L’AP-OTAN clôt sa session annuelle en insistant sur la nécessaire adaptation du concept stratégique de l’Alliance

12 octobre 2021

LISBONNE – L’Assemblée parlementaire de l’OTAN a clos ce lundi trois jours de discussions essentiellement axées sur le prochain concept stratégique de l’Alliance ; la nouvelle version, qui doit être adoptée lors d’un sommet prévu pour l’an prochain, a pour but de préparer les pays alliés à l’ensemble des défis qui les attendent.


« Les consultations portant sur la révision du concept stratégique commencent et nous entendons y prendre pleinement part », a indiqué le président de l’Assemblée, Gerald E. Connolly. « Lors de notre session de Lisbonne, nous avons jeté les fondements de notre contribution à ce processus d’une importance critique. »


Il est clair qu’un aggiornamento s’impose, a fait observer M. Connolly en rappelant que la version actuelle du concept stratégique, rédigée il y a déjà dix ans, qualifiait la Russie de partenaire, ne mentionnait pas la Chine et évoquait à peine le changement climatique.


M. Connolly a poursuivi : « Cela doit changer. Nous devons être conscients que la Chine et la Russie ne partagent pas les valeurs qui sont communes aux pays membres de l’OTAN et qu’elles cherchent à saper un ordre international fondé sur le respect des règles. »


Outre qu’elle doit adapter l’Alliance aux menaces extérieures du moment, la nouvelle version doit souligner l’attachement de l’OTAN aux valeurs démocratiques et instaurer une résilience intérieure en prévision de l’avenir, a insisté M. Connolly.


Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a dit compter dans les prochains mois sur « une contribution dynamique » de l’Assemblée à l’élaboration de cette nouvelle version. 


« Le monde s’est complètement transformé », a constaté M. Stoltenberg. « Le point d’équilibre des puissances à l’échelle de la planète se déplace pour de bon. Tous ces changements, le fait que nous observions une montée de rivalités entre États, que nous soyons confrontés à une concurrence mondiale accrue, tout cela confère à l’OTAN un surcroît d’importance. L’unité transatlantique est plus nécessaire qu’elle ne l’a jamais été depuis la fin de la guerre froide. »


Selon M. Stoltenberg, « le nouveau concept stratégique nous offrira la possibilité de tracer la voie à suivre par l’Alliance et de réaffirmer le caractère central du lien transatlantique eu égard à notre sécurité et à notre défense. Il nous donnera aussi l’occasion de réaffirmer notre attachement à nos valeurs fondamentales, à savoir : la démocratie, l’État de droit et le respect des libertés individuelles. »


La secrétaire d’État adjointe des États-Unis aux affaires européennes et eurasiatiques, Karen Donfried, a souscrit à la nécessité d’élaborer un nouveau concept stratégique qui soit adapté à un paysage sécuritaire en mutation rapide.


« Le cadre [fourni par le Concept] guidera l’Alliance dans l’environnement sécuritaire évolutif de demain en lui désignant les missions fondamentales à accomplir, les défis à relever et les menaces à contrer. Il devra constituer une évaluation claire, concise et, par-dessus tout, réaliste du monde dans lequel nous vivons », a déclaré Mme Donfried, qui s’adressait à l’Assemblée par visioconférence.


Pour le premier ministre du Portugal, António Costa, les cybermenaces, l’instabilité sur le flanc Sud de l’Alliance, l’insécurité maritime et les tensions dans le bassin indo-pacifique figurent parmi les questions les plus pressantes à traiter par l’OTAN.


« L’OTAN évolue et s’adapte constamment : c’est l’un des secrets de son succès en tant qu’alliance politique et militaire », a dit M. Costa. « Elle ne peut s’adapter aux changements survenant sur la scène internationale que si nous préservons notre solidarité. (…) Aucun Allié n’est assez puissant pour se confronter seul à l’ensemble des problèmes d’ampleur mondiale, mais il n’en est pas un qui soit trop faible pour contribuer efficacement à la sécurité collective. »


« Lorsque nous considérons l’environnement sécuritaire actuel et ses mutations, nous devons mieux appréhender les causes des conflits et nous y adapter promptement », a fait remarquer Jean-Pierre Lacroix, secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des opérations de maintien de la paix, qui assistait à la session de Lisbonne. « Je sais que l’OTAN réfléchit à ces questions dans le contexte du processus « OTAN 2030 ». De la même façon, au sein de la famille “Maintien de la paix” de l’ONU, une réflexion interne s’est engagée sur ce que l’avenir pourrait nous réserver. » 


Sept résolutions (ou recommandations de politique générale) ont été adoptées par l’Assemblée à l’intention des gouvernements des pays alliés. Elles portent sur divers aspects du prochain concept stratégique et, plus largement, sur le processus de modernisation « OTAN 2030 », mais aussi sur d’autres sujets, dont le retrait d’Afghanistan opéré cet été, les budgets militaires, la maîtrise des armements et le défi posé par la Russie.


Toutes ces questions ont également été au centre d’un long débat entre les parlementaires et M. Stoltenberg. Celui-ci a notamment été interrogé sur les conséquences de la prise du pouvoir par les talibans en Afghanistan et sur les perspectives d’un rôle accru de l’Europe dans le domaine de la défense.


Selon le président de l’Assembleia da República,  Eduardo Ferro Rodrigues, l’un des domaines où l’Union européenne et l’OTAN devraient coopérer plus efficacement est l’instauration de la sécurité et de la stabilité dans le Sud.


« Le Sud représente une priorité. Sans paix ni prospérité, sans accès à l’éducation, sans progrès en Afrique, l’Europe s’affaiblit », a dit M. Ferro Rodrigues au cours de la séance plénière. « Il va de notre intérêt commun d’œuvrer à la stabilité du Sahel et de l’Afrique subsaharienne. »


Le président de la République portugaise, Marcelo Rebelo de Sousa, s’est félicité de la contribution de l’Assemblée à l’affermissement des valeurs démocratiques qui forment l’un des fondements de l’Alliance. Il est crucial de défendre ces valeurs dans le contexte du processus de modernisation dont l’OTAN fait l’objet.


« Il nous incombe à tous d’atteindre nos objectifs », a conclu M. Rebelo de Sousa. « Ce sont nos démocraties qui en sortiront renforcées et nos peuples qui s’en trouveront plus libres. »

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