Bruxelles – Le 14 mai 2019 - Les sciences et la technologie (S&T) sont devenues « le nouveau pilier de l’économie », a indiqué le secrétaire d’État principal aux affaires étrangères et à la défense, Mohamad Maliki bin Osman, aux membres de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN (AP-OTAN) qui se sont rendus à Singapour du 6 au 9 mai 2019.
Lors de cette toute première visite de l’AP-OTAN à Singapour, les membres de la commission des sciences et des technologies (STC) ont tenté de mieux comprendre comment le pays s’adaptait aux profondes mutations que connaissent, à l’échelle mondiale, le paysage scientifique et technologique et le domaine de la défense. Emmenés par Maria Martens, présidente de la STC, 20 parlementaires de 11 pays membres de l’OTAN se sont rendus dans cette cité-État de quelque 5,7 millions d’habitants.
Singapour ne pensera jamais qu’elle a atteint un point final, a souligné M. Maliki. Elle doit constamment se réinventer pour présenter un intérêt pour ses amis. Dans le cas contraire, personne ne prêterait attention à un si petit pays, a-t-il argué. De fait, les petites cités-États comme Singapour « n’ont aucune valeur intrinsèque dans le système international », a déclaré Tong Ronald, directeur de la politique de défense au sein du ministère de la Défense, avant d’ajouter « [n]ous resterons toujours un petit point rouge sur la carte ».
Singapour est dépourvue de ressources naturelles, ne dispose d’aucune profondeur stratégique et est largement tributaire des lignes de communications maritimes. Au niveau régional, le pays se trouve dans un véritable « supermarché des menaces », a estimé Michael Raska, maître de conférences à l’École des études internationales S. Rajaratnam de l’Université technologique Nanyang. En outre, la société singapourienne vieillit rapidement et son taux de fécondité est faible.
L’innovation grâce aux S&T a permis de surmonter ces défis, ont affirmé la plupart des interlocuteurs. Singapour arrive régulièrement en tête du classement des pays les plus innovants, notamment en ce qui concerne le vivier de compétences. Les autorités n’en poursuivent pas moins leurs initiatives en matière d’innovation à l’échelle du gouvernement et dans le domaine universitaire.
L’élément clef de cette politique d’innovation est le programme Smart Nation, lancé en 2017. Singapour souhaite devenir un pays ʺhyperconnectéʺ grâce à la numérisation, afin de bâtir un écosystème de la croissance économique et du développement social dynamique.
L’intelligence artificielle (IA) est un facteur clef de cette construction d’une ʺSingapour nation intelligenteʺ. L’IA est « une force perturbatrice » et « nous l’adoptons à bras ouverts », a indiqué Foo Me Har, présidente de la commission des estimations auprès du Parlement. Singapour figure déjà au premier rang de la recherche-développement en matière d’intelligence artificielle, par le nombre de citations.
Si l’innovation civile absorbe l’essentiel de l’énergie et des investissements du gouvernement, le secteur de la défense et de la sécurité doit se prémunir contre les vulnérabilités qu’une telle numérisation engendre, et doit innover pour en maîtriser les risques.
Pour sa part, Benjamin Ang, maître de recherche au Centre d’excellence pour la sécurité nationale de l’École des études internationales S. Rajaratnam, a fait observer qu’une nation intelligente devait être une « une nation intelligente sécurisée ». À la suite de plusieurs cyberincidents ces dernières années, Singapour a redoublé d’efforts dans le domaine de la cybersécurité et de la cyberdéfense. Teo Chin Hock, directeur général adjoint (Développement) auprès de l’Agence pour la cybersécurité, a indiqué aux délégués que la stratégie singapourienne de 2016 en la matière - la première du pays - reposait sur les quatre piliers suivants : la résilience des infrastructures, un cyberespace plus sûr, un cyber écosystème dynamique et des partenariats internationaux.
Au sein du ministère de la Défense et des forces armées de Singapour, la cybersécurité et la cyberdéfense représentent aussi un secteur d’investissement essentiel, puisqu’ils ʺse digitalisentʺ et investissent massivement dans des domaines comme l’AI, la science des données, la robotique, la réalité augmentée, la connectivité de réseau et la précision de la puissance de feu.
L’Agence des sciences et technologies de la défense (DSTA) a également reconnu qu’elle devait se rapprocher du monde des start-ups, qui travaille sur les innovations d’avant-garde. La DSTA a par exemple établi un bureau au sein du Bloc 71 (une pépinière d’entreprises innovantes unique en son genre) pour démystifier la défense ; elle a accès aux meilleurs experts sur le marché et en exploite les idées nouvelles.
Singapour entretient de très bonnes relations avec tous les pays membres de l’Alliance, l’OTAN proprement dite et l’Union européenne, a souligné M. Maliki. Depuis ces dernières années, la cité-État a de très bons contacts de haut niveau avec l’OTAN. Elle se réjouit à la perspective d’accueillir à la prochaine conférence Shangri-La Dialogue le président du Comité militaire de l’OTAN, le général d’armée aérienne Stuart Peach. Sur le plan des principes, Singapour se félicite de l’intérêt accru porté par l’OTAN à l’Asie du Sud-Est. « Nous trouvons très encourageant l’intérêt manifesté pour Singapour », a-t-il remarqué, avant d’ajouter que « [n]ous pouvons apprendre les uns des autres ».
La délégation a également eu la possibilité d’aborder des questions telles que la sécurité maritime, les communications stratégiques et la lutte contre le terrorisme, puisqu’elle a rencontré des interlocuteurs du gouvernement et du Parlement, des universitaires, des représentants d’entreprises et d’autres intervenants.
Un rapport de mission officiel sera publié ultérieurement sur le site internet de l’AP-OTAN.
Des photos de la visite destinées à l’usage public peuvent être consultées sur notre compte Flickr.