm du 9 au 11 mars, les membres ont eu l'occasion de rencontrer de hauts fonctionnaires, dont le secrétaire d'État à la défense Jan-Olof Lind et Andreas Norlén, président du Riksdag (parlement).
Les partis politiques suédois continuent de rechercher un terrain d'entente en matière de politique étrangère et de sécurité, a appris la délégation. La Commission suédoise de la défense, un forum de consultation entre le gouvernement et les représentants de tous les partis politiques au Parlement, joue un rôle important dans l'obtention d'un large soutien politique eu égard à la politique de sécurité et de défense de la Suède.
Après l'invasion russe et l'annexion de la Crimée en 2014, la Suède a décidé de réintroduire le concept de « Défense totale », une approche qu'elle avait suivie pendant la guerre froide pour planifier et préparer le pays à une éventuelle guerre. Les deux rapports de la Commission suédoise de la défense, qui guident les discussions et le processus décisionnel, proposent des mesures tant militaires que civiles. Les efforts suédois pour renforcer la défense civile sont conçus pour renforcer la résilience et comprennent des plans pour clarifier les solutions d'alimentation d'urgence, sécuriser les approvisionnements en nourriture et en eau, ainsi que pour fournir des soins de santé et des produits pharmaceutiques. Dans le domaine militaire, la Suède prévoit d'augmenter le budget de la défense de 58 milliards de couronnes suédoises en 2019 (environ 5,37 milliards d'euros) à 84 milliards de couronnes suédoises en 2025 (environ 7,78 milliards d'euros), ce qui représente environ 1,5 % de son PIB. Cet investissement supplémentaire constitue la plus forte augmentation des dépenses de défense depuis les années 1950. La Commission a également proposé de renforcer la coopération en matière de défense avec d'autres États.
Le président du Riksdag, M. Norlén, a informé la délégation de la participation du Parlement suédois à l'exercice « Défense totale » qui est mené tout au long de l'année et qui inclut tous les niveaux de gouvernement et de la société en Suède. La participation du Riksdag à cet exercice a non seulement permis d'accroître les connaissances du public suédois sur le rôle du Parlement, mais a également permis aux parlementaires d'apprendre à gérer les crises.
Les actions provocatrices de Moscou ont conduit la Suède à renforcer sa capacité nationale de combat, a informé le secrétaire d'État à la défense Jan-Olof Lind. Cependant, bien que la Russie soit un sujet de discussion permanent, la Chine et ses actions sur la scène internationale sont devenues un enjeu majeur pour la Suède. Avec 50 % de son PIB généré par les exportations, la Suède est extrêmement dépendante d'un ordre mondial fondé sur des règles. Par conséquent, tout ce qui constitue une menace pour cet ordre ne peut que préoccuper la Suède, et Stockholm aspire à bien comprendre les activités internationales de la Chine ainsi que son influence militaire croissante.
La seule question pertinente de politique de sécurité qui divise les partis politiques suédois et la population suédoise concerne les relations du pays avec l'OTAN. Selon Kenneth G. Forslund, président de la commission des affaires étrangères du Riksdag, les Suédois ne sont pas unis sur la question de savoir si le pays doit avoir une coopération étroite avec l'Alliance ou s'il doit chercher à en devenir membre. Quoi qu'il en soit, la Suède est et reste un partenaire proche de l'Alliance. Si la coopération est des plus étroites avec l'Organisation pour la science et la technologie de l'OTAN, la Suède continue également à contribuer à plusieurs missions de l'OTAN, notamment en Afghanistan, en Iraq et au Kosovo, a déclaré le secrétaire d'État Jan-Olof Lind. Il a également souligné qu'en tant que membre de l'UE et proche partenaire de l'OTAN, la Suède a tout intérêt à ce que ces deux organisations coopèrent étroitement.
Au siège d’Ericsson, la société suédoise de télécommunications, la délégation a reçu un aperçu complet de la technologie 5G et de la cybersécurité. Avec environ 30 % du marché mondial, Ericsson est une entreprise mondiale, a souligné Ulf Pehrsson, vice-président et chef des relations gouvernementales et industrielles. Ericsson est le leader mondial de la technologie 5G, a-t-il déclaré et noté qu'« il est impossible d'être en retard dans la 5G quand personne n'est devant nous ». L'utilisation de la 5G va augmenter de façon spectaculaire, passant de 13 millions d'abonnements dans le monde entier à environ 2,6 milliards au cours des cinq prochaines années. Bien que la 5G soit, par rapport à la 3G et à la 4G, la norme la plus sûre d'un point de vue technique, la cybersécurité devient de plus en plus critique à mesure que le nombre de cyberattaques contre les infrastructures critiques et les processus politiques augmente.
Cette situation est aggravée par le fait que la 5G permettra une intégration beaucoup plus poussée des gadgets à l'avenir. Conjuguée à l'intensité croissante de l'utilisation, cette situation crée une nouvelle situation, dans laquelle la sécurité de la chaîne d'approvisionnement revêt une importance cruciale. Ericsson met fortement l'accent sur la gestion des vulnérabilités, chaque pièce achetée est traçable et près de 75% de tout ce qui est développé l’est en interne.
Les défis liés au développement de technologies pour la défense et la sécurité, l'innovation en matière de défense, ainsi que l'apparition d'une nouvelle classe d'armes - les missiles hypersoniques - étaient au cœur des sujets traités à l'Agence suédoise de recherche sur la défense (FOI) et à l'Université suédoise de la défense. Les parlementaires de l'OTAN ont également discuté des expériences et des approches suédoises en matière de développement des capacités avec de hauts représentants de l'Administration suédoise du matériel de défense (FMV). À Saab, des présentations sur les armes hypersoniques et les développements technologiques en matière de guerre urbaine ont conclu le programme.
Les photos des réunions appartiennent au domaine public et sont accessibles sur le compte Flickr de l'AP-OTAN.